Des photos montrant des chevaux amaigris dont un blessé dans une prairie de la commune de Lessines ont suscité bon nombre de réactions ce week-end sur les réseaux sociaux. Ces animaux appartiennent au marchand d'Ogy, Pascal Delcourt, déjà condamné pour des faits de maltraitance d'animaux. Toutefois, aucune saisie n'a été ordonnée après la constatation d'un expert vétérinaire.
"Il recommence à Ogy", nous a signalé Ambre ce dimanche via notre bouton orange Alertez-nous. Notre alerteuse fait référence au tristement célèbre marchand de chevaux d'Ogy Pascal Delcourt, déjà condamné pour des faits de maltraitance animale. Des images postées sur les réseaux sociaux montrent des chevaux particulièrement maigres dont un au sol. L'autrice de ces clichés raconte : "Je me balade en ce moment même sur le Ravel, 4 chevaux dans une prairie, tous très maigres dont un qui boîte. Il est maintenant au sol et n'arrive plus à se lever. Que faire, en sachant qu'on ne sait pas à qui ils appartiennent ?"
"C'est très rare que les choses bougent"
L'association Animaux en péril qui interpelle les autorités dans ce type de situation affirme que ces chevaux appartiennent bien à Pascal Delcourt. Selon la vice-présidente Sophie Locatelli, "l'association reçoit des plaintes très régulièrement concernant ce marchand de chevaux". Elle affirme qu'il appartient désormais aux autorités, tenues informées, d'intervenir. Ici, il s'agit du bourgmestre de Lessines Pascal De Handschutter. "Malheureusement, c'est très rare que les choses bougent", regrette Sophie Locatelli.
Cette fois, les dispositions nécessaires ont été prises selon Pascal De Handschutter. Ce dernier affirme s'être rendu sur place en compagnie de deux commissaires de police et deux inspecteurs. Le verdict d'un expert "vétérinaire indépendant" a donc pu être rendu. "Effectivement, les chevaux sont relativement maigres. Le marchand, qui reçoit régulièrement des critiques à son égard, se défend en disant que ce sont des chevaux achetés en mauvais état qu'il essaie d'engraisser pour les revendre à l'abattoir", explique le bourgmestre. Le cheval qui apparaît au sol sur les images souffre d'un abcès au genou qu'il convient de "laisser mûrir pour éclater" assure le bourgmestre selon le rapport vétérinaire.
Les policiers ont également constaté sur place que les équidés occupent une prairie "abondamment fournie en herbe" pour qu'ils puissent se nourrir, d'eau et de zones ombragées pour se mettre à l'abri du soleil. Par conséquent, il n'y a "pas lieu de procéder à une mesure administrative, à une saisie", conclut Pascal De Handchutter. Ce dernier évoque une campagne démesurée lancée sur les réseaux sociaux par un refuge de la commune qui "a mis tout le monde en alerte sans prendre la peine de communiquer pleinement". "Il est déplorable que certains se lancent dans tout et n'importe quoi sans avoir d'avis vétérinaire. Les chevaux sont amaigris, mais si on devait intervenir pour tous les chevaux maigres de Belgique..."
À chaque fois, on a demandé pour qu'il y ait une interdiction de détention d'animaux mais ça a été rejeté par le juge
Multirécidiviste
D'abord accusé d'inaction face aux cas de maltraitance sur les terres de ce marchand, le bourgmestre de Lessines a finalement ordonné la saisie de 14 chevaux le 24 juillet dernier. Un mois plus tard, en pleine canicule, un troupeau de jeunes chèvres et boucs laissés sans eau ni zone d'ombre a également été recueilli par des associations de défense des animaux.
L'association Animaux en péril regrette que les images des chevaux maltraités provoquent un tel tollé sur les réseaux sociaux. S'il est important de sensibiliser à la cause animal, il faut agir avec discrétion selon la vice-présidente de l'organisme : "Pascal Delcourt a certainement vu ces publications. Quand un contrôle va s'organiser sur l'entièreté du troupeau, évidemment on ne remarquera rien d'anormal et notre témoignage qui n'est malheureusement pas assermenté ne vaudra rien".
Sophie Locatelli appelle donc toute personne qui constate des faits de maltraitance animal à entrer en contact directement avec les autorités. Dans ce cas-ci la police et le bourgmestre de Lessines. "S'ils n'osent pas, nos associations sont là pour ça. Ils peuvent prendre contact avec nous et on fera le relais entre la plainte et les autorités compétentes. Le faire le plus discrètement possible permet d'arriver sur un flagrant délit chez les personnes qui maltraitent leurs animaux".
Sanctions
En 2012, la cour d'appel du Hainaut a condamné Pascal Delcourt à une peine de 16 mois de prison avec sursis pour maltraitance d'animaux, faux et usage de faux. Le marchand a ensuite repris son activité, ce que regrette Sophie Locatelli. "Malgré les différents procès qu'a eu l'association avec Monsieur Delcourt, à chaque fois, on a demandé pour qu'il y ait une interdiction de détention d'animaux mais ça a été rejeté par le juge. Ici, on espère qu'un fonctionnaire sanctionnateur prenne enfin cette décision". En effet, le Code wallon du Bien-être animal prévoit cette possibilité depuis janvier 2019.
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