75 ans après la Bataille des Ardennes, cet épisode de la Seconde guerre mondiale est encore évoqué par les anciens qui témoignent de la violence des combats de la fin 1944. Mais le conflit laisse encore quelques traces apparentes dans la région: au Bois Jacques notamment, où la célèbre sapinière a été mise à l’écran par le cinéma américain. Des passionnés nous dévoilent les secrets de ces lieux de mémoire.
Passionné par la Bataille des Ardennes et les véhicules militaires d’époque, Lionel Colla nous fait découvrir le périmètre de Bastogne et les traces laissées par le conflit. "Il y a encore des reliques qui se trouvent dans le sol", confie l'historien amateur responsable de l’ASBL "502 PIR Velleveux".
Il nous montre ce qu'on appelle des "Fox Holes", des trous de renards… Ce sont pourtant bien des soldats américains qu’ils les ont creusés pour se protéger du froid et des tirs allemands.
"À l'intérieur de ce trou, le militaire fait sa popote. Il vit à l'intérieur de ce trou 24 heures sur 24. De temps en temps, il a des relèves et il a un trou secondaire qui se trouve en arrière des lignes", explique Lionel Colla.
Pour les vieux arbres, ça veut dire qu'il y a un corps étranger à l'intérieur
Au Bois Jacques, les conifères les plus anciens conservent encore les stigmates des affrontements de Décembre 1944. "On a souvent ce style de tumeur. Pour les vieux arbres, ça veut dire qu'il y a un corps étranger à l'intérieur: shrapnel, balle, éclats… et tout ce que vous pouvez retrouver dans le sol", indique Lionel Colla.
Le théâtre de combat est aussi un endroit où les visiteurs laissent leur empreinte. "Les gens qui sont en pèlerinage dans ce bois ramassent des morceaux de tronc et font une croix en mémoire des gens qui sont tombés pour nous", confie le passionné.
Ici on voit une trace d'impact qui a été tiré par le premier char qui est venue libérer Bastogne
Bastogne comprend sur son pourtour une trentaine de fortins. Mais celui-ci demeure le plus symbolique de tous.
"Ici on voit une trace d'impact qui a été tiré par le premier char qui est venue libérer Bastogne. En tirant dans l'ébrasement de la mitrailleuse, il a tué deux Allemands", indique Gwenaël Spôte, historien amateur et professeur à l’Ecole technique de Bastogne.
"C'est un lieu hautement symbolique parce que c'est ici que Patton a réalisé la percée du périmètre de Bastogne. C'est la première percée, et elle a permis des renforts tant sur le plan de la logistique qu'en matière d'armement et de munitions", ajoute Paul Van Daele, historien amateur et responsable de l’ASBL "Ardennes White Star".
Quand la météo le permet, des étudiants s’attèlent à restaurer le lieu. "Les vétérans disparaissent de plus en plus malheureusement. Il faut préserver les traces matérielles qui sont sur le terrain. C'est pour ça qu'avec l'école ça nous semble important de préserver ces traces historiques afin qu'on puisse en avoir un souvenir", précise Gwenaël Spôte.
Des habitations témoignent encore des combats
Le bâti militaire n’est pas le seul à conserver les cicatrices de la bataille. Dans plusieurs villages, des impacts de balle ont survécu au temps. "Ici, sur le coin de cette maison du carrefour, on peut encore voir des stigmates de l'attaque du 13 janvier. Au niveau du pignon de cette autre fermette, on peut voir les impacts de la mitrailleuse .30 qui appuyait au niveau du Bois Jacques pour l'avancée des troupes", explique Lionel Colla.
Contrairement aux maisons, reconstruites après-guerre, cette ferme est restée dans son jus depuis 75 ans. Ce qui la rend d’autant plus précieuse aux yeux des passionnés.
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