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Vaccination Covid-19: "Combien de chatons seront tués par les vaccins?", une vidéo au ton décalé pour convaincre les sceptiques

"Combien de chatons seront tués par les vaccins?": une vidéo au ton décalé pour montrer l'importance de la vaccination contre le Covid-19
© Capture d'écran vidéo "Combien de chatons seront tués par les vaccins en 2021" @Chat sceptique
 
CORONAVIRUS
 

"Convaincre les indécis". Tel est l’objectif de Nathan Uyttendaele, statisticien belge à travers sa vidéo postée sur Youtube intitulée “Combien de chatons seront tués par les vaccins en 2021”. Si l’appellation prête à sourire, son contenu n’a rien de cocasse.

Dans l'espoir d'enrayer la flambée de la pandémie de Covid-19, les campagnes de vaccination se multiplient dans le monde. En Belgique, le  calendrier établi se divise en deux phases, la première étant réservée aux groupes prioritaires, la deuxième comprenant le reste de la population. 

Selon les résultats de notre Grand Baromètre, un Belge sur 7 refuse d'être vacciné. Comment convaincre une population frileuse? Tel va être le prochain défi des autorités et du monde scientifique durant les mois à venir. 

Ce défi, Nathan Uyttendaele, statisticien belge, a décidé de le relever. Depuis près de 5 ans, il a choisi de vulgariser le monde scientifique via des courtes vidéos postées sur son compte Youtube. Il rend ainsi accessibles, au plus grand nombre, des données à première vue complexes. Des chats, des animations et des mots simples. Voici comment Nathan vous transporte, en quelques minutes, dans l'univers des statistiques et des tableaux excel.

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Un bar à chats pour imager le défi complexe de la vaccination

Pour sa première vidéo de l'année, le trentenaire a donc choisi le thème de la vaccination. L'intrigue de sa vidéo est à la fois amusante et déroutante. Imaginez. Vous habitez une ville où un "bar à chats" vient de s'installer. Problème: le jour de cette ouverture, un homme meurt sur place d'un arrêt cardiaque. Le lendemain, c'est une riveraine qui décède. Un habitant décide alors de faire une vidéo dans laquelle il accuse la Ville de ne rien faire. Le bar à chats reste ouvert. Normal, "un commerce qui tourne, ça rapporte de l'argent à la ville", dénonce-t-il. La vidéo est postée sur les réseaux sociaux et cumule des milliers de vues. Suite à cela, c'est l'insurrection. Des habitants, issus de plusieurs villes, manifestent et détruisent les quelques "bars à chats" qui existent.

Bon, jusqu'ici, vous peinez à voir le rapport avec la vaccination contre le Covid-19? C'est normal. Ce n'est qu'après 2 minutes de visionnage que l'on comprend où Nathan veut en venir. En fait, le vidéaste imagine ce que la vaccination contre le covid-19 va engendrer dans l'opinion publique. Si l'on reprend l'histoire et que l'on remplace les bars à chats par la vaccination, l'histoire prend tout son sens. Nathan nous explique que la vaccination va très certainement susciter des interrogations et des craintes face à l'inconnu. Et que parfois, dans les milliards de personnes qui seront vaccinées, certaines vont tomber malades ou décéder "sans que cela n'ait quoi que ce soit à voir avec les vaccins". "C'est une inévitabilité statistique", lâche-t-il.

Une réponse à l'appel de l'épidémiologiste Marius Gilbert

En près de 10 minutes, cette vidéo présente, en se basant sur des chiffres scientifiques, l’importance de la vaccination contre le Covid-19. Via des projections chiffrées, on découvre l’évolution d’un monde sans vaccin face à celui d’un monde où 60% de la population est vaccinée. Loin des contenus scientifiques complexes mêlant statistiques et graphiques, cette vidéo est conçue sur un don décalé, la rendant amusante.

Comment est venue l’idée d’une telle production? À quoi sert-elle et à qui est-elle destinée? le youtubeur Nathan Uyttendaele nous répond. "Faire une vidéo sur la vaccination a été motivée par les appels de certains spécialistes comme Marius Gilbert", nous explique-t-il.

Car rappelez-vous, en octobre dernier, l’épidémiologiste appelait ceux "qui ont des milliers de followers" à s’engager dans la lutte contre le covid-19. "Aidez-nous à dire que le masque est la capote du corona. Un truc idiot, un truc pas cher, un truc pas beau, un truc qu'on a dans la poche et qu'on sort quand on aime ou respecte celui ou celle à qui on parle", s’exclamait alors le spécialiste.

Ce n'était pas une bonne idée de faire cela tout seul, dans mon coin

Pour Nathan Uyttendaele, il était temps d’agir. "Son appel (celui de Marius Gilbert ndlr) n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd", confie-t-il. Il décide alors de concevoir une vidéo sur le thème de la vaccination. Le défi n’est pas simple et n’est pas sans risques. "Je craignais notamment d’être harcelé par les anti-vaccins", nous avoue-t-il. 

