Le gouvernement a-t-il tardé à agir pour répondre au virage violent que prenait le mouvement des gilets jaunes? Le Premier ministre Charles Michel a livré sa vision des faits sur les ondes de Bel RTL, au lendemain d'une nuit d'émeutes survenue à Feluy sur la E19. En effet, des casseurs (400, d'après la police), s'en sont violemment pris à la police qui leur faisait barrage.
La situation s'est encore durcie cette nuit à Feluy. 400 émeutiers ont défié les forces de l'ordre. Selon le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, 20 individus ont été arrêtés. À Feluy, on parle bien de nuit d'émeutes. Le gouverneur de la province a toutefois précisé que selon lui, il n'y avait plus de gilets jaunes sur place mais bien des casseurs.
Le premier ministre Charles Michel a réagi à cette situation en direct sur Bel RTL. Il a exprimé la réponse du gouvernement. "C'est une violence parfaitement inacceptable, a-t-il estimé. Nous allons veiller à maintenir l'ordre public, à maintenir la sécurité. Chacun a le droit d'exprimer une opinion, chacun a le droit de manifester, mais on n'a pas le droit de le faire dans la violence, on n'a pas le droit de casser. Il y aura une très grande fermeté de la part des autorités".
Charles Michel évoque des actes potentiellement criminels
À la question de savoir ce qui va se passer après cette nuit violente, le Premier ministre a brandi la menace de poursuites judiciaires éventuelles. "Nous allons veiller à ce que des enquêtes puissent établir les différentes responsabilités, nous veillerons à ce que la justice fasse son travail, en toute indépendance. La justice doit déterminer quelles sont les sanctions pour ceux qui commettent des actes qui sont délinquants, voire criminels".
À voir les images d'une telle violence, certains estiment que le gouvernement a sous-estimé le problème et a trop attendu avant d'agir. "Nous suivons la situation en permanence avec les services concernés, a rétorqué Charles Michel. Des réunions sont organisées au centre de crise. On va continuer à débriefer. Il est certain que le gouvernement est attentif et vigilant. On ne peut pas exprimer un mécontentement en mettant sa propre sécurité et celle d'autrui en danger en commettant des actes violents qui sont inacceptables".
L'opposition condamne la violence mais exhorte le gouvernement à réagir
Dans l'opposition aussi les critiques fusent. Mais si les violences sont condamnables, on estime souvent qu'il y a un réel problème de fond. "Les casseurs et hooligans qu'on a vus ici n'ont rien à voir avec les gilets jaunes de la première heure qui se sont mobilisés de manière spontanée pour faire passer un message qu'il faut entendre", a déclaré Jean-Marc Nollet, co-président d'Ecolo.
"Aujourd'hui on a une vraie colère citoyenne qui s'exprime. Et je le rappelle, la majorité des gilets jaunes qui s'expriment, notamment sur les réseaux sociaux, ne sont pas d'accord avec la violence. Ils voudraient une réponse politique. Mais il n'y a pas de réponse de la part des politiques. Plutôt que de parader avec monsieur Macron, Charles Michel ferait bien de s'occuper des problèmes des travailleurs", a pour sa part réagi Raoul Hedebouw, député fédéral PTB.
39 interpellations depuis mercredi soir
Les forces de police ont procédé à plus d'une vingtaine d'arrestations dans la nuit de mercredi à jeudi en province de Hainaut où des débordements liés à la manifestation des "gilets jaunes" ont eu lieu pour la seconde nuit consécutive dans les environs de la raffinerie Total Petrochemical à Feluy, à proximité de l'autoroute E19 Bruxelles-Mons. Selon le cabinet du ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, la police a procédé à 39 interpellations - 24 judiciaires et 15 administratives - depuis mercredi soir lors des incidents liés au mouvement de protestation des "gilets jaunes".
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