Plus de 1500 mètres de haies ont été effacées du paysage en quelques jours au sein d’une zone agricole à Outrelouxhe, dans l’entité de Modave, en région liégeoise, dénonce l’association de protection de la nature Natagora. Ce sont des riverains, constatant que des centaines de mètres de haies d’une zone de culture étaient rasées, qui ont interpellé le Département de la Nature et des Forêts. Après avoir constaté les faits, la DNF a fait cesser les travaux et a dressé un procès-verbal. La commune a porté plainte. Les haies et bandes boisées étaient emportées pour la production de plaquettes de chauffage.
©Laurent Neuville
Des dégâts lourds de conséquences pour les espèces sauvages
Natagora dénonce un comportement "anachronique à l’heure de l’effondrement de la biodiversité". En effet, ces zones de haies, qui en alternance avec les prairies, les cultures et les zones humides forment un paysage dit "bocager", permet aux espèces sauvages de se développer. Les dégâts sont particulièrement dommageables pour les bruants, tariers, fauvettes et chauves-souris. "À Modave, l’enjeu est particulièrement important : des chauves-souris désormais rarissimes (petits rhinolophes) sont présentes et nécessitent la présence d’éléments bocagers (haies, vergers, bosquets, arbres isolés)", explique l'association.
"Quel sera l’impact sur la qualité des eaux consommées par la population?"
Les dégâts ont également des conséquences dans les zones de culture: "Réduction de l’érosion et des phénomènes de lessivages de nutriments, protection face aux vents et à la dispersion des pesticides, augmentation des auxiliaires de cultures… Le captage de l’IDEN [la société de production et de distribution d'eau potable dans le Condroz liégeois, ndlr], par exemple, est situé en contrebas de la zone concernée. Quel sera l’impact sur la qualité des eaux consommées par la population?", se demande l'association.
©Frédéric Degrave
"Le comportement de quelques-uns éclabousse toute la profession"
Depuis 2015, le projet LIFE Pays mosan œuvre à la restauration du bocage de la région, rappelle Natagora, grâce à l’investissement de provenant de la région Wallonne, de l’Europe ou encore d’associations environnementale: "Le cas présent est d’autant plus dommageable que de nombreux agriculteurs s’engagent dans toute une série de mesures agro-écologiques. Le comportement de quelques-uns éclabousse toute la profession. Ce cas est exemplaire, il doit être pris au sérieux et poursuivi. Les procès-verbaux du Département des Natures et Forêts sont souvent classés sans suite. Le dossier est exemplatif, il faut cesser l’impunité ! Natagora et les riverains surveilleront cela de près", réagit Frédéric Degrave, chargé de mission LIFE Pays Mosan.
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