L'affaire remonte à la nuit du 23 au 24 février 2018, quand ce passager sur le point d'embarquer à Charleroi pour un vol à destination de Bratislava avait été interpellé par la police et placé en cellule en raison d'un comportement agité.
Elle a refait surface mercredi, car une séquence vidéo inédite a été diffusée par les médias, à l'initiative de la veuve de la victime dénonçant la lenteur de la justice à déterminer les causes exactes du décès.
Sur ces images de vidéosurveillance, on peut voir l'homme saignant abondamment du visage après s'être tapé la tête contre un mur, au bout de plusieurs heures de privation de liberté. Il s'ensuit une intervention pour le maîtriser puis le menotter, lors de laquelle l'un des fonctionnaires de la police fédérale (six au total interviennent) s'assoit sur l'homme plaqué à plat ventre sur un matelas.
Certains semblent s'amuser de la situation et une policière, debout légèrement en retrait, effectue brièvement un salut hitlérien, toujours selon ces images d'une caméra placée dans la cellule.
Pieter De Crem se dit choqué
La diffusion des images de cette intervention pose de nombreuses questions et a suscité un concert d'indignations. Le ministère de l'Intérieur a promis jeudi de faire toute la lumière sur une intervention policière "inacceptable" pour maîtriser le passager. Pieter De Crem, qui s'est dit choqué, a demandé à l'Inspection générale de la police d'ouvrir une enquête disciplinaire. "Cette attitude envers quelqu'un est insupportable. Ce sont des mesures qui étaient hors de toute proportion même si on doit maintenir l'ordre public", a réagi Pieter De Crem, ministre de l'Interieur.
Une enquête à l'instruction depuis 2018
Une enquête judiciaire est aussi à l'instruction depuis 2018. Elle doit déterminer les causes de la mort de la victime. De nouvelles auditions doivent être réalisées, notamment de la policière auteure du salut Nazi. Selon nos informations, elle avait déjà été entendue en mai 2018. "Il a été demandé d'informer le comité P d'éventuels dysfonctionnements organisationnels ou structurels dans le cadre de cette enquête judiciaire. Le comité P a reçu une plainte en 2018 qui a été transmise au juge d'instruction", a déclaré le comité P par communiqué.
Une enquête sur le volet disciplinaire va être ouverte par l'inspection générale de la police. C'est ici le comportement des policiers qui est visé. Les commissions Justice et Intérieur de la Chambre, se réuniront en urgence la semaine prochaine. Le ministre de l'Intérieur devrait être auditionné.
Le numéro 2 de la police fédérale se retire
La révélation de cette affaire, a poussé le numéro 2 de la police fédérale à se mettre en retrait, le temps de l'enquête. "Je peux encore vous dire que le top de la police fédérale, moi inclus, nous allons tout mettre en œuvre pour enquêter en détail sur ce qui s'est produit et prendre toutes les mesures qui s'avéreront nécessaires dans ce cadre", a promis André Desenfants. Le directeur de la police administrative fait un pas de côté suite à l'affaire. Il a pris ses fonctions à la fin 2017, quelques semaines avant le décès de M. Schovanek. Il chapeaute notamment la police aéronautique dont l'intervention est mise en cause dans cette affaire. La révélation de cette affaire a poussé le numéro 2 de la police fédérale à se mettre en retrait le temps de l'enquête.
M. Desenfants s'est dit profondément touché par les faits. "Je ne peux pas tolérer certaines choses que j'ai vues", a-t-il dit, en assurant qu'il n'avait découvert les images qu'à la suite de leur diffusion dans les médias. Il souhaite que la police puisse avoir accès en urgence au dossier judiciaire toujours à l'instruction pour voir quelles mesures peuvent être prises sur divers aspects, dont le volet disciplinaire. "Je veux savoir pourquoi je n'étais pas au courant de tous les faits qui se sont déroulés", a-t-il expliqué.
Amnesty International demande une enquête
Amnesty International demande aussi une enquête approfondie sur ce décès et se pose la question du timing. "Il a fallu que les images deviennent publiques pour que tout d'un coup ça remue à l'intérieur. Et ça, c'est une image de ce qui se passe en réalité de façon régulière au sein de l'appareil policier en Belgique et qui réclame une enquête en profondeur", a déploré Philippe Hensmans, directeur d'Amnesty International Belgique.
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