Ces cartes se retrouvent souvent au sol. C’est ce qu’a constaté Olivier, et il a appuyé sur le bouton orange Alertez-nous pour nous faire part de son exaspération. Une mesure devrait voir le jour en Wallonie pour lutter contre ce fléau. Pas de mesure précise à Bruxelles, mais les communes interdisent généralement la pratique.
Qui n’a jamais retrouvé, accrochée à sa portière, une petite carte de visite plastifiée, sur laquelle on peut lire "J’achète votre voiture au plus haut prix" ? Des cartes d'acheteurs de véhicules, souvent mystérieux mais la plupart du temps bien réels. Le geste est alors quasi automatique pour certains: on prend la carte et on la jette par terre avant de prendre le volant.
C’est un spectacle qu’a tristement observé Olivier, un habitant de Braine-l’Alleud. "Ce week-end, il faisait super beau, on avait été faire un petit tour à vélo, et sur le trajet, on s’est arrêtés sur un parking". En l’occurrence, le parking d’un fast-food bien connu. Sauf que par terre, ce n’étaient pas des cartons d’emballages qu’a découvert Olivier, mais plein de petites cartes.
"C'est beaucoup de gaspillage"
"Mon regard a été attiré, et je me suis penché. Je me suis alors rendu compte que c’étaient les petites cartes de visite d’un marchand de voiture. Tout ce papier, tout cela se retrouve par terre, c’est de la pollution". Pour lui, un tel spectacle est intolérable. "Je pointe tout d’abord du doigt ceux qui les distribuent. Les gens qui les déposent sont responsables car c’est beaucoup de gaspillage. Mais tous ceux qui les reçoivent, au lieu de les jeter par terre, feraient mieux de les mettre dans leur voiture et de les jeter à la maison. C’est de l’incivisme", déplore-t-il via le bouton orange Alertez-nous.
Olivier travaille dans un grand magasin, et il retrouve souvent ce genre de carte sur son véhicule. "Et c’est aussi le cas quand on fait nos courses. On se demande d’ailleurs d’où ils viennent. En une demi-heure, vous avez directement une petite carte sur la voiture. C’est aberrant. Je n’ai personnellement jamais vu quelqu’un qui mettait ces petits feuillets, mais si ça arrive, je pense que je lui demanderais pourquoi il fait cela".
Des cartes bientôt interdites en Wallonie
"Il faudrait interdire la distribution massive de ces cartes de visite", estime Olivier. Et il ne croit pas si bien dire. D’ici quelques jours, ces petites cartes devraient être interdites dans toute la Wallonie. Déjà en 2016, le Ministre wallon de l’environnement, Carlo Di Antonio, a évoqué la mise en place d’un arrêté qui interdirait ce genre de distribution.
Si les mois et les années se sont écoulés depuis, la mesure pourrait enfin voir le jour très prochainement. "On y est presque, en termes de processus législatifs, pour que ça se mette en œuvre", détaille-t-on au cabinet du Ministre. "Le texte passe ce jeudi au gouvernement pour sa troisième lecture, sa lecture définitive. Sauf retournement de situation, il devrait être voté. Ensuite, il y aura un peu de latence avant la publication au Moniteur".
Si la mesure aboutit, le fait de placer ces cartes deviendra donc bien une infraction environnementale qui pourra être verbalisée en Wallonie. "Tout simplement parce que ces cartes se retrouvent souvent par terre, et sur les parkings, ça devient un véritable fléau", précise-t-on au cabinet Di Antonio. La volonté n’est donc absolument pas commerciale dans ce cas-ci.
Que risquent ceux qui tenteraient tout de même d'apposer ces cartes?
"Ils risquent une amende administrative de catégorie 2, qui varie entre 50 euros et 100.000 euros", nous explique-t-on. Le montant exact sera évalué au cas par cas. Les récidivistes seront évidemment les plus sévèrement réprimandés.
Il ne devrait pas être trop difficile de connaitre l’identité de celui ou celle qui a fait déposer les cartes. "L’intérêt de la carte pour celui qui la dépose, c’est évidemment d’être contacté. Il y a souvent un numéro de téléphone, une adresse. Et donc ça permettra de trouver la personne". Selon le cabinet, le phénomène serait déjà progressivement en régression, même s’il n’existe aucune statistique à ce sujet.
Et à Bruxelles?
Pour la Région de Bruxelles-Capitale, une proposition de résolution avait été déposée fin 2016. Elle visait l’instauration d’une taxe régionale sur l'apposition d'imprimés publicitaires sur des véhicules situés sur la voie publique. Mais à l’heure actuelle, aucune mesure concrète n’existe vraiment au niveau régional, nous confirme-t-on auprès du cabinet de la Ministre bruxelloise de l’environnement Céline Frémault.
Le pouvoir revient donc aux communes. Elles sont libres d’autoriser ou d’interdire de tels agissements sur leur territoire. Mais de manière générale, c’est souvent l’interdiction qui prime, au sein des règlements de police de nombreuses localités. Ainsi, à titre d'exemple, l’article 11 du règlement général de police d’Ixelles stipule: "Sauf autorisation de l’autorité compétente, il est interdit d’apposer, de faire apposer ou de coller des tracts, autocollants et affiches sur les véhicules et les pare-brise de ceux-ci."
Difficile dans la pratique de dresser des PV
"Cela fait plusieurs années que la mesure est appliquée", explique Marine Planquart, attachée du bourgmestre d’Ixelles. Mais même si l'interdiction existe, dans la pratique, il est encore compliqué de sanctionner les fautifs. "Il faut qu’un agent constatateur prenne la peine de remarquer que ça arrive souvent dans un quartier... Mais ça n’arrive jamais. Et c'est difficile de prendre quelqu'un en flagrant délit. Notre fonctionnaire sanctionnateur n’a en tout cas pas de souvenir que ça soit déjà arrivé". Quoiqu'il en soit, si la personne est prise la main dans le sac, elle devra s’acquitter d’une amende de 350 euros.
Même si ceux qui apposent les tracts sont souvent responsables de ceux-ci et de leur ramassage s’ils sont laissés au sol, le citoyen qui jette le tract au sol ne bénéficie pas de l'impunité. "La personne qui jette ce type de tract par terre pourrait également recevoir un PV", précise l’attachée du bourgmestre d’Ixelles.
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