Une fois de plus, des images ahurissantes d'un comportement très dangereux sur la route, se retrouvent sur les réseaux sociaux. Que faire si vous apercevez des telles images ?
Les images partagées sur les réseaux sociaux sont interpellantes. Un individu a été filmé dans un tunnel à Bruxelles, à plus de 200 km/h à bord de son véhicule. La vidéo a été publiée sur Instagram dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre.
Robert (prénom d'emprunt) l'a vue et il est hors de lui. "Jusqu'à 215 km/h dans les tunnels, c'est criminel. Ce serait assez simple pour la police de le trouver, si elle prend 1h pour bloquer les caméras ANPR qui sont dans les tunnels et les screener", écrit-il via le bouton orange Alertez-nous. Robert dit avoir contacter la police pour dénoncer ce comportement dangereux, mais il n'a pas encore obtenu de réponse de la part des forces de l'ordre.
Mais que peuvent faire les citoyens qui observent ce type de vidéo sur les réseaux sociaux, identique à l'histoire de la trottinette ? Nous avons posé la question à Thierry Vandenhoute, premier commissaire divisionnaire de la zone Bruxelles Ixelles et directeur du service trafic.
"Ils peuvent dénoncer les faits, déposer plainte. Il appartiendra à la police de visionner les images et de déterminer s’il y a des éléments exploitables qui permettraient l’identification du contrevenant", explique-t-il. "Dans la vidéo en question, il est assez compliqué d’identifier le contrevenant. On sait qu’il roule à plus de 200 km/h dans les tunnels bruxellois. En dehors de ça, il n’y a aucun élément."
Et de poursuivre: "Pour l’identifier via l’identifiant sur le réseau social utilisé, c’est très compliqué, car il faudrait qu’on obtienne l’autorisation via le procureur du Roi d’effectuer des recherches auprès du média qui a diffusé la vidéo. Mais il est peu probable que pour un excès de vitesse, on puisse obtenir les mandats nécessaires."
Quelles sanctions pour les contrevenants? "Si on a les éléments, le procès-verbal est établi. Le procureur du Roi va poursuivre et il appartiendra au juge du tribunal de police de se prononcer sur l’amende. Évidemment, rouler à 200 km/h en région bruxelloise, je pense que l’amende sera salée et de toute façon assortie d’une déchéance du droit de conduire qui devrait être assez conséquente."
Thierry Vandenhoute ajoute que la zone de police Bruxelles Ixelles reçoit "régulièrement des signalements de ce type" (des vidéos dans lesquelles on peut voir des automobilistes atteindre des excès de vitesse). "Durant les six derniers mois, on a reçu au moins 3 signalements. Mais chaque fois avec des éléments peu ou pas exploitables. Souvent des courtes vidéos."
Certains prennent la voie publique pour un circuit automobile
De son côté, Benoit Godart, le porte-parole de Vias (l'institut pour la sécurité routière), encourage les citoyens qui tombent sur ces vidéos à les signaler immédiatement.
"Cela s’est déjà fait dans le passé. Il y a déjà eu des cas. Ce sera le rôle de la police d’identifier le conducteur. Souvent, les conducteurs de ce type ne sont pas nécessairement très discrets. Il est clair que rouler à cette vitesse-là, mais en plus diffuser la vidéo, c’est quand même faire l’apologie de la vitesse. On le sait depuis le drame de Strépy-Bracquegnies, il y a quand même certaines personnes qui prennent la voie publique pour un circuit automobile. C’est évidemment très dangereux, car ils roulent à côté de gens qui respectent la limitation à 50 ou 70km/h, selon le tunnel. Vous imaginez la différence de vitesse… Il ne pourra évidemment pas réagir si un conducteur déboite pour dépasser quelqu’un et que ce conducteur est à la vitesse de 50 ou de 70 km/h. C’est triste, c’est dommage qu’en 2022, on subisse encore ce genre de vidéo."
Pour Benoît Godart, les réseaux sociaux incitent certains automobilistes à partager leurs excès de vitesse. "Le conducteur l’aurait fait sans s’en vanter, s’il n’y avait pas eu les réseaux sociaux. Il faut mettre fin à la diffusion de la vidéo, la signaler à la police et identifier le conducteur. On a tous été choqués par le drame de Strépy-Bracquegnies où le conducteur faisait aussi l’apologie de la vitesse. Ce type de comportement n’a pas sa place sur la voie publique. On a l’impression qu’avec les réseaux sociaux, certains qui, peut-être passaient à travers les mailles du filet il y a quelques années, ont maintenant plus difficile à ne pas se faire avoir. Surtout que ces gens diffusent la vidéo et sont identifiables. Les réseaux sociaux donnent l’impression qu’il y en a plus. Ce n’est pas nécessairement le cas, mais on les voit plus."
Ce phénomène a tendance à prendre de l’ampleur ces dernières années
Vias ne peut pas chiffrer le nombre de signalements d’excès de vitesse via les réseaux sociaux. "Ce chiffre n’existe pas, mais ce phénomène a tendance à prendre de l’ampleur ces dernières années", précise Benoît Godart.
Le porte-parole indique par ailleurs que l'article 406 du Code pénal punit sévèrement tout conducteur "entravant méchamment la circulation": retrait de permis, déchéance du droit de conduire (de 8 jours à 5 ans voire à vie), amende (208 à 4.000 euros) et risque d’emprisonnement (8 jours à deux mois). "L'entrave est définie comme l'action qui rend la circulation dangereuse ou de nature à provoquer un accident. Il faut, en revanche que le conducteur, par son comportement, ait conscience et accepte la mise en danger d'autrui, même s'il ne recherche pas directement ce but. Le conducteur doit donc adopter un comportement intentionnellement malveillant pouvant rendre la circulation dangereuse et empêchant la poursuite normale de la circulation", conclut Benoît Godart.
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