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Des arbres "massacrés parce qu'ils rayent les camions" à Ixelles ? La commune admet une erreur

Des arbres "massacrés parce qu'ils rayent les camions" à Ixelles ? La commune admet une erreur
 
 

Un Bruxellois est scandalisé par le remplacement "absurde" d’arbres dans sa rue. Des cerisiers en bonne santé ont été remplacés par des "piquets" car ils "rayent les camions". La commune parle d’une "erreur humaine" et explique les raisons de ce choix.

"La commune d’Ixelles massacre les arbres dans ma rue ! Je suis totalement scandalisé", déplore un Bruxellois via notre bouton orange Alertez-nous. Depuis 29 ans, Paul (prénom d’emprunt car il veut garder l'anonymat) habite rue de l’automne, à proximité de l’Université Libre de Bruxelles. Une artère bordée de chaque côté par des cerisiers.

Mercredi dernier, Paul regarde par sa fenêtre et découvre que des ouvriers communaux sont en train d’abattre ces arbres. "A notre plus grande surprise, ils ont commencé à déraciner des arbres qui ont 30 ans totalement vivants, en pleine floraison", s’insurge le Bruxellois.

Spontanément, il tente de les arrêter. "Nous étions plusieurs riverains dont mon épouse et moi, puisque nous sommes heureusement en confinement, à s’y opposer", ajoute-t-il.

Présente sur place, une jeune fille poste d’ailleurs un message à ce propos sur les réseaux sociaux. "Mais pourquoi ? Rue de l’automne, tous les arbres de la rue y passent. Il n’y a déjà pas beaucoup de verdure par ici et de grands arbres bien fleuris au printemps remplacés", s’indigne-t-elle.

La commune avait reçu des plaintes parce que les branches rayent les camions

Totalement surpris, Paul tente de comprendre la raison de cet abattage. Il pose la question aux ouvriers communaux. "Pour moi, c’était à la fois absurde et choquant. J’ai demandé à un ouvrier qui m’a dit être jardinier de formation si cela ne lui faisait rien de tuer un arbre trentenaire. Il m’a répondu qu’il avait "ça sur sa liste"", relate Paul.


"Ensuite, les ouvriers nous ont sorti un tas d’arguments. Le premier, quand on a accouru dans la rue, c’était de nous dire que ces arbres étaient morts. Je leur ai dit que c’était n’importe quoi puisqu’ils sont en pleine floraison. Puis, ils nous ont dit: "Vous voyez bien qu’ils ne sont pas en bon état". Alors qu’ils ne sont clairement pas malades", insiste cet habitant d’Ixelles. "La troisième explication, c’était que la commune avait reçu des plaintes parce que les branches rayent les camions. J’ai répondu "couper les branches, faites de l’élagage". Mais on m’a assuré que c’était compliqué", ajoute-t-il.

Alors que huit arbres sont déjà déracinés, Paul arrive à joindre les autorités communales. "J’ai fini par trouver le responsable qui n’était absolument pas au courant. J’ai eu l’échevine en charge qui n’était absolument pas au courant et totalement scandalisée. Sa réaction était tout à fait professionnelle. Je ne sais pas qui a pris cette initiative. Mais il y a eu un dysfonctionnement total à la commune d’Ixelles à ce sujet", résume le riverain. Les ouvriers ont alors arrêté leur opération. "Heureusement, il reste encore une trentaine de cerisiers", souligne le riverain.

"Le contremaitre a oublié de prévenir sa hiérarchie mais il pensait bien faire"

Nous avons dès lors contacté la commune d’Ixelles pour tenter d’éclaircir la situation. Samuel Deroover, directeur de la gestion des espaces publics, admet une "erreur humaine". "Le contremaitre des espaces verts a oublié de prévenir sa hiérarchie, il a suivi son planning en pensant bien faire. Il a pris cette initiative en voulant résoudre un problème structurel. Il ne pensait pas créer un sentiment de perte de repères auprès des habitants", assure le directeur de la gestion des espaces publics.

Visiblement, cet employé communal a voulu rectifier un "mauvais choix" pris dans le passé. "Il y a 30 ans, des cerisiers du Japon ont été plantés dans cette rue. Le contremaitre a constaté que certains spécimens n’étaient pas adaptés aux dimensions de la voirie. Ils possèdent des couronnes assez larges. Vu le passage des camions et la proximité avec des façades, ces essences ne semblent pas adaptées. Dans un souci d’entretien, il a voulu planter à la place une essence d’arbre à la silhouette plus élancée et plus adaptée", explique Samuel Deroover.

Il admet donc que ces cerisiers ne sont pas en mauvaise santé mais il s’agit plutôt d’un problème de géométrie de l’arbre qui nécessite un entretien important. "Réaliser moins d’élagage permet de respecter davantage la nature de l’arbre mais également de diminuer le coût de l’entretien. C’est ce qu’on nous demande", souligne-t-il.

Ils ont remplacé les cerisiers par des espèces de bâtons

Au-delà de cet abattage qu’il juge inutile, Paul déplore la taille et le choix des nouveaux arbres plantés. "Ils ont remplacé les cerisiers par des espèces de bâtons en nous disant que, d’ici 10 ans, ils vont être magnifiques. Je ne sais pas s’ils ont entendu parler du réchauffement climatique mais on est en train d’arboriser la planète pour avaler le CO2 et ici un collège Ecolo abat des arbres pour mettre des tiges qui mettront 10 ans à se développer", s’insurge le Bruxellois.

"Les jeunes plants sont un choix technique motivé par le coût notamment. Et puis si on transplante un arbre plus grand, le risque de mourir est plus important. Il faut 5-10 ans pour qu’il se développe correctement", répond le directeur de la gestion des espaces publics. "C’était le choix du contremaitre d’avoir une silhouette plus élancée. L’idée, c’est de ne pas répéter l’erreur du passé", ajoute-t-il.


A l'avenir, tout remplacement d'arbre devra être validé par le collège 

Samuel Deroover révèle également la manière de fonctionner au sein de la commune bruxelloise. "Jusque-là, chaque service opérationnel gère de façon indépendante ses activités. Le collège ne donne par exemple pas son accord pour remplacer des pavés. Il faut savoir que les services techniques mènent des centaines d’interventions par an dans l’espace public de manière indépendante", indique le responsable.

Suite à cet incident, la méthodologie va cependant changer. Tout remplacement d’arbre ne sera plus une intervention comme une autre. "Elle devra être discutée et validée par le collège en concertation avec les riverains. Le contremaitre ne pourra plus exécuter sa liste de travaux sans l’accord du collège", assure-t-il.

La verdurisation est importante. Ces arbres seront remplacés quoi qu’il advienne

Concernant ce dossier, il faudra donc trouver une essence d’arbre qui convient à tous. "Le collège devra trouver une solution en prenant en compte les considérations techniques et l’avis des habitants qui seront avertis. En tout cas, la verdurisation est importante. Ces arbres seront remplacés quoi qu’il advienne", promet le directeur.
Trouver un compromis risque de ne pas être facile car Paul n’en démord pas. Il ne veut aucun changement. "Je veux que l’on remette des cerisiers. Et si possible pas des petits piquets mais des arbres qui soient déjà murs", plaide cet amoureux des arbres.


 

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