Annie en a été victime au mois de décembre. Entre fin octobre et le dernier mois de 2018, la police a enregistré quatre fois plus de vols qu'à l'accoutumée. Ce week-end, de nouveaux cambriolages ont été commis. Nous avons demandé à un spécialiste en sécurité les moyens à mettre en place pour se prémunir le plus efficacement possible.
Rentrer chez soi et voir qu’un intrus a pénétré dans votre habitation en votre absence est toujours un événement traumatisant. C’est ce qu’a vécu Annie, en décembre dernier. Sa maison, située à Wavre, a été cambriolée, et selon elle, elle ne serait pas la seule dans le cas. "Plusieurs habitations ont été cambriolées, avec le même mode opératoire, à la tombée de la nuit", affirme-t-elle via le bouton orange Alertez-nous. Cela se passe dans une maison vide et, pour s’introduire, on abîme plusieurs châssis et on casse le double vitrage", ajoute-t-elle.
Pas de dégâts par contre à l’intérieur. "Le mobilier a été fouillé mais est en ordre, ils ont seulement pris les bijoux et l’argent". Même s'il n'y a pas beaucoup de casse, cela ne change rien, et le choc reste tout aussi grand. "Vous rentrez chez vous, sensation de froid et de courant d’air, bingo c’est votre tour! C’est une véritable plaie dans le Brabant Wallon", déplore Annie.
Quatre fois plus de vols ces derniers mois
Les vols se multiplient-ils donc dans la commune et aux alentours? Oui et non selon la police locale de Wavre. "Nous avions au début 2018 les meilleurs chiffres qu’on n’ait jamais eus", explique le commissaire Christian Goffinet. Mais ensuite, les choses se sont gâtées en fin d’année. "On a eu énormément de vols fin octobre, en novembre et début décembre". Et la différence est assez flagrante. "Habituellement, il y a 7 ou 8 vols par mois environ. Là, on est montés à 30-35 vols tout d’un coup". C'est donc quatre fois plus qu'en temps normal.
Ce week-end encore, plusieurs cambriolages ont été commis dans le quartier des Quatre Sapins. La police est intervenue après qu'un individu suspect a été repéré. Aidée d'un chien pisteur, les forces de l'ordre ont tenté de retrouver sa trace, mais sans succès.
Le commissaire l’affirme, ce sont bien tous les quartiers de l'entité qui ont été visés: "Il y a eu des cambriolages à Limal, à Bierges, ou encore dans le quartier des Quatre Sapins à Wavre." Ce quartier résidentiel a été fortement ciblé, ce qui est d’ailleurs habituel dans ce genre de situation. "Souvent, il s’agit de maisons quatre façades, avec de la végétation autour. Elles sont inoccupées en journée, parce que les gens travaillent".
"Ils n'hésitaient pas à casser le carreau"
Notre alerteuse l’a souligné, les cambrioleurs n’ont pas pris grand-chose dans sa maison, mis à part les bijoux. C’est le même constat qu’a dressé la police dans les autres habitations. "C’était toujours la même chose. Ils fracturaient le châssis, et si ça ne marchait pas, ils n’hésitaient pas à casser le carreau. Ensuite, ils ne volaient pas de télévision, pas d’ordinateur, mais rien que des bijoux, et parfois de l’argent quand il y en avait. Parfois, ce n’étaient même que des tentatives, et ils ne volaient rien", détaille Christian Goffinet.
"On a eu affaire aux mêmes personnes"
On le sait, la fin d’année est toujours propice aux vols, ce qui peut en partie expliquer les faits. Mais vu le mode opératoire utilisé par les cambrioleurs, et la ressemblance entre les vols, il n’y a pas beaucoup de doute à avoir pour le commissaire: "On pense qu’on a eu affaire aux mêmes personnes. A priori, selon les constatations, il s'agirait de personnes originaires des pays de l’Est."
Depuis la mi-décembre, la police constate tout de même une amélioration dans les chiffres. "On ne va pas non plus dire qu’il n’y a plus de vols, mais on est revenus à des chiffres habituels, moins catastrophiques". Il y a une explication à cette bonne nouvelle. "La zone de police des Ardennes Brabançonnes a récemment arrêté deux auteurs d’origine albanaise. Depuis lors, ça semble aller mieux". Pour le commissaire Goffinet, il pourrait donc s’agir des cambrioleurs qui ont sévi dans les quartiers de Wavre, même s’il est évidemment difficile d’entre être certain.
"Il faut faire installer un système de sécurité performant"
Face à tout cela, Annie se pose une question: "Comment sécuriser son habitation?". La police propose notamment un service de techno-prévention. "Nos policiers sont formés pour donner des conseils pour sécuriser sa maison. On en parle toujours à ceux qui ont été cambriolés, même s’il pour eux il est trop tard. Mais tous les citoyens peuvent en fait faire appel à ce service".
