C'est une situation exceptionnelle à Charleroi. Des pièces à conviction ont disparu. Ces pièces sont des éléments d'enquête très importants dans le cadre d'un gros dossier de stupéfiants. Pour cette affaire, une trentaine de personnes doit comparaître devant le tribunal correctionnel dans quelques semaines. Alors, est-ce un vol ou une malencontreuse "perte"? Une enquête est ouverte. Des magistrats auraient également fait l’objet de pressions.
C’est au Palais de justice de Charleroi, dans la salle des pièces à conviction que se trouvaient les écoutes policières qui ont mystérieusement disparues. Enregistrées sur DVD, il s’agit d’éléments d’enquêtes importants dans ce dossier qui concernent une organisation criminelle d’ampleur, active notamment dans la culture de cannabis à grande échelle. Ces enregistrements qui permettent d’identifier par exemple des auteurs, des lieux et des faits semblent introuvables.
"Il faut voir s’il y a eu effraction. S’il n’y a pas eu effraction, on peut envisager une complicité d’un personnel du greffe, qui aurait donné accès au greffe des pièces à conviction, ou qui a peut-être commis le vol lui-même", explique Henri Laquay, un spécialiste en droit pénal reconnu par le conseil de l’ordre.
Nous aimerions entendre ce qu'il y a dans le DVD
Le procès de l’organisation criminelle présumée concernée par ces écoutes est prévu le 18 novembre. Une trentaine de personnes est inculpée. Les audiences auront lieu dans une ambiance très tendue, durant la procédure des pressions sur des magistrats ont également été évoquées.
"Il y a beaucoup de pression. En tant qu’avocat, on le sent. Quand on est dans la salle d’audience, il y a énormément de policiers. Il y a plus ou moins une vingtaine d’avocats. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre des dossiers de ce genre", explique Mevlut Turk, l’avocat d’un prévenu dans le dossier.
Les avocats des accusés pourraient utiliser à leur avantage la disparition de certains enregistrements, car si les écoutes sont retranscrites, elles ne le sont que partiellement.
"Une pièce à conviction nécessaire à la manifestation de la vérité a disparu. Nous aimerions entendre le DVD, et il appartiendra au juge de dire si cette disparition a une influence sur l’affaire, sur la culpabilité et sur l’innocence. Y a-t-il d’autres éléments au dossier qui permettent de fonder la culpabilité ou l’innocence?", se demande Henri Laquay.
L’affaire relative à la disparition des pièces dans ce dossier est gérée par le parquet de Charleroi.
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