Un gilet jaune rencontré hier par notre équipe à Visé est revenu ce samedi en détails sur ce qu'il a vu. Il était juste derrière Roger, le gilet jaune décédé, lorsque le camion l'a percuté. Attention, son témoignage contient des détails précis qui peuvent choquer.
Nous l'appellerons Vincent. Ce gilet jaune a déjà eu des problèmes avec la justice et craint de témoigner à visage découvert. Il nous explique d'abord la disposition des lieux. Lorsqu'il est arrivé sur place, il a vu trois voitures qui se sont mises de front et ont ralenti pour bloquer les deux bandes de circulation de la E25 en direction des Pays-Bas, plus la bande d'arrêt d'urgence. Les gilets jaunes ont ensuite installé des palettes et des pneus pour bloquer l'autoroute. Les camions restaient en file sur la bande de droite.
C'est alors qu'il voit "un camion jaune" déboîter et se mettre sur la bande de gauche. Il se retrouve arrêté au niveau des palettes par Roger, rejoint par notre témoin juste derrière lui. "Il était à 2m50 et il lui faisait signe. Le camion était totalement à l'arrêt. Le camion faisait aller ses gaz. J'étais en train de regarder le gros du groupe qui était du côté de la bande d'arrêt d'urgence puis d'un coup j'ai entendu accélérer comme un fou. Moi j'ai sauté, j'ai fait un bond sur le côté droit, sur la première bande, et c'était horrible. J'ai vu le mec, il s'est fait percuter par le camion, il s'est maintenu au camion à l'avant côté conducteur et là il a tapé dans le pare-brise, le pare-brise s'est pété. En mettant le coup dans le pare-brise, ce qu'il s'est passé, avec les palettes qui étaient à terre, l'homme a touché une palette et il a glissé. Le monsieur a glissé en-dessous du camion. Horrible. C'était comme dans le jeu GTA. J'ai vu ses bras, sa tête et son corps aller dans tous les sens. Je me suis dit que sa tête devait avoir été écrasée. Puis j'ai été près de la victime et effectivement. Sa jambe était arrachée. Sa tête, méconnaissable. J'étais choqué. L'homme était à l'arrêt, il nous a très bien vus, il a accéléré sur le gilet jaune qui s'est fait tuer et moi-même. Si je ne fais pas un bond sur la droite, il me fonce dessus. Je n'ai jamais vu un camion démarrer aussi vite, pour vous dire à quel point il a accéléré. Il nous voyait puisqu'il faisait signe avec son pouce. À chaque fois qu'il mettait les gaz, il avançait de quelques centimètres. Et là où je n'ai pas trop aimé c'est que j'ai entendu dire que c'était un accident. Mais non, ce n'est pas un accident. J'ai failli y passer et malheureusement un du mouvement y est passé. Ce n'est pas un accident. Je vous le certifie sur l'honneur. Ce n'est pas un accident. Monsieur était à l'arrêt."
Le camionneur a ensuite "pris la fuite directement". Notre témoin est retourné à sa voiture et a tenté de retrouver le camion sur les aires d'autoroute plus loin sur la E25 vers Maastricht, sans succès.
Vincent n'a pas encore fait de déposition à la police, mais veut témoigner pour apporter son soutien à la famille de Roger. Il compte s'entretenir d'abord avec son avocat avant de livrer sa version des faits en raison de ses antécédents judiciaires en tant que gilet jaune. Mais il espère que la justice fera son travail de manière impartiale car dans le cas contraire, il craint que le mouvement des gilets jaunes ne se durcisse.
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