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Poursuivi et mordu par des chiens lors d'un jogging à Bouillon, Fabien est traumatisé: "Quand j'entends un aboiement, j'ai peur"

Poursuivi et mordu par des chiens lors d'un jogging à Bouillon, Fabien est traumatisé: "Quand j'entends un aboiement, j'ai peur"
 
 

Fabien, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, a vécu une expérience traumatisante. Alors en plein jogging dominical, ce père de famille résidant dans la région de Beauraing s’est vu être attaqué par un rottweiler et un pitbull. "J’ai été en arrêt une semaine, et je n’ai même pas eu droit à un mot d’excuse de la part du propriétaire", précise-t-il, toujours marqué par les crocs des animaux sur ses cuisses.

Au début du mois de septembre dernier, Fabien, accompagné de deux amis, débute un jogging, comme il en a l’habitude, dans la région luxembourgeoise et plus précisément entre Poupehan et Botassart (Bouillon). "Après une dizaine de kilomètres, mes deux compagnons me lâchent, car ils sont plus rapides que moi et je me retrouve seul", explique-t-il. "J’emprunte alors un petit chemin, et je passe devant une propriété non-clôturée. Deux chiens m’aperçoivent alors et commencent à me courir après".

Cela a bien duré 20 minutes

Se rendant compte de la situation, Fabien, désemparé, continue de courir alors que les deux chiens le poursuivent et l’attaquent aux jambes. "Le pitbull se contentait de courir derrière moi, tandis que le rottweiler me mordait au niveau des cuisses". Si Fabien a bien tenté de se débattre, il a cependant continué à courir, pour ne pas être à la merci des chiens. "Si je m’arrêtais, j’avais l’impression qu’ils m’attaqueraient encore plus. Cela a bien duré 20 minutes, c’était interminable".

Au bout d’un gros quart d’heure, le propriétaire retrouve la trace des chiens, alors que ceux-ci commençaient à être distancés par Fabien. "Il ne s’est même pas excusé ! Il m’a dit que j’aurai mieux fait de faire demi-tour plutôt que de continuer à courir, il a pris ses chiens et il est parti. Il m’en voulait presque de lui avoir fait perdre du temps de sa journée !"

Résultat de cette douloureuse matinée : des jambes blessés, un jogging arraché et quelques euros de perdu. "J’ai dû faire des rappels de vaccins, payer des médicaments et prendre une semaine d’arrêt. Cela fait un peu beaucoup pour ce qui était censé être un simple footing !", explique-t-il. Mais Fabien a également déposé une plainte à l’encontre du propriétaire des deux chiens.

Car comme l’indique le règlement général de la Zone de Police de Semois-et-Lesse, le propriétaire a bien été en infraction sur plusieurs points. Voici un bref rappel des règles si vous possédez un animal.

Manifestement agressifs et enclins à mordre, les deux chiens étaient dans l'espace public, pas muselés.

Comme l'explique la deuxième phrase, le maître doit pouvoir maîtriser son animal, ce qui n'a pas été le cas ici.

Enfin, le propriétaire a, d'après les dires de Fabien, bien laisser divaguer les chiens sur l'espace public.

"Une morsure de chien peut être très traumatisante"

Après une telle expérience, peut-on être plus méfiant, voire effrayé à la vue de gros chiens ? Pour Rodolphe Oppenheimer, psychologue spécialisé dans le domaine, ces attaques peuvent avoir un réel impact sur la victime. "C’est tout à fait différent que d’être agressé par un autre humain : avec un humain, on peut laisser place à une discussion, on peut laisser place à une certaine forme de raisonnement de la part d'un individu. Même si l'agresseur ne veut rien entendre, il est pour nous concevable de trouver une issue. Lorsqu'un chien de ce type nous court après, notre conscience voit la mort arriver de façon inéluctable, aucune ' négociation' aucune 'discussion' par définition n'est possible, ce qui rend l’expérience assez traumatisante".

Les cas de traumatismes ne sont donc pas rares après avoir été mordu par un chien. "Le cerveau va créer une nouvelle équation mathématique : chien = morsure, morsure = décès, et il faudra aider le sujet à comprendre que ce mécanisme est faux."

Un diagnostic qui correspond tout à fait avec le sentiment qui habite désormais Fabien, qui, pourtant, est à l’aise avec les chiens : Fabien travaille dans une animalerie depuis plusieurs années ! "Avec les petits chiens pas de soucis, mais désormais quand j’entends un aboiement, je suis sur mes gardes. J’ai repris le footing, mais si j’entends des aboiements en courant, je vais changer de direction et m’en éloigner". Un sentiment normal, selon le psychologue Rodolphe Oppenheimer. "Peu de temps après une agression, il faut pouvoir reconstruire, petit à petit, son rapport aux chiens".

Peut-on devenir cynophobe après une attaque ?

La phobie des chiens a un nom, la cynophobie. Si certains en sont atteints sans même n’avoir jamais subi d’attaques de chiens, il est possible de développer une certaine forme de cynophobie après une expérience comme celle qu’a vécu Fabien… Mais elle n’est pas inéluctable et peut se travailler, explique Rodolphe Oppenheimer.

"Elle se travaille en thérapie comportementale et cognitive avec nos patients, nous allons tenter de raisonner sur l'agression dont ils ont été victimes. Tout d'abord, les chiens ne sont pas tous méchants, commencer avec des petits exemples comme cela. Il existe d’autres méthodes, à faire chez soi, comme s'exposer à les regarder, même en photo si des vidéos sont encore trop anxiogènes. Cela peut être aussi le fait de regarder des chiens dans un film, puis petit à petit augmenter le niveau de l'exercice", conclut le professeur.


 

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