Une nouvelle ligne haute tension va apparaître, d'ici 2028, dans le Hainaut. Cette ligne sera longue de 85 kilomètres et composée de poteaux d'une soixantaine de mètre de hauteur. Un parcours qui fait polémique et suscite la colère des riverains.
Le projet de ligne à haute tension surplombant la province du Hainaut inquiète de nombreux riverains. Ces derniers craignent que les infrastructure ne soient nocives à plus d'un titre, tant au niveau de la santé qu'en terme d'impact sur la valeur des maisons situées sur le parcours. A l'image de Frédéric Groulard, ingénieur civil de formation, propriétaire d’un gîte situé sur le parcours de la ligne.
Pour lui, le passage de cette ligne, dont le parcours théorique touche son bâtiment, est une catastrophe économique. "Cela fait 7 ans que l’on rénove cette ferme. Qui va vouloir louer une chambre d’hôte avec une ligne à haute tension au-dessus de sa tête ? Au-delà du visuel, il y a le bruit. Il y aurait un grésillement permanent", s'inquiète-t-il sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche, ce qui l'inquiète grandement. "Que fait-on ? Est-ce que l’on poursuit ? Est-ce qu’on arrête tout ? La question de revendre se pose, mais si l’on revend, qui va acheter sachant qu’on a une ligne qui arrive ? C’est aussi perdre beaucoup d’argent et un projet de vie qui est remis en question".
Même son de cloche pour André Galhaut. L'ancien président de Cades, la Commission d'Action pour le Droit à un Environnement Sain, a vécu 25 ans sous une ligne à haute tension à Aubange. Il a d'ailleurs été victime, pendant cette période, d'acouphènes et d'un cancer. Maladies qu'il impute à cette ligne à haute tension. "Je m’exprime en tant que scientifique et je ne voudrais pas faire d’affirmations qui ne sont pas prouvées", tempère-t-il sur le plateau. "J’ai la conviction profonde que mon cancer est lié à cette ligne, mais je ne peux pas affirmer avec certitude qu’il y a une relation de cause à effet. Mais je n’ai aucun antécédent familial, que j’avais une bonne hygiène de vie et qu’à Aubange, quadrillée par les lignes à haute tension, il y a eu trois cas de cancer sous ces lignes".
Alors ces lignes sont-elles nocives pour la santé ? "Pour l’OMS, on est en-dessous de ce qui est exigé en terme de champs électromagnétique", répond Damien Ernst, Professeur en électromécanique à l'Université de Liège. "Quand vous allez à 35 mètres, vous arrivez à des doses équivalentes à celles d’un train électrique ou quand vous vous séchez les cheveux. On ne sait pas distinguer un champs électromagnétique d’une ligne à haute tension d’un champ habituel à 100 mètres de la ligne". "D’autres études disent qu’il y a des problèmes. Il faut aussi prendre en compte les retours d’expérience. Certains agriculteurs évoquent des problèmes sur les animaux. Ne faut-il pas mettre le principe de précaution en avant ?", rétorque sur le champ Frédéric Groulard.
Selon lui, il faut aujourd'hui implanter cette ligne. "Si vous n’avez pas cette ligne, vous aurez deux conséquences. Vous allez bloquer le développement de l’Eodia Offshore, on est à 2 mégawatts et on ne pourrait pas passer à quatre. Il y a aussi un petit problème d’approvisionnement électrique dans la Province du Hainaut qui n’a que des lignes de 150 kv. Ce qui signifie qu’en 2027, 2028, ils vont manquer d’électricité", affirme Damien Ernst.
Le parcours actuel de la ligne n'est absolument pas définitif, de nombreuses concertations sont prévues pour l'optimiser. Au niveau économique, Damien Ernst annonce que le gestionnaire s'engage à indemniser les habitants situés à moins de 125 mètres de la ligne. Si vous en êtes à moins de 35 mètres, la maison pourrait même être rachetée.
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