De nombreux systèmes de protection existent, mais il est parfois difficile de s’y retrouver. "Ce qu’il faut, c’est faire installer un système de sécurité performant", explique Olivier Herbigniaux, gérant d'une entreprise de sécurité basée dans la région de Charleroi. Pour lui, l’installation d’une alarme est le premier réflexe à avoir. "Cette alarme doit être efficace, car un vol dure très peu de temps".
La vidéosurveillance, un dispositif complémentaire
Pour un cambrioleur déterminé, l’alarme n’empêche pas de rentrer dans une habitation, mais elle reste tout de même un très bon moyen de dissuasion. "Le fait d’avoir une sirène extérieure est d’ailleurs extrêmement important", précise Olivier Herbigniaux. Les technologies actuelles utilisent maintenant l'image pour compléter les systèmes de protection d’habitations. "Les stratégies visuelles donnent de bons résultats. Les détecteurs vont prendre une série de photos lorsque l’alarme se déclenche, et il y a aussi les systèmes vidéo".
L’objectif recherché est simple: gagner le plus de temps possible, et mettre rapidement le propriétaire au courant d’une intrusion dans son habitation. Ces photos et vidéos lui sont envoyées sur son smartphone. Cette technologie est de plus en plus prisée, au détriment des services de télésurveillance. "Le consommateur veut dépenser le moins possible, parce que ce genre de service engendre des frais. Puisqu’il reçoit les notifications en direct, il peut aussi gérer cela lui-même".
Les caméras sont donc un autre moyen de dissuasion efficace, puisqu’elles dérangent les cambrioleurs. Mais selon Olivier Herbigniaux, peu d’habitations sont uniquement sécurisées par ce dispositif. "En général, c’est toujours l’alarme qui est privilégiée, et elle se complète parfois avec des caméras".
Plusieurs réflexes à adopter au quotidien
Olivier Herbigniaux a également un conseil très important. "Il faut bien utiliser son système d’alarme. Certaines personnes font souvent de fausses manœuvres et le déclenche tous les deux jours. Du coup, le voisinage va s’habituer. Et si un jour il se passe vraiment quelque chose, il ne réagira pas, en pensant que c’est normal". Pourtant, si vous entendez une alarme tout près de chez vous, c’est la vigilance qui doit être de mise. "S’il n’y a personne dans la maison et que c’est une fausse alerte, la sirène s’arrête en 3 minutes. Mais si ensuite ça recommence, là il faut être attiré".
Il faut tout de même être sur ses gardes, puisque les cambrioleurs s’adaptent, et trouvent de nouvelles techniques, comme l’a souvent constaté la police. "Quand il y a une alarme, c’est souvent le rez-de-chaussée qui est protégé. Les cambrioleurs n’hésitent donc pas à casser une fenêtre au premier étage pour pénétrer dans la maison. Laisser traîner des échelles n’est donc pas une bonne idée, car ça leur facilite le travail", prévient le commissaire Christian Goffinet. Les cambrioleurs ont alors l’occasion de visiter les chambres, dans lesquelles se trouvent souvent les bijoux. "Il faut éviter cela, et au moins les mettre dans un coffre".
Protéger les étages est donc devenu primordial
Autre technique récente des cambrioleurs: l’accès par le toit. "La grande mode, c’est le vol par escalade. Les malfrats grimpent, retirent les tuiles, et rentrent par le toit", détaille Olivier Herbigniaux, le gérant de la société EG Collignon Security. Une raison supplémentaire donc de faire surveiller l’étage des habitations. "Dans le cas contraire, ils ont tout le temps qu’ils veulent pour fouiller. Ensuite ils descendent, l’alarme se met en route, ils emportent vite quelque chose et puis s’enfuient". Pour ce professionnel, il faut donc mettre des détecteurs à des endroits bien précis. "Je conseille toujours de faire surveiller un point de passage entre deux chambres, comme le hall de nuit par exemple".
"Fermer à clé les portes"
D’autres dispositifs existent aussi, comme les protections mécaniques, mais celles-ci ne sont pas à tous les coups efficaces, et ne résistent pas toujours très longtemps, assure Olivier Herbigniaux. "Il y a aussi d’autres habitudes à avoir, comme fermer à clé les portes intérieures, pour ralentir les voleurs. C’est contraignant, mais en cas d’intrusion, c’est un grand frein".
Pour lui, ce qui reste très important de toute manière, c’est la réaction apportée suite au déclenchement de l’alarme. "Souvent, les voleurs se cachent à l’extérieur, et ils attendent. Si personne n’arrive, ils retournent à nouveau à l’intérieur, parce qu’ils ont souvent eu l’occasion de masquer tous les détecteurs". L’arrivée rapide d’un voisin, d’une connaissance, ou encore de la police, est donc la solution la plus efficace pour parfois éviter le pire.
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