Pour ce statisticien de formation, comparer les données, décortiquer des essais cliniques et déchiffrer des chiffres s'apparente au quotidien. Mais cette fois-ci, il lui semble important de s'entourer du monde scientifique. "Je me suis dit que la vidéo devait être irréprochable sur le plan scientifique. Ce n'était pas une bonne idée de faire cela tout seul, dans mon coin", concède-t-il.

Dans un reportage télévisé, il découvre alors le travail de Muriel Moser, immunologiste à l'ULB. Cette dernière prône l'importance d'une campagne de vaccination auprès du grand public. "J'ai tenté ma chance en lui envoyant un email. Je lui ai demandé si elle était prête à m'aider dans mon projet vidéo. Je ne pensais pas avoir une réponse. Et finalement, elle a répondu favorablement", s'étonne Nathan. 

Deux semaines d'écriture et de montage

Débute alors une collaboration inédite, comme nous l'explique Muriel Moser. "Je ne vais jamais sur Youtube donc j’ai découvert son travail à ce moment-là. Il m’avait envoyé en guise d’exemple une vidéo sur l’homéopathie. J’ai trouvé que c’était très bien fait. Les vidéos sont amusantes avec un fond totalement juste", nous explique-t-elle.

Concrètement, Nathan lui demande de vérifier une série d’informations scientifiques. "Je lui ai envoyé mon livre sur la vaccination, j’ai cherché des chiffres et discuté avec des collègues", indique la spécialiste. 

Cet échange prend forme et quelques semaines plus tard, la vidéo est publiée. Au total, une semaine d'écriture et de vérifications d'informations et une semaine de montage et d'animation auront été nécessaire pour cette réalisation. 

Le but est de convaincre le gros paquet des indécis

Lorsque Muriel Moser découvre le résultat, elle est bluffée. "Le contenu est intéressant et scientifiquement valable. Je me rends compte qu’il y a des vidéos qui peuvent aider dans la campagne de vaccination. Ce genre de vidéos s’adressent à un public différent (que celles faites par des médias traditionnels ndlr). On peut ainsi toucher un plus large public", souligne-t-elle.

À travers sa vidéo, Nathan nous explique vouloir "convaincre les indécis". "Il faut savoir que la vaste majorité des gens ne sont pas des antivax (appellation utilisée pour désigner les personnes qui se disent contre la vaccination) ou des provax (s'opposant aux antivax). La majorité doute. Et ce sont eux qu'il faut convaincre. Je suis conscient que ma vidéo est inintéressante pour ceux qui sont convaincus et pour ceux qui sont contre les anti-vaccins. Le but est de convaincre le gros paquet des indécis", nous explique le statisticien. 

En une semaine, la vidéo comptabilise près de 100.000 vues sur Youtube. Pour Nathan, les youtubeurs, et particulièrement les vulgarisateurs scientifiques, ont un rôle important à jouer dans la campagne de vaccination. "Personnellement, j'ai 33 ans et je n'ai pas la télévision. Simplement une simple connexion internet. Pour communiquer vers un public jeune, il faut travailler avec les vidéastes", insiste celui qui se dit prêt à s'engager auprès des autorités dans un but d'intérêt général.

Ce fut amusant et moderne

Un sentiment partagé par l'immunologiste Muriel Moser. Lorsqu'on lui demande si une collaboration entre les autorités, les scientifiques et des vidéastes comme Nathan doit exister, sa réponse est "oui". "Vous m’auriez demandé il y a quelques semaines, avant que je ne découvre ces vidéos, je n’y aurais pas cru. Mais là, je vois qu’elles peuvent parfaitement s’intégrer. C’est un apport complémentaire", explique l'immunologiste.

Certaines précautions sont à prendre cependant, comme le rappelle la spécialiste. Toute vidéo vulgarisée n’est pas bonne à prendre. "Il faut que toutes les informations données soient vérifiées par des scientifiques", insiste-t-elle. Muriel Moser se dit tout à fait prête à de prochaines collaborations de ce type. "Ce fut amusant et moderne", conclut celle qui se réjouit d’avoir découvert cette nouvelle méthode de communication.

De son côté, Nathan transmet ses connaissances dans le cadre des cours qu'il donne à l'UCLouvain et bientôt à l'UNamur. À mi-temps sur Youtube et à mi-temps professeur, il se dit satisfait. "Je ne suis pas intéressé par un plein temps sur Youtube. Je pense qu'il est important de garder un pied dans le monde réel et d'avoir des contacts avec des gens physiques", insiste-t-il. Cela lui permet également d'avoir un apport financier supplémentaire à celui de ses vidéos qui "ne suffirait pas". Aujourd'hui, ses vidéos sont principalement financées grâce à des internautes (via des campagnes de financement participatif) et par des contributeurs financiers au projet. La somme que lui reverse la plateforme Youtube "n'est pas très importante".

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