"Est-ce normal que Facebook autorise un nombre grandissant d’arnaques ?", questionne un habitant d'Oupeye via notre bouton orange Alertez-nous. Son interrogation résume de nombreux signalements reçus par notre rédaction au cours des dernières semaines. Ils ont trait à des publications "boostées" par Facebook, mais cependant malveillantes. Ces publications usurpent généralement une marque connue pour proposer une fausse offre exceptionnel (avec des rabais faramineux) ou un faux concours avec des cadeaux alléchants à la clef. Le but est toujours le même: dépouiller les utilisateurs attirés par ces publications qui tombent sur leur fil d'actualité Facebook. Par exemple, nous rapportions récemment un faux concours Fnac offrant des trottinettes électriques d'une valeur de 600 euros pièce. Une autre personne nous montrait des vélos d'une grande marque à 30 euros... Les escrocs réclamaient d'abord deux euros puis tentaient d'obtenir des données personnelles pour dérober de plus importantes sommes d'argent aux participants dont la vigilance est atténuée par le logo d'une marque connue et l'opportunité de gagner un cadeau de valeur.
Le ciblage perfectionné de Facebook
Sur base du nombre croissant de témoignages reçus via Alertez-nous, il semble donc que de plus en plus d'arnaqueurs aient recours à l'outil "Booster la publication". Ce bouton bleu se trouve sous chaque publication et propose à son auteur de toucher beaucoup plus de personnes que ses simples amis, moyennant paiement évidemment.
L'outil permet de choisir les caractéristiques de la cible à toucher. Celles-ci peuvent être simples comme l'âge, la localisation géographique ou le sexe (on peut donc demander à Facebook que la publication ne vise que des filles de 18 à 24 ans habitant à Liège). Mais elles peuvent aussi être extrêmement précises, se basant sur les origines (uniquement aux États-Unis), les centres d'intérêt et les comportements que Facebook analyse à travers votre activité sur son réseau social. On peut par exemple décider de toucher les Américains d'origine hispanique qui font la navette, aiment la BD, le poker en ligne, le yoga et ont des amis proches qui fêtent le Ramadan.
Pour chaque caractéristique de ciblage ajoutée, Facebook donne immédiatement le nombre maximum d'utilisateurs potentiels susceptibles de recevoir la publication. Au plus on paie, au plus on s'approchera de ce nombre. Le ciblage est le fondement de la réussite commerciale de Facebook qui attire tant d'annonceurs publicitaires et lui assure un chiffres d'affaires de milliards de dollars.
Les contrôles Facebook: des modérateurs humains, des machines qui apprennent et les utilisateurs qui signalent
Nous avons contacté Facebook afin d'obtenir une réaction au détournement du "boost" de publications à des fins malhonnêtes, mentionnant l'exemple du faux concours Fnac. La compagnie américaine a immédiatement supprimé cette publication, rappelant que l'entreprise n'autorisait aucune page, groupe ou événement trompeur, frauduleux ou utilisé pour des arnaques. "Nous avons la responsabilité d'aider à empêcher les abus sur Facebook et sommes engagés à nous améliorer", déclare la compagnie de plus en plus critiquée au cours des dernières années, en particulier depuis la propagande de l'EI, les élections américaines ou encore le référendum sur le Brexit.
Le géant américain assure avoir augmenter substantiellement les moyens de lutte contre les publications indésirables. "Nous avons déjà 30.000 employés à travers le monde qui travaillent à la sécurité et la sûreté de Facebook. Ce nombre a doublé en quelques années", vante la responsable communication, ajoutant que des équipes travaillent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et suppriment quotidiennement des millions de profils. À côté du travail de ces modérateurs, aidés dans leur tâche laborieuse par le signalement des utilisateurs eux-mêmes, Facebook met en avant ses machines dont l'efficacité ne cesserait de s'accroître, celles-ci apprenant des arnaques passées. Ces robots sont particulièrement attentifs aux contacts entre personnes qui sont éloignées l'une de l'autre en terme de réseau de relations, vérifient si ces contacts sont anormalement nombreux et s'ils collent avec les habitudes de ces personnes.
Cependant, à voir l'amplification des publications "boostées" malhonnêtes, il semble que les milliards d'utilisateurs et leurs milliards de leurs publications continuent à représenter une masse de contenus à contrôler démesurée pour quelques dizaines de milliers de surveillants et leurs machines "intelligentes". Facebook devra probablement accroître encore ses capacités de surveillance. Une nécessité vitale pour l'entreprise californienne si elle ne veut pas voir sa crédibilité et la confiance des utilisateurs puis de ses annonceurs diminuer.
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