Plusieurs affiliés du syndicat socialiste ont contacté la rédaction de RTL info ces derniers jours, fustigeant un manque d'accessibilité. La FGTB reconnait qu'il y a "surcharge" mais ajoute qu'on est "en temps de crise" et que la grande majorité des dossiers sont traités correctement.
La crise du coronavirus en Belgique a des conséquences très lourdes sur l'activité économique, qui tourne au ralenti depuis deux mois. Il est trop tôt pour dresser un bilan financier, mais cette pause forcée de notre société a un effet domino: les gens ne consomment plus, les entreprises ont moins de commandes ou ont dû fermer provisoirement leurs portes, les employés sont mis en chômage temporaire.
Tout s'est passé très vite, en quelques jours, dès les premières annonces de confinement, au mois de mars. On estime à environ 1 million le nombre de personnes qui bénéfice actuellement de cette mesure.
Vous l'ignorez peut-être, mais ce sont les syndicats (et la CAPAC, la caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage) qui servent d'intermédiaire dans le paiement des indemnités de chômage, et donc de celles, exceptionnelles, liées au 'chômage temporaire – Covid 19'.
Et forcément, personne n'était prêt à faire face à une telle explosion de demandes, dans les conditions sanitaires et de (télé)travail qu'on connait.
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Injoignable, la FGTB ?
Ces derniers jours, plusieurs messages similaires sont parvenus à la rédaction de RTL info. Ils évoquent des problèmes avec la FGTB. "Impossible d'avoir les délégations en ligne, pas de présence physique, énormes retards de paiement depuis mars, aucune plateforme téléphonique pour aider les gens. Je contacte plus facilement l'ONEM que mon syndicat, la FGTB Bruxelles !", s'inquiète Moussa, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous.
"FGTB Liège injoignable depuis au moins 3 jours ! Soit ça sonne occupé, soit ça raccroche tout de suite, soit ça décroche et ça nous dit de rappeler plus tard. On ne peut pas aller au bureau et on ne peut pas les joindre. Que se passe-t-il ?", nous demande Hervé.
"J'ai perçu 180 euros depuis le 18 mars"
Idem à Namur. "Le service chômage de la FGTB Namur est indisponible depuis plus d'une semaine ainsi que la centrale générale à Bruxelles. Je suis intérimaire, avec un enfant à charge, j'ai perçu 180 euros depuis le 18 mars. Problème de déclaration électronique de l'agence, lenteur de la FGTB à régler le problème alors que l'ONEM a donné son accord depuis le 14 avril concernant le chômage temporaire à partir du 23 mars", explique pour sa part Mireille.
Cette mère de famille craint des conséquences très concrètes. "Comment vais-je faire pour honorer mon prêt hypothécaire pour lequel je n'ai pas de report accordé ? Et pour nous nourrir ? Tout le monde est aux abonnés absents et je ne vois aucune issue… Je ne suis pas la seule dans cette situation, beaucoup de personnes attendent le paiement pour avril. Que fait la FGTB si fière d'affirmer qu'elle défend les travailleurs et les chômeurs ?", conclut-elle, amère.
Il reste 5% des cas qui sont problématiques, mais il y a surcharge
"Nos lignes sont mises à rude épreuve"
Nous avons contacté la FGTB, qui confirme que la situation est exceptionnelle. "Nos lignes téléphoniques sont mises à rude épreuve, on est confronté à un flux énorme", reconnait Nicolas Deprets, attaché de presse du syndicat socialiste.
"On dépasse le million de personnes au chômage temporaire, avec plus de 30% des dossiers gérés par la FGTB. Donc c'est plus de 300.000 dossiers", qu'il a fallu, et qu'il faut encore, vérifier, encoder, etc.
Il rassure néanmoins: "La plupart des gens sont payés, puisque au 8 mai on était à plus de 930.000 dossiers payés, dont à nouveau 30% par la FGTB sur l'ensemble de la Belgique. Dans 95% des cas, ça se passe relativement bien, même si on travaille à flux tendu. Il reste 5% des cas qui sont problématiques, mais il y a surcharge" pour les traiter rapidement, malgré la simplification des procédures par rapport à un chômage temporaire en temps normal.
Pourquoi certains dossiers sont bloqués ?
Donc, oui, "il y a encore des situations problématiques, mais elles sont minoritaires". D’où viennent-elles ? "Soit parce que l'employeur n'a pas rempli ses obligations, soit parce que l'employé a mal rempli son document. Dès lors, ça nécessite un peu plus d'instructions, et finalement ça représente vite beaucoup de travail"
Ces cas spécifiques, "on les gère en priorité car on ne veut pas laisser les gens dans la mouise et dans l'incertitude, mais ça prend du temps".
Tous les travailleurs sociaux de la FGTB sont donc très occupés. Résultat: "ça peut aboutir à des saturations de lignes, à des boites email qui explosent", car la FGTB continue, parallèlement, à assurer sa mission d'information auprès des travailleurs, "notamment parce que beaucoup de gens reprennent le travail et sont très inquiets: la demande (d'information) est extrêmement élevée en ces temps de crise".
Environ 1.000 personnes qui travaillent, et pas d'absentéisme
A la FGTB, à la grosse louche, "on est au-delà du millier" de personnes qui "travaillent spécifiquement sur ces questions de conseils, d'aide et de traitement des dossiers en matière de chômage".
Et les difficultés que rencontrent certains affiliés pour joindre leur syndicat ne sont pas dûes à un absentéisme au sein de l'organisation. "Au contraire, tout le monde est mobilisé, de la réceptionniste jusqu'au président. On fait 10 fois plus que le travail habituel, mais c'est la définition même d'une crise".
La FGTB ne compte donc pas actuellement "plus d'absences ou de maladies qu'en temps normal".
Le meilleur conseil qu'on peut donner, c'est de s'adresser au délégué de l'entreprise ou au permanent de la région
Que faire si vous ne parvenez pas à joindre la FGTB ?
"C'est malheureux, mais il faut prendre son mal en patience", dit le porte-parole. Tout en continuant "à contacter la FGTB tout azimut, et par tous les moyens possibles".
A savoir: les canaux numériques du syndicat, donc "les pages Facebook où nos collaborateurs sont aussi fortement sollicités, à raison de 50 à 60 messages individuels, par jour, à traiter".
Puis "nos centrales et nos régionales qui répondent aux emails".
Et enfin "le contact semi-direct pour les travailleurs: le meilleur conseil qu'on peut donner, c'est de s'adresser au délégué de l'entreprise ou au permanent de la région qui eux, peuvent agir comme piston entre l'information de terrain et la FGTB".
Quant aux rencontres physiques dans les infrastructures de la FGTB, ce n'est pas une solution optimale pour le moment. "Il y a beaucoup de bureaux qui sont encore fermés par mesure de précaution. Certains sont encore ouverts, c'est vrai, mais ce n'est pas le meilleur moyen de communication".
Un chômage temporaire jusqu'en septembre ?
Il n'y a donc pas de problème spécifique à la FGTB actuellement, mais une simple – et assez logique – surcharge de travail qui entraîne des difficultés pour les cas particuliers, les cas problématiques.
Le chômage temporaire, rappelons-le, "concernera, sans doute à la fin de la semaine, 1.250.000 personnes en Belgique", selon notre interlocuteur.
Tout ça représente déjà, au niveau fédéral, un surcoût astronomique de 3,6 milliards d'euros. Et selon la ministre de l’Économie Nathalie Muylle, il est possible et souhaitable que ces mesures exceptionnelles de soutien aux travailleurs soient prolongées jusqu'au mois de septembre…
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