Un vrai appartement à louer à La Louvière, mais une fausse annonce sur Immoweb dans le but de piéger notre témoin, un habitant de Thuin âgé de 56 ans. Qui n'est pas tombé dans le piège. Explications.
Les internautes sont-ils de plus en plus prudents ? On l'espère. En tout cas, les escrocs doivent chercher des scénarios de plus en plus complexes pour tromper leur vigilance.
Philippe a contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous pour mettre en garde: "Arnaque à la location d'un appartement via Immoweb", le premier site immobilier en Belgique. Son interlocutrice a essayé de lui faire payer 1.000€ de caution avant d'avoir vu le bien. Mais ça n'a pas pris avec notre témoin habitant la région de Thuin, dans le Hainaut.
"Une annonce très intéressante pour un loft à La Louvière"
Il y a "à peu près un mois", Philippe, 56 ans, "est à la recherche d'un appartement". Sur Immoweb, il trouve son bonheur, "un loft qui avait l'air très sympa, un grenier aménagé à La Louvière, mais avec un loyer assez bas, de seulement 350€ par mois", charges, Internet et TV compris.
Notre témoin contacte alors le propriétaire via Immoweb. "J'ai eu une réponse assez rapide. Il s'agissait soi-disant d'une fille qui avait acheté l'appartement pour des études, mais qui était retourné dans son pays d'origine, l'Irlande".
"Il faut passer Airbnb!"
Dans l'échange d'email que nous avons pu analyser, une certaine Cierna Alena détaille alors à Philippe la bien étrange marche-à-suivre pour réserver le loft. "Elle demandait, pour des raisons de sécurité soi-disant, de passer par Airbnb pour la location", explique Philippe.
Airbnb est une célèbre plateforme qui permet de louer des biens immobiliers meublés de particuliers, généralement pour quelques jours de vacances. "Je trouvais ça bizarre, Airbnb, ce sont des locations à court terme".
Dans un email, l'escroc renseigne le faux site Airbnb à Philippe
Elle ne veut pas qu'il visite le bien: "Il faut d'abord payer 1.000€"
Philippe insiste pour visiter le bien avant de s'engager à quoi que ce soit. "Je m'étais rendu sur place pour être sûr que le bien existe, et les voisins m'ont répondu qu'en effet, il était en location".
Mais la soi-disant propriétaire n'en démord pas, il faut d'abord "sécuriser la garantie locative" via Airbnb. "Il faut d'abord payer 1.000€ via Airbnb, ce qui correspondait à deux mois de loyer, plus le mois en cours".
Immoweb détecte l'arnaque
Intrigué, notre témoin, avec sagesse, contacte Immoweb pour leur soumettre ce cas atypique. "Ils m'ont dit que le lien Airbnb était un faux site. Ça ressemble à Airbnb, mais ça n'est pas du tout ça. C'est un site cloné".
En regardant de plus près le lien reçu par Philippe, on remarque en effet une adresse bizarre: www.airbnb.com-holiday.online. Le site n'est actuellement plus accessible, il est probable que Airbnb soit très attentif à faire fermer rapidement ce genre d'escroquerie.
Philippe a bien entendu décidé de passer son chemin et de se trouver un autre appartement à louer.
Le site parle des fraudes dès sa homepage
Comment Immoweb se protège contre les fausses annonces ?
Valentin Cogels, le CEO d'Immoweb, nous a expliqué comment son célèbre site web luttait contre les fausses annonces. "On screene toutes les annonces, on détecte les prix trop bas, si c'est trop beau pour être vrai", nous a-t-il expliqué. Mais c'est fait par les équipes d'Immoweb, car à ce jour, "il n'y a pas vraiment de robots ou d'algorithmes" assez efficaces pour détecter les fausses annonces.
Le site, qui accueille 4 millions de visiteurs par mois, peut aussi compter sur "sa grande communauté" pour dénoncer les annonces suspicieuses, qui sont alors analysées et retirées au besoin. "On a également mis un grand pavé en haut du site, pour prévenir qu'il peut y avoir des fraudes et qu'il faut se méfier. Ce n'est pas très beau, mais c'est nécessaire…"
"Malheureusement", reconnait le patron d'Immoweb, "si la fraude est trop bonne", elle peut rester quelques jours sur le site, comme ce fut le cas avec Philippe.
Pourtant, Immoweb a un gros avantage en la matière sur ses concurrents: "Chez nous, toutes les annonces sont payantes, entre 50 et 150€. Donc ça limite déjà le nombre d'escrocs potentiels car ils doivent dépenser de l'argent pour espérer en gagner". Un pari assez risqué, finalement…
Conclusion
Immoweb, Airbnb: les escrocs essaient de mettre leurs victimes à l'aise en utilisant des (noms de) plateformes connues du grand public, et a priori très fiables. Voici comment Philippe a failli se faire arnaquer.
L'escroc passe une fausse annonce sur Immoweb, en prenant soin d'avoir téléchargé les images et copié la description d'une vraie annonce, sans doute passée quelques semaines plus tôt. Une fausse annonce sur Immoweb, donc, mais qui ressemble à une vraie.
L'escroc met ensuite un prix ridiculement bas pour jouer sur le côté urgent de la réservation, genre 'Il ne faut pas passer à côté, dépêchez-vous de signer'. Philippe mord à l'hameçon et demande des renseignements. Des échanges par emails ont lieu entre lui et la fausse propriétaire, qui soi-disant habite à l'étranger. Immoweb n'a donc plus rien à voir dans l'histoire, il a juste servi de terrain de chasse, sans le savoir (entre-temps, le site a retiré l'annonce frauduleuse dès que Philippe l'a signalée).
L'escroc lui donne alors une marche-à-suivre alambiquée pour confirmer la location, avec un faux lien Airbnb (www.airbnb.com-holiday.online) pour payer une garantie locative de 1.000€. Le site reprend bien entendu les photos et la description de l'appartement à louer.
Si Philippe avait payé, il n'aurait jamais retrouvé son argent et n'aurait bien sûr jamais eu le moindre accès à l'appartement… Mais il a été prudent, ce qu'on vous conseille bien entendu d'être dès qu'un scénario sort du commun lors d'une transaction en ligne.
Selon le patron d'Immoweb, son site est cependant plus sûre que les autres pour une raison toute simple: la moindre annonce est payante (minium 50€), alors que la concurrence propose toujours des formules gratuites pour les particuliers. De quoi décourager les escrocs les moins organisés.
Vos commentaires