La crise sanitaire mine le moral de la population, et en particulier des plus jeunes. Les pédopsychiatres constatent une augmentation des cas de dépression mais aussi de burnout chez les 13-25 ans. Nous avons rencontré Ophélie, une étudiante en burnout. Elle pense même arrêter ses études.
"J'ai fait appel à mon médecin qui confirme le diagnostic du burn-out". Ophélie est étudiante en psychologie. À 24 ans, ses études sont une source de stress et d’épuisement mental. Les mesures sanitaires ont accentué cette situation.
"C'est dommage que ce truc-là me donne envie d'abandonner. Je n'arrive plus et c'est un combat contre moi-même. Ce n'est pas évident. Encore aujourd'hui, je pense à tout arrêter. À quoi bon? Se dire 'T'auras ton diplôme dans deux ans et quoi? Pour être au bout de ta vie", souffle-t-elle.
Ses amis l'ont poussée à consulter d'abord un psychologue puis un psychiatre. "Pendant un petit temps, j'ai eu des antidépresseurs, des somnifères et des médicaments contre l'anxiété et l'angoisse", explique-t-elle.
Deuxième vague dans la santé mentale
Aujourd’hui, ce sont les jeunes entre 13 et 25 ans qui sont le plus touché psychologiquement par les conséquences des mesures sanitaires. Celles-ci ont socialement isolé les jeunes, et cela se répercute sur leur comportement.
"Ce sont surtout des troubles anxieux et des troubles dépressifs. Chez les adolescents, nous avons beaucoup de passages à l'acte suicidaire. Nous avons quelques troubles alimentaires mais ils étaient plus présents en début de vague de décompensation psychique. Et nous en sommes à la deuxième vague aujourd'hui dans le domaine de la santé mentale", éclaire Sophie Maes, pédopsychiatre et cheffe de service de l'unité pour adolescents au domaine ULB.
Les services de psychiatrie pour jeunes sont submergés de nouvelles demandes. Une carte blanche a été signée par 83 pédopsychiatres et psychiatres pour signaler la faillite depuis des mois dans les hôpitaux.
Améliorer les conditions de vie
Ces professionnels de la santé alerte sur "la faillite actuelle du système de soins en santé mentale, mais aussi de celle de l'aide à la jeunesse, de l'aide sociale, et du monde psychosocial dans son ensemble". Il est urgent, plaident-ils, "de changer de paradigme, où prévenir vaudrait mieux que guérir et où l'on travaillerait davantage les problématiques à leur racine, afin de diminuer la souffrance psychique, au niveau des individus, des groupes, des couples et des familles, du monde de la petite enfance jusqu'à celui de nos aînés." "A eux seuls, les professionnels de l'aide n'arriveront pas à relever ce défi de diminuer significativement, en amont de la sphère des soins, la souffrance des individus et des groupes. L'engagement de chaque citoyen et de chaque politicien est plus que jamais nécessaire pour créer ensemble des conditions d'existence plus favorables", concluent ces 83 psychiatres et pédopsychiatres.
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