C’est lors d’une promenade au parc Louis Hap à Etterbeek en région bruxelloise qu'une personne a photographié une perruche. Elle nous a envoyé ce cliché via le bouton orange Alertez-nous, interpellé par la taille de l’animal. "Elle me semble bien grande par rapport aux autres perruches, quel est son genre?", demande-t-elle.
Nous avons soumis l'image à Vincent Bulteau, ornithologue: "Il s’agit d’une perruche à collier mâle", renseigne-t-il. "Le mâle est légèrement plus grand et massif que la femelle et est reconnaissable par sa bavette noire, bien visible sur la photo".
Espèce invasive
"C’est une espèce invasive", précise l’expert. Elle s’est implantée dans notre pays et peut en affecter l’équilibre écologique. Le site internet de la protection des oiseaux en Belgique nous apprend que la perruche à collier peut prendre lentement le dessus sur les espèces indigènes, "se reproduisant sans difficultés majeures et pouvant dès lors prendre lentement le dessus sur les espèces qui partagent les mêmes caractéristiques de nutrition, d’habitat et de reproduction", précise le site. Son principal prédateur en ville est le faucon pèlerin.
Des oiseaux originaires du nord de l'Inde où les conditions climatiques sont relativement proches des nôtres
Chez nous depuis 1968
Cela fait plusieurs décennies que ces perruches vertes sont observables dans la capitale belge. "Elles se sont échappées du zoo de MeliPark mais il y a aussi eu des échappés de cages de particuliers. La première nidification en Belgique en liberté date de 1968", souligne Vincent Bulteau. "A l’époque, on entendait dire que les perruches qui circulaient dans les parcs donnait un sentiment d’ "exotisme", nous raconte l’expert, "mais à ce moment-là, on ne connaissait pas et on ne s’imaginait pas l’impact des invasives" ajoute-t-il.
Le phénomène n'est pas propre à la Belgique et s'est aussi produit d’autres villes d’Europe. "C’est principalement de cette manière que les autres populations de perruches à collier se sont créées", nous apprend l’expert.
8.000 individus recensés en 2015, 13.000 estimées en 2020
Lors d’un recensement de cette espèce effectué par Natagora en 2015, le nombre de 8.000 avait été estimé. René-Marie Lafontaine, ornithologue à l'Institut Royal des sciences naturelles de Belgique précisait dans l'un de nos reportages que l’adaptation de la perruche verte à notre climat belge n’avait pas été difficile : "Ce sont des oiseaux qui viennent du nord de l'Inde, proche de l'Himalaya où ce sont des conditions climatiques relativement proches des nôtres et où elles sont d’ailleurs en compétition avec peu d'espèces".
Les perruches à collier de Bruxelles sont ce qu'on appelle des populations férales, (c'est-à-dire qu'elles sont retournées à l’état sauvage en étant issues de captivité). Elles restent principalement dans les milieux urbains et se reproduisent dans les boisements de type "parc". A présent, on estime leur nombre à 13.000.
Expansion progressive vers le sud du pays
"C’est dans les années 1990, que les perruches ont quitté Bruxelles. Elles sont apparues dans un premier temps au sud de la forêt de Soignes et puis dans le bois de Meerdael (à la limite du Brabant flamand et du Brabant Wallon), avec une plus grande expansion à partir de 2005", détaille l’ornithologue.
Sur le site observations.be, on peut consulter des cartes montrant l’expansion et l'évolution géographique des perruches ces 20 dernières années. La Flandre est désormais pratiquement entièrement colonisée, et chaque année, l’espèce progresse vers le sud du pays.
Des perruches au comportement étrange repérées dans le Brabant Wallon
Dans le Brabant Wallon justement, dans la localité de Beauvechain où Vincent Bulteau est conseiller en Environnement, l'ornithologue a pu observer dans son jardin des perruches cueillir des cerises encore vertes pour les décortiquer et en manger les noyaux… Une bizarrerie selon le scientifique. "Les autres espèces attendent que les cerises soient mûres. C’est une anecdote qui mérite d’autres observations pour voir si cela reste anecdotique ou bien si c'est une nouvelle concurrence", remarque-t-il. "Ce qui est moins anecdotique, c'est qu'aux mangeoires, quand les perruches arrivent, les autres espèces s’en vont…", se désole l'expert.
(c)Pixabay
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