Le coronavirus en Belgique impacte fortement le travail des infirmières et infirmiers qui travaillent en hôpital mais également celles et ceux qui doivent se rendre au domicile des gens. Beaucoup sont dans le désarroi le plus total et nous contactent.
C'est le cas de Vincent. Cela fait 40 ans que lui et sa femme travaillent comme infirmiers à domicile indépendants dans la région de Charleroi. Aujourd'hui, il est très inquiet pour lui, pour sa compagne et pour les gens chez qui il se rend. "On est à genoux", confirme-t-il. "Nous passons de maison en maison sans aucune protection particulière. Tout ce que j'ai, c'est une paire de gants et un fond de gel hydroalcoolique". L'infirmier de 60 ans se rend pour le moment chez 15 patients différents. "Je ne les embrasse pas, c'est vrai, mais je dois faire leur toilette. Je suis désolé de l'expression mais j'ai le nez dans leur derrière. Si la personne est malade, elle me contamine et vice-versa. Est-ce qu'on ne pourrait pas éviter les soins non-vitaux durant 15 jours? Est-ce que ça serait un drame de ne pas se laver pendant 15 jours pour protéger la santé de tous? J'ai l'impression que nous sommes complètement oubliés par les mesures".
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"Il y aura de plus en plus de patients infectés par le coronavirus à domicile"
Des infirmières employées par la CSD, la Centrale de Services à Domicile, nous ont également contacté. "Ils ne nous fournissent pas de masques", nous confie une d'elles. "Comme nous allons au domicile des gens, on peut à tout moment nous transmettre le virus".
Nicolas Piette, directeur opérationnel à la CSD Liège nous confirme qu'en effet ils sont touchés de plein fouet par la pénurie de masques. "Avec la solidarité de quelques associations et du public, nous allons pouvoir distribuer des masques en tissu", indique-t-il. "On a reçu un message dans lequel on nous promet que les infirmiers à domicile vont recevoir des masques parmi ceux arrivés en Belgique aujourd'hui". Nicolas Piette souligne quand même que des mesures très particulières sont mises en place pour les patients à domicile qui sont infectés par le coronavirus. "Et ils seront de plus en plus nombreux car les hôpitaux ne sauront pas accueillir tout le monde. Dans ces cas-là, toutes les précautions sont prises pour qu'il n'y ait aucun risque de contamination, y compris évidemment des masques chirurgicaux".
"Notre salaire garanti va être interrompu"
Julie (prénom d'emprunt car elle souhaite conserver l'anonymat) nous a envoyé un message via le bouton orange Alertez-nous. Elle travaille justement comme infirmière à domicile à la CSD de Liège. Elle se plaint d'une mesure qui a été prise il y a quelques jours. "Nous venons d’apprendre que notre salaire garanti va être interrompu si nous sommes en maladie", s'indigne-t-elle. "Nous serons payées par la mutuelle à raison de 60% de notre salaire. Donc, nous travaillons énormément sans matériel de protection et si nous tombons malades, nous perdons 40% de notre paie. Est-ce une menace pour nous obliger à travailler, même malade?"
Nous avons interrogé à ce sujet Nicolas Piette, le directeur opérationnel de la CSD de Liège. Il confirme la mesure mais il indique également qu'il s'agit de préserver la santé économique de la Centrale. "Nous ne fournissons pas uniquement des services d'infirmiers à domicile. Et dans cette période, de nombreuses activités sont à l'arrêt. Nous avons donc fait une déclaration conservatoire de chômage pour force majeure auprès de l'ONEM. Quand on fait cette déclaration, l'ensemble du personnel en salaire garanti bascule sur le régime d'indemnité mutuelle en cas de maladie. Cette décision a été prise mardi lors d'un conseil d'entreprise extraordinaire et avec l'accord des délégués des travailleurs. Ce n'est en aucun cas un moyen de pression, nous devons nous assurer la pérennité financière de la Centrale pour pouvoir donner du travail à tout le monde à la fin de cette période compliquée".
Les messages des infirmiers et infirmières à domicile via le bouton orange Alertez-nous ont, en tout cas, été nombreux depuis le début du confinement. Les craintes pour la santé se mélangent à celles économiques. Pour le moment, aucune aide financière n'est prévue par le gouvernement pour cette profession.
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