Les associations Animaux en Péril, Le Rêve d’Aby, Au Bonheur Animal et Les Poilus du Blé sont intervenues ce vendredi 5 mars pour porter secours à 16 moutons "abandonnés à leur triste sort" à Court-Saint-Etienne, dans la province du Brabant wallon.
C'est une plainte d'un riverain qui a conduit le refuge "Le Rêve d’Aby" à donner immédiatement l’alerte aux autorités. La saisie du cheptel a été imposée à la propriétaire à la suite d’un contrôle mettant en lumière "des conditions de vie désastreuses" pour les quelques 16 moutons.
Un troupeau séquestré
Les associations sont arrivées sur les lieux en début d’après-midi ce vendredi. Elles ont, une fois de plus, été confrontées à une situation de "négligence extrême", relate le communiqué de presse de l'asbl Animaux en péril.
Et leur constat est édifiant: 16 moutons étaient séquestrés et abandonnés dans deux remises attenantes à une maison du centre de Court-Saint-Etienne. Les ovins étaient "emprisonnés dans l’obscurité, sans possibilité de s’abreuver ni de s’alimenter".
Le constat est tout autant accablant en ce qui concerne les conditions d’hygiène. "Le troupeau n’avait pas d’autre choix que de patauger dans un fumier humide et nauséabond", révèle le communiqué, précisant que les moutons n'avaient "accès à aucune zone sèche et propre".
Des moutons à bout de force
Les soigneurs professionnels et les bénévoles des refuges ont agi très rapidement pour secourir les animaux qui étaient "au bord de l’épuisement". Aucun d’entre eux ne s’est débattu lors du chargement dans les vans.
Deux moutons du troupeau, dans un état de "faiblesse extrême", n’ont pas eu la force de se lever et ont dû être portés par les équipes sur place. Pour l’un d’entre eux, la situation était bien plus "précaire", car il était "le seul à être détenu à l’extérieur".
Sur base des informations obtenues, celui-ci était incapable de se mettre debout depuis une dizaine de jours. "Nul doute que l’intervention lui a épargné une mort précoce puisqu’il croupissait au fond du terrain", déclare le communiqué.
Des brebis et béliers atteints de "cachexie"
Les brebis et les béliers se trouvaient dans "un état de maigreur qui relève de la cachexie" (ndlr, il s’agit d’une forme de maigreur qui implique, en plus de la fonte des graisses, la fonte des muscles). Le manque de soin a conduit au développement des "parasites internes", engendrant pour l’ensemble des animaux des diarrhées.
Leur toison est également en "piteux état", attaquée par des "formes sévères de parasites", dont la gale au point que certains moutons en ont perdu une partie de leur laine.
Solidarité entre refuges
À l’appel des autorités, l’association le Rêve d’Aby a pu compter sur Animaux en Péril, Au Bonheur Animal et Les Poilus du Blé pour lui prêter main-forte lors de cette saisie. Les 16 moutons ont ainsi pu être pris en charge par les différents sanctuaires qui n’ont pas hésité à pousser les murs pour accueillir ces rescapés.
"Ce début d’année est très intense pour les refuges de Wallonie spécialisés dans l’accueil des animaux de ferme. Les saisies sont nombreuses et concernent souvent des dizaines d’individus", ajoute Sophie Locatelli, vice-présidente d'Animaux en Péril, à travers le communiqué. "Il est crucial de pouvoir compter sur l’ensemble des associations pour continuer de sauver des animaux maltraités et leur offrir une seconde chance", continue-t-elle.
Les moutons, en état "d’hypothermie" à leur arrivée au sein des refuges des associations, profitent maintenant de bergeries propres. Ils seront entièrement tondus pour être débarrassés de leur laine envahie de parasites et leurs "onglons seront entretenus pour leur permettre de retrouver un aplomb correct".
Une propriétaire dépassée par la situation
La propriétaire, déjà sous surveillance de l’AFSCA (Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire) pour non-respect des règles sanitaires, ne semble pas se rendre compte de l’état lamentable de son troupeau.
Elle n’a pas hésité à interpeller les équipes d’intervention à de nombreuses reprises pour "tenter d’expliquer son incompréhension", peut-on lire dans le communiqué. Selon elle, le cheptel était "encore en bon état" la veille de la saisie. Dans le déni, elle a déclaré aux associations présentes sur place que la confiscation n’a pas lieu d’être, car ceux-ci ne sont "en aucun cas maltraités".
Condamnation
Un procès-verbal a été dressé pour infraction au Code wallon du Bien-être animal. La propriétaire pourra être poursuivie au pénal ou administrativement. Si le Parquet décide de prendre la main dans cette affaire, il pourra renvoyer la propriétaire devant le tribunal correctionnel. Celle-ci risque de 8 jours à 3 ans de prison et/ou une amende pouvant s’élever à 1 million d’euros.
Si le Parquet ne poursuit pas, la main reviendra alors au fonctionnaire sanctionnateur qui pourra infliger une amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros, mais également un retrait de permis de détention d’animaux.
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