"Savez-vous que sur YouTube, il y a des personnes qui vous forment avec passion et sans rien demander en retour? C'est le cas de Pascal qui, chaque semaine, diffuse des conseils pratiques pour la rénovation de votre habitation. C'est hallucinant tout ce qu'il peut faire", nous a alertés Arnaud via notre bouton orange Alertez-nous.
Le principe est simple. Pascal est entrepreneur depuis plusieurs années. Mais face à la précarité de certains clients, il s'est rendu compte que la demande évoluait et que les gens étaient de plus en plus friands de conseils venant de connaisseurs, plutôt que de la réalisation complète des travaux. "J'en suis venu à faire du coaching habitat", comme nous l'a lui-même expliqué Pascal. "Et au-delà du fait que je me déplaçais sur des chantiers pour expliquer aux personnes ce qu'elles devaient faire, j'en suis venu à publier des vidéos, pour en faire profiter un maximum de monde", a-t-il ajouté.
"Je n'avais pas les moyens de m'embaucher moi-même"
C'est donc muni d'une caméra que Pascal se rendait chez ses clients. Pour chaque nouveau chantier, il filme ce qu'il fait et publie les images sur YouTube, afin d'en faire profiter un maximum de personnes. "Je m'étais rendu compte que je n'avais pas les moyens de m'embaucher moi-même. C'était donc un solution 2.0. pour que tout le monde puisse offrir un toit décent à sa famille", dit-il.
> VOICI LA CHAINE "TAKA YAKA" DE PASCAL
Le succès est au rendez-vous, les vidéos de cet entrepreneur étant visionnées des dizaines de milliers de fois. Arnaud a d'ailleurs facilement trouvé les réponses aux questions qu'il se posait à partir d'une simple recherche dans Google. "J'étais à la recherche d'informations pour effectuer des travaux de rénovation chez moi. En tapant certains mots-clés, je suis tombé sur une ribambelle de vidéos. Des vidéos explicatives très bien faites", a-t-il précisé.
Et à l'instar de nombreux autres amateurs, le jeune homme s'est donc retroussé les manches et s'est embarqué dans l'aventure en rénovant totalement un appartement acheté. Nouvelles cloisons, isolation, rejointoyage et faux plafonds. Notre témoin a retapé son habitation de A à Z, au prix de quelques efforts et de nombreuses heures consacrées à cette tâche. Mais au final, cela lui a fait économiser pas mal d'argent. Au moins 50% du budget total. "Ce qu'il explique, c'est faisable par une personne qui va acheter son matériel dans un magasin de bricolage et qui n'avait jamais essayé avant. Bien sûr il faut s'y intéresser et avoir envie d'essayer. Mais si on n'a pas deux mains gauches, on arrivera au résultat souhaité. Et on économisera beaucoup d'argent", se réjouit Arnaud.
Une "vraie communauté"
Mais Pascal a de la suite dans les idées, et outre son blog qui s'est rapidement transformé en "vlog" (un blog essentiellement alimenté par un contenu vidéo), il a développé toute une série d'accessoires qui a donné naissance à une communauté. "En plus de publier des vidéos, il est très présent sur les réseaux sociaux et répond rapidement aux questions qu'on lui pose. En plus il répond avec passion et professionnalisme, et ça c'est hallucinant", indique Arnaud.
"C'est vrai, j'ai tout lancé seul. D'abord les vidéos, mon blog, puis Facebook, un compte Instagram et Twitter. Et j'espère qu'à terme, les gens qui suivent mes réalisations feront aussi vivre cette communauté, en publiant des clichés de leurs transformations, des idées, et aussi des solutions", confie Pascal. "Et si j'ai tout créé seul, je dois aussi tirer mon chapeau à mes abonnés qui m'ont aussi apporté des solutions. Ils sous-titrent ainsi mes vidéos, j'ai reçu de l'argent pour acheter la caméra avec laquelle je filme. Ils soutiennent la chaîne car ils veulent que ça perdure".
Pascal ne fait pas que des heureux
A l'heure actuelle, Pascal est ravi de voir l'intérêt porté à ses conseils, mais cela ne le fait pas vivre. Sur YouTube, il faut des millions de "vues" par mois pour que cela engendre un revenu suffisant. Mais il y a un autre aspect qui le "bloque". En effet, s'il fait des heureux, Pascal fait aussi grincer des dents dans le secteur. "Je n'ai aucun sponsor. Pourtant il y avait de l'intérêt de la part d'un tas de boutiques. Mais comme elles travaillent avec des professionnels du bâtiment, elles ne me suivent pas dans mes projets, car ces professionnels ont peur que je leur fasse perdre des clients".
Nous avons dès lors contacté un entrepreneur. L'homme a accepté de répondre à nos questions, mais à titre anonyme. "Le souci avec ça, c'est que c'est un peu des méthodes de cow-boy. Nous on doit respecter un tas de lois, une législation parfois très pointue, on doit avoir des assurances. Alors c'est vrai que c'est un projet qui a un sens, mais si cela prend trop d'ampleur, ça ne va pas plaire", a-t-il expliqué.
André est également entrepreneur. S'il voulait bien que l'on cite son prénom, il a refusé que soit mentionné le nom de sa société. Cet ancien ouvrier devenu patron admire l'idée développée par Pascal. Par contre, il juge que le manque de législation qui entoure toute activité sur internet n'est pas toujours bonne pour la profession. "Ce cas, c'est un peu comme Uber et les taxis. Cet homme est certainement compétent et bien intentionné. Mais que se passera-t-il si le conseil est mauvais ? Que se passera-t-il en cas d'accident ? Il n'y a rien qui légifère de telles pratiques, et là il faut faire attention aux dérives", a-t-il indiqué.
Mais là où l'entrepreneur se montre le plus virulent, c'est dans la lutte contre le travail au noir. "Il ne faut pas être naïf. Si des entrepreneurs acceptent d'être payés en black, c'est parce qu'il y a une grosse partie de l'argent déclaré qui ne nous revient pas. L'Etat lutte contre ça et nous impose d'énormes sanctions en cas de fraude. Or, même si ce n'est pas l'objectif de base, ce genre de vidéos va encourager des gens qui n'ont pas de travail à aller faire toutes sortes de travaux à gauche et à droite, sans autre qualification que celle-là, et au noir avec des tarifs impossibles à appliquer pour une société. Ca c'est dangereux, car cela risque de créer un secteur du bâtiment parallèle, qui sortira complètement du cadre légal", a-t-il ajouté.
"On réalise des choses dont on ne se savait pas capable"
Pascal nous a également confié avoir eu des commentaires de personnes mécontentes. Et parfois pire que cela, l'homme ayant déjà reçu des messages incendiaires de la part d'artisans ou entrepreneurs. Mais cela ne le freine pas. Au contraire même, il a à coeur de prendre de l'ampleur. "J'ai plein d'objectifs. Je voudrais que ma chaîne YouTube devienne une chaîne référence pour que chaque fois que vous avez un travail à faire chez vous, le moindre bricolage, vous puissiez venir et voir en vidéo comment faire. Je voudrais aussi que ma chaîne devienne internationale. Et enfin, mon objectif principal serait d'en vivre", confie-t-il.
Arnaud, de son côté, est conquis. Car outre avoir épargné de l'argent tout en adhérant à cette communauté d'amateurs des travaux de rénovation, il s'est épaté lui-même. "Au-delà du gain réalisé, il y a une énorme satisfaction personnelle, parce qu'on réalise des choses dont on ne se savait pas capable", a-t-il conclu.
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