"Dans la ville de Suihua en Chine, ma fille est bloquée depuis un mois dans une famille". C'est une situation bien angoissante pour une mère que Marie nous a confiée dimanche dernier via le bouton orange Alertez-nous. Sa fille Charlotte, mannequin bruxelloise de 21 ans, est arrivée en Chine il y a quatre mois. Venue pour des raisons professionnelles, la jeune femme a ensuite profité de son passage pour s'offrir un peu de repos. Son séjour aurait dû s'achever il y a un mois. Mais l'épidémie du coronavirus en a décidé autrement.
Même si Suihua, petite ville de l'extrême nord-est de la Chine est à 25 heures de route de Wuhan, la grande ville de 11 millions d'habitants où la maladie est apparue, Charlotte ne peut la quitter et y est immobilisée depuis un mois. "La sécurité est vraiment dingue, on est un peu comme dans des films d'horreur où les rues sont vides. Il y a de nombreux policiers qui vérifient votre destination. Il y a des laissez-passer pour aller chercher la nourriture", décrit la jeune femme. Celle-ci espère rejoindre Harbin, ville touristique célèbre pour ses statues de glace qu'elle avait visitée avant de monter plus au nord encore à Shuihua où habitait la famille d'amis. Une fois à Harbin, Charlotte compte rejoindre la mégapole Shanghaï "où se trouvent toutes mes affaires avant de retrouver un vol vers Bruxelles".
Avec l'attestation, je pourrais aller dans de plus grandes villes et éviter d'être mise en quarantaine s'ils ont des doutes
Mais, pour se déplacer, Charlotte doit obtenir l'attestation qu'elle est en bonne santé. Pour obtenir ce papier libérateur, elle vient de passer des tests pendant une semaine: "Je fais des tests à l'hôpital depuis plus d'une semaine pour vérifier que je n'ai pas été contaminée afin d'obtenir un laissez-passer pour pouvoir entamer mon trajet de retour. Avec l'attestation, je pourrais aller dans de plus grandes villes et éviter d'être mise en quarantaine s'ils ont des doutes", dit-elle. Au moment où nous l'avons interrogée, elle attendait les résultats sans crainte car elle se sait non contaminée. Par ailleurs, les transports, longtemps fermés, rouvrent petit à petit. Si l'espoir luit, Charlotte patiente cependant avec un sentiment de grande inquiétude: "J'ai peur de rester bloquée jusqu'à ce que l'épidémie s'arrête et que ça prenne des mois", craint la jeune femme. Mais la Belgique la soutient: "Je suis en contact avec l'ambassade à Pékin, elle m'aide beaucoup", dit-elle. "Nous sommes en contact régulièrement avec elle. Elle est bloquée suite aux mesures de confinement des autorités chinoises. Elle est en bonne santé", nous ont confirmé les Affaires étrangères.
La situation s'est cependant débloquée cette nuit. Charlotte a obtenu son visa et devrait retrouver Shanghai le 23 février. Mais elle devra composer avec les transports en commun et retrouver son appartement, situé dans une zone de quarantaine. Selon elle, il est donc possible qu'elle soit forcée d'y rester pendant au moins 40 jours complémentaire.
La maman de Charlotte, elle, n'est pas aussi sereine. Quelques heures avant la publication de l'article, elle nous confiait sa grande inquiétude : "Personne ne l'aide ni ne traduit. Elle a fait tous les tests médicaux et administratifs en sortant tous les jours par moins 20 degrés. Mais il manque toujours quelque chose. Elle est mal en point physiquement et moralement car elle doit sortir tous les jours par moins 20 degrés", nous écrivait-elle.
Jeudi matin, le nombre total de victimes du coronavirus en Chine s'élevait à 2.118 personnes pour 74.500 infections. La plupart des nouveaux cas et décès ont été enregistrés à Wuhan, le chef-lieu du Hubei, où le virus serait apparu sur un marché de la ville au mois de décembre. Si ces chiffres ne sont pas anodins, ils sont toutefois en baisse. La Chine a annoncé jeudi que le nombre quotidien de nouveaux cas de contamination au coronavirus au plus bas depuis près d'un mois.
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