Avions, voitures, trains… Quel est l’impact de ces différents moyens de transport sur le climat? Un vol dans les airs va-t-il augmenter considérablement votre empreinte carbone? Voici un petit tour d'horizon de la situation.
Alors que la COP24, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, s’est terminée la semaine dernière en Pologne, de plus en plus de citoyens appellent à agir pour le climat: changer nos habitudes et adopter des gestes simples pour sauver notre Terre. Chris, un témoin, revient sur l’impact énorme des avions sur l’environnement. "Il faut parler plus des avions qui polluent directement l'atmosphère. Ce sont les plus GROS POLLUEURS du monde", lance-t-il via notre bouton orange Alertez-nous.
Pour étayer ses propos, il se base sur les rapports de l’Agence européenne de l’Environnement. Voici les chiffres que l’on obtient pour les émissions des différents modes de transport en Europe :
- 14 g de CO2/passager/km pour le train
- 42 g de CO2/passager/km pour une petite voiture (avec 4 passagers)
- 55 g de CO2/passager/km pour une voiture moyenne (avec 4 passagers)
- 68 g de CO2/passager/km pour un bus
- 72 g de CO2/passager/km pour un deux roues motorisé
- 104 g de CO2/passager/km pour une petite voiture (avec 1,5 passagers)
- 158 g de CO2/passager/km pour une voiture moyenne (avec 1,5 passagers)
- 285 g de CO2/passager/km pour un avion
Par exemple, un passager dans un avion consomme donc autant de dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre, que 20 passagers dans un train. "En regardant les chiffres, il semble bien que l’avion soit le mode de transport le plus polluant", résume notre alerteur.
Ces chiffres sont évidemment une moyenne basée sur des hypothèses (le nombre de passagers présents dans le véhicule, le nombre de kilomètres parcourus, le type de véhicule, etc.).
Certains modèles d’avion sont moins polluants que d'autres. Une compagnie aérienne qui utilise un type d’appareil peut ainsi émettre moins de CO2 qu’une autre.
"Suivant les hypothèses que l'on utilise, les chiffres peuvent être parfois fort différents. Mais ce qui est important c’est que les ordres de grandeur restent valables. Et, clairement, l’avion est le moyen de transport le plus polluant", confirme Jonas Moerman, conseiller énergie à l’asbl Eco Conso.
On doit multiplier par 2,7 fois les émissions CO2 pour obtenir l’impact global
Pour calculer les émissions d’un voyage en avion, on prend en compte la combustion de carburant, du kérosène en l’occurrence, qui crée du CO2. Mais il y a aussi d’autres effets en altitude propres à l’aviation. "Notamment les traînées de condensation, les petites gouttelettes qui apparaissent à l’arrière de l’appareil. On doit donc multiplier par 2,7 fois les seules émissions CO2 pour obtenir l’impact global des avions sur le climat. Celui-ci est donc énorme, et certainement plus important que celui des voitures", indique Jonas Moerman.
Si on utilise un comparateur d’émissions sur internet, comme le site belge greentripper.org, on peut par exemple découvrir les différences pour un trajet aller-retour Bruxelles-Barcelone. Un passager consommera 4 fois plus de CO2 pour ses deux vols en avion que trois personnes dans une voiture qui effectuent un parcours de 2.700 km.
Réchauffement climatique: "L’avion n’est qu’un élément parmi d’autres"
Chris avance même une théorie: "Le réchauffement climatique a commencé quand on a augmenté le trafic aérien". Est-ce correct?
"C’est un raccourci un peu rapide", répond le conseiller énergie Jonas Moerman. "L’accélération du réchauffement climatique est liée à la combustion des énergies fossiles, le charbon, le gaz et le pétrole. Cela a commencé au 19ème siècle avec les industries et le charbonnage. Puis le gaz et le pétrole. C’est vrai que le trafic aérien a fortement augmenté après la Seconde Guerre mondiale. Tout comme le transport des marchandises et les voitures individuelles. On a connu un développement effréné. Mais l’avion n’est donc qu’un élément parmi d’autres. Ce n’est pas le seul moyen de transport qui a connu une forte augmentation", précise Jonas Moerman.
Selon un récent rapport du GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), la hausse des températures moyennes au niveau mondial atteint déjà plus d’1 degré par rapport aux niveaux préindustriels. L’organisation plaide dès lors pour une réduction des émissions de gaz à effet de serre de près de 50% d’ici 2030 par rapport à 2010. Le but est de rester sous la barre de +1,5 degré. Et espérer ainsi limiter les futures catastrophes naturelles liées aux changements climatiques.
Une taxe sur les voyages en avion au niveau européen?
Pourquoi l’avion reste-t-il malgré tout privilégié par de nombreux voyageurs? La réponse est simple: au niveau des prix et du nombre d’heures, il reste en général imbattable. C’est le moyen de transport le plus rapide et le moins cher pour de nombreuses destinations.
"Soyons honnête, l’impact sur le climat est souvent loin dans les critères de décision quand on doit partir à l’étranger. Le secteur aérien échappe à l’imposition, le kérosène n’est pas taxé. Comme la fréquentation des aéroports augmente, cela crée de l’emploi. Et ce n’est donc pas l’enjeu climatique qui prime", souligne le conseiller énergie.
Pour éviter cela, la ministre flamande de l’Environnement voudrait instaurer une taxe sur les voyages en avion au niveau européen. Votre ticket pourrait alors vous coûter plus cher.
Les progrès technologiques peuvent-ils limiter la pollution des avions?
Est-ce que les avancées technologiques ne permettent-elles pas aussi de limiter les émissions des avions? "C’est vrai que les appareils consomment moins de carburant qu’auparavant grâce à différentes techniques. L’aviation s’est d’ailleurs engagée à plafonner les émissions mais cela reste hypothétique et à un niveau très élevé. On ne peut donc pas compter là-dessus", regrette Jonas Moerman. D’autant plus que l’augmentation du trafic aérien au niveau mondial est importante. "Les progrès techniques sont très vite contrebalancés par cette hausse globale. C’est surtout en Asie que le nombre d’avions va beaucoup augmenter", indique-t-il.
Le nombre d’appareils devrait en effet doubler entre 2015 et 2035, avec l'Asie qui aurait autant d'avions que les Etats-Unis et l'Europe réunis, selon des chiffres du constructeur américain Boeing. Et évidemment le nombre de voyageurs devrait également doubler. Sur le plan environnemental, cette croissance du transport aérien est donc néfaste. Tout comme la hausse des trajets en voiture.
En conclusion, si vous voulez réduire votre empreinte carbone et économiser le plus possible de gaz à effet de serre, essayer de privilégier le mode de transport le moins polluant: le train.
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