Dans les régions sinistrées par les inondations, de nombreuses habitations ont été complètement détruites. C'est le cas à Pepinster, où la commune et les assureurs entament un bras de fer. Une cinquantaine de maisons doivent être démolies suite à un arrêté du bourgmestre. Mais les assurances refusent pour une vingtaine d’entre elles. Elles estiment que leur démolition n’est pas nécessaire.
L'une de nos équipes a rencontré Guy. Pour la première fois, il retourne dans ce qui reste de sa maison. "Tout est mort. Congélateur, les armoires décrochées des murs, les plafonds… il ne reste rien, rien, rien", confie-t-il, dépité. Il a été coincé dans son habitation durant trois jours avec sa femme pendant les inondations. Ils ne buvaient que de l’eau de pluie.
Aujourd’hui, c’est par hasard qu’il a appris que son habitation sera démolie. "Par le bouche à oreille, en allant sur la place. Je suis tombé sur mes voisins directs, qui n'ont plus rien du tout. Leur bâtiment est complètement parti. Et là on m'a donné un formulaire comme quoi ma maison était reprise dans les maisons à détruire", nous explique Guy.
Dans ce cas-là, les sinistrés seraient nettement perdants
Nous avons aussi interrogé Benoit. Il vient voir la maison de sa maman. Sera-t-elle détruite ou non? Il n’en sait rien. La commune et les assurances sont en désaccord. "Dès lors, les assurances se borneraient à rembourser uniquement les frais qui auraient été nécessaires pour réparer les maisons. Et non pas la valeur de la maison en termes de reconstruction. Dans ce cas-là, les sinistrés seraient nettement perdants", réagit-il.
Le bourgmestre demande des rapports précis
Un projet d’arrêté de démolition prévoit de raser 50 maisons à Pepinster. Les assurances s’y opposent pour une vingtaine d’entre elles. "Je leur ai donc laissé la possibilité de me faire parvenir un rapport circonstancié. Donc il faut qu'ils rentrent dans les bâtiments. Qu'ils me donnent des arguments qui sont vraiment valables pour me garantir que la sécurité ne sera pas mise en péril maintenant, mais également dans le futur", indique Philippe Godin, le bourgmestre.
L'assurance ne peut pas empêcher une démolition
Des actions devant la justice sont donc possibles, voire probables dans les prochaines semaines. "L'assureur n'a pas de pouvoir pour s'y opposer. Seul le propriétaire de l'immeuble concerné pourrait le cas échéant introduire un recours en suspension, et un recours en annulation devant le Conseil d'Etat", explique Jean-Marc Verjus, avocat spécialiste en droit de la construction.
Benoit préfère qu'on détruise sa maison
Pour les sinistrés, c’est au cas par cas. Guy espère que sa maison sera démolie. "Franchement, je préfère tourner la page. Un pour moi, et deux pour mon épouse. Elle est vraiment affectée. Elle ne sait plus revenir ici sur les lieux. Les larmes… Quand elle est au bout de la rue, est pleure déjà. Donc ce n'est même pas pensable", dit-il.
Je ne voudrais pas qu'on se retrouve avec des blessés et des morts
Pour les autorités communales, il est urgent d’agir. La stabilité de plusieurs maisons menace la sécurité publique. "Moi, je ne voudrais pas qu'on se retrouve avec des blessés et des morts, alors que ces bâtiments étaient dans la liste, et pour moi représentaient un réel danger", avance le bourgmestre.
Plusieurs sinistrés prévoient déjà des recours devant le Conseil d’Etat. Des procédures judiciaires qui pourraient prendre plusieurs années.
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