Gérard a l'habitude de promener sa chienne au parc de Peralta à Angleur en province de Liège. Depuis des mois, un manège l'agace: des individus pêchent illégalement dans l'étang à carpes. Il dénonce l'inaction des forces de l'ordre et les menaces que les riverains subissent.
La situation a assez duré pour Gérard, un habitant d'Angleur (Liège). Cet ancien éducateur spécialisé à la retraite (67 ans) a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous. Depuis un an, il est le témoin d’un spectacle qu’il juge "révoltant" au parc de Peralta. Des individus viennent pêcher la carpe dans les étangs de ce paisible parc communal. "C’est le plus beau parc de la ville et des personnes viennent braconner des poissons au nez et à la barbe des policiers", nous rapporte-t-il. Il faut dire que le parc présente une particularité: il abrite en son sein les locaux de la police communale.
Selon Gérard qui a pour habitude de promener sa chienne dans ce parc, c’est au moins la dixième fois que cela se produit en moins d’un an. Et ce qui l’indigne plus que tout, c’est l’inaction des forces de l’ordre. Il affirme avoir dénoncé à plusieurs reprises les faits au commissariat d’Angleur. Mais en vain, selon lui. À chaque fois, ce serait le même son de cloche: "l’indifférence". Une situation qu’il dit ne pas saisir. "Une fois, je me suis rendu dans les locaux de la police pour les avertir de la présence de pêcheurs dans le parc. Les policiers avaient 10 mètres à faire à pied. Ils pouvaient les voir depuis leurs fenêtres quasiment! Ils ont préféré me répondre qu’ils allaient joindre la permanence qui se trouve à des kilomètres. Autant vous dire que j’attends toujours…", lâche Gérard, non sans amertume.
"Impossible de reconnaître leur langue"
Les pêcheurs proviendraient d’un même groupe d'individus. Circulant dans des véhicules aux plaques françaises, ils s’expriment dans une langue étrangère, "de type slave ou de l’est" toujours d’après l'habitant d'Angleur. Impossible donc pour lui de se faire comprendre quand ils les interpellent. Et Gérard n’est pas le seul à avoir remarqué ces faits. Angèle, une retraitée du quartier, nous raconte: "Je les ai vus personnellement au moins deux ou trois fois. Ils disposent une sorte de fil aux balustrades et attendent que les carpes mordent. Je parle 4 langues. J’ai essayé une fois de les interpeller, mais impossible de reconnaître leur langue ou bien même de me faire comprendre."
Menaces de mort à l'encontre des habitués du parc?
Début juillet, la tension est montée d’un cran. "Ce jour-là, ils étaient 5 pêcheurs. Quand je me suis approché pour leur faire une remarque, ils ont passé leur doigt sur leur gorge en disant d’un ton menaçant ‘Si tu appelles la police…’. Évidemment, ils sont partis sans être inquiétés. Ils menacent, détruisent la vie de l'étang et cela en totale impunité", ajoute Gérard.
Le docteur Remakers, 62 ans, lui habite en bordure du parc de Peralta. Il confirme les dires de Gérard et d’Angèle. Il rapporte également un autre fait lié à ce groupe de pêcheurs. "Un jour, l’une des habitantes du quartier était en train de prendre des photos dans le parc. Elle voulait simplement montrer l’état de l’étang à la commune." Croyant qu’elle prenait des photos pour les dénoncer, les braconniers l’ont interpellée et lui ont fait "le fameux signe du pouce le long de la gorge. Je peux vous dire que ce n’est pas une blagueuse. On peut la croire", ajoute le Docteur Remakers.
Un événement qui a beaucoup choqué les habitants du quartier. Par deux fois donc des menaces de mort ont été adressées à des habitués du parc. Gérard nous dit les avoir rapportées aux policiers d’Angleur: "Quand je fais part aux policiers des menaces que nous subissons, ça ne leur fait rien. Je leur dis ça ou la Belgique sera championne du monde, c’est pareil."
Des filatures en civil
D’après le règlement communal de Liège, il est formellement interdit de pêcher dans les étangs de la cité ardente. En fonction de la gravité des faits, les auteurs sont passibles d’une sanction administrative qui se traduit par une amende. Joint par notre rédaction, nous avons demandé à la police de Liège de nous en dire plus sur les faits dénoncés par les habitués du parc de Peralta. Benoit Ferrière est le porte-parole de la police de Liège. Il fait savoir: "Effectivement, des faits de ce type nous ont déjà été rapportés cette année et les années précédentes. Nos policiers sont attentifs d’autant que cela les concerne car leurs bureaux se situent au sein même du parc", rappelle-t-il et d’ajouter: "C’est une situation qui n’est pas négligée."
Quant à la supposée inaction des forces de l’ordre, il réfute et argumente: "Il y a eu une seule intervention en uniforme par nos services, mais il faut aussi savoir que l’an dernier et cette année, nous avons effectué des patrouilles en civil. Des policiers ont procédé à des filatures. Ils ont infligé des amendes administratives." Impossible de connaitre le nombre de ces sanctions administratives, mais Benoît Ferrière précise: "Tous étaient Français ou originaires de l’étranger." Une information qui vient corroborer les témoignages. Le porte-parole de la police de Liège conclut: "Nous invitons bien évidemment les habitants et les témoins à nous signaler si cela devait se reproduire."
"Si c’était si régulier, on aurait attiré mon attention"
Du côté des autorités locales, on préfère tempérer et mettre l‘accent sur la rareté des événements. André Schroyen est l’échevin de l’Environnement à la ville de Liège. Il dit ne pas avoir eu vent de ces parties de pêches intempestives. "Personnellement, je n’ai jamais vu de pêcheurs à cet endroit-là. Je n’y vais pas non plus tous les jours. Si c’était si régulier, on aurait attiré mon attention. Je trouve bizarre qu’on ne s’adresse pas à l’échevin en charge."
Pour autant, l’échevin ne dit pas que ces faits ont été inventés: "Je ne dis pas que ces pêches à la carpe n’existent pas. Surtout à Liège, les gens ont une capacité d’ingéniosité. On pêche même dans les bulles à verre les bouteilles consignées", ironise-t-il. A l’avenir, André Schroyen conseille aux habitants qui remarqueraient à nouveau ces parties de pêche de l’en avertir aussi. "J’ai besoin de l’info précise, du moment exact quand ils pêchent. Une photo et/ou une vidéo sont un plus. Alors, je peux faire redescendre les faits aux services compétents."
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