Damien Ernst, ingénieur informaticien et professeur de l'université de Liège, parle d'erreur colossale lorsqu'il évoque la gestion des violentes intempéries qui ont frappé le pays. Selon lui, si les inondations ont été les pires dans les localités qui bordent la Vesdre, c'est parce que le barrage d'Eupen qui permet partiellement de contrôler le débit de la rivière n'a pas anticipé les précipitations abondantes de fin de semaine.
"La majorité des destructions ont eu lieu dans la vallée de la Vesdre, le long du cours d'eau. Elles sont principalement dues au fait que le barrage d'Eupen a du relâché de l'eau en pleine crise alors qu'il était censé la retenir. Il y a eu une erreur majeure en termes de prévision. Il aurait fallu relâcher de l'eau de ce barrage dès samedi ou dès lundi pour avoir la capacité suffisante pour retenir l'eau au pic de la crue. Cela n'a pas été fait. Ils ont du lâcher l'eau le mercredi, ce qui a créé ce "tsunami" qui a ravagé Verviers, Eupen, Dolhain et tous ces endroits le long de la Vesdre. C'est vraiment une erreur colossale en termes de gestion de risque. Les responsabilités sont immenses. On ne peut pas attribuer cette erreur à la malchance", avait-il estimé dans le RTL INFO 13h.
L’eau dévale beaucoup plus vite dans la rivière
Dans une interview donnée à nos confrères de Sudpresse, le ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry revient sur cette gestion et s'explique. Il indique que les prévisions IRM ne parlaient que de "150 mm d’eau par m² sur toute la province de Liège et sur trois jours". "Or, le barrage a une capacité de 25 millions m³ et était, à ce moment, à moitié plein. Il pouvait donc absorber toutes les pluies annoncées", indique-t-il.
Pourtant, dès mercredi, le barrage d'Eupen était plein. "Il a accumulé en 48 heures 13,4 millions de m³ parce que les pluies ont été exceptionnelles", a rappelé le ministre régional.
Nos confrères de Sudpresse rappellent que préventivement, les barrages de Robertville et de Butgenbach avaient été vidés. Une telle mesure n'aurait pu être prise pour le barrage d'Eupen? "Si on lâchait préventivement 40 m³ par seconde, et même 30 m³, on noyait la ville basse d’Eupen. Allait-on faire ça alors que les prévisions indiquaient que le barrage serait suffisant ? De plus, les versants de la vallée de la Vesdre sont plus abrupts que ceux de la Warche. L’eau dévale beaucoup plus vite dans la rivière. C’est une grande différence", justifie Philippe Henry.
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