La présence à l'école sera à nouveau obligatoire en septembre. Sans exception, même si un parent est atteint d'une maladie qui le rend plus sensible à des complications en cas d'infection Covid-19 transmise par son enfant. Un père verviétois de trois enfants déplore qu'on n'ait pas pensé à ces parents "à risque" dont il fait partie.
La rentrée des enfants dans l'enseignement primaire aura lieu dans une semaine, le mardi 1er septembre. Elle se fera en jaune, deuxième niveau dans l'échelle de quatre couleurs qui détermine le fonctionnement des écoles dans les circonstances de l'épidémie de Covid-19. Le code jaune équivaut à un risque faible. Il est justifié par plusieurs constats rappelés par la ministre de l'Éducation dans la circulaire qui détaille les conditions pratiques du retour (obligatoire) sur les bancs de l'école:
- En Belgique comme à l’étranger, le nombre de cas positifs chez les enfants de moins de 12 ans est largement inférieur au poids démographique de cette catégorie d’âge
- La reprise partielle des leçons en mai et en juin n’a pas suscité d’augmentation de la circulation de l’épidémie
- Les cas observés dans les écoles ont été peu nombreux et, en écrasante majorité, la contamination s’était faite en dehors de l’école
"A-t-on pensé aux parents à risque ?"
Mais, si la rentrée s'avère sûre pour les écoliers, a-t-on pensé aux parents à risque, c'est-à-dire ceux qu'un problème de santé rend plus sensible à des complications en cas d'infection par le coronavirus ? C'est la demande de Patrick, 56 ans atteint, selon ses dires, d'un diabète de type 2 (voir au bas de l'article) qui s'est aggravé ces dernières années passant d'une simple prise de pilules à, désormais, quatre injections d'insuline par jour.
Hypertension, maladies cardio-vasculaires et diabète
Dans un rapport de Sciensano, l'institut de santé publique belge, datant du mois de juin, on apprenait que les trois quarts des personnes hospitalisées pour une infection Covid-19 souffraient d’au moins un problème de santé préexistant (on parle de comorbidité). Les plus courants étaient l'hypertension, les maladies cardio-vasculaires et le diabète. Patrick est dès lors une personne à risque. "J'en ai parlé avec mon diabétologue, mon médecin traitant et mon cardiologue, je suis à haut risque" dit-il, avant de préciser que "mon médecin traitant dit que le risque existera tant qu'il n'y aura pas de vaccin."
Cet habitant de Verviers, père de trois enfants, craint que sa fille de 11 ans ne soit contaminée à l'école et qu'elle lui transmette la maladie. "L'enfant peut très bien tomber malade, ne développer aucun symptôme mais être contagieux", rappelle le quinquagénaire, qui, outre son diabète, est invalide depuis 2001 suite à un autre problème de santé survenu alors qu'il travaillait en usine. "Est-ce que l'État a pensé aux gens qui sont malades derrière ?" questionne-t-il via notre bouton orange Alertez-nous après avoir aussi soumis la même question par lettre à la ministre de l'Education elle-même, Caroline Désir.
S'ils sont sortis cinq fois depuis le début de la pandémie, c'est beaucoup
Ses enfants sont restés à l'intérieur
Lorsque l'école primaire avait rouvert au mois de mai, elle n'était alors pas obligatoire. La fille de Patrick n'y était pas retournée. Plus généralement, les deux enfants de Patrick encore à la maison (une fille de 11 ans et son frère de 17 ans, le troisième plus âgé habitant ailleurs) n'ont presque pas mis le nez dehors depuis l'instauration du confinement en mars. "S'ils sont sortis cinq fois depuis le début de la pandémie, c'est beaucoup" affirme le père qui ajoute que "la petite a très peur pour moi, donc elle sort très peu."
Une absence de contacts tactiles difficilement envisageable
Mais à partir de septembre, la présence à l'école est à nouveau obligatoire. La fille de Patrick va donc devoir sortir et être exposée. Pour Patrick, il deviendra donc dangereux de continuer à vivre comme avant dans l'appartement avec sa compagne et leurs deux enfants. "Si elle rentre à l'école, pour bien faire je devrais quitter l'appartement parce que c'est trop de risques pour moi. Ce serait trop compliqué que je m'isole dans une chambre", dit-il. Ne serait-il pas possible de maintenir une distance entre eux et faire en sorte que l'enfant porte le masque quand elle est à l'appartement ? "Elle est habituée à recevoir des câlins depuis qu'elle est toute petite, on a toujours été proches depuis qu'elle a eu des problèmes au coeur quand elle était toute petite. 'Ne plus pouvoir te prendre dans mes bras, ne plus pouvoir te faire un câlin, ça va être impossible' qu'elle me dit", nous raconte le Verviétois.
Pas de solution miracle
Que compte-t-il faire ? "Je n'en sais rien, je pense que beaucoup de personnes attendent comme moi le 1er septembre pour trouver une solution", répond-il. A-t-il des idées ? Pas vraiment, admet-il. "Je ne pourrai pas imposer le masque à toute la classe de ma fille. Ce ne serait pas juste. Je sais ce que c'est de porter un masque sur la bouche toute la journée, ce n'est pas évident", reconnait-il. Il imagine mais sans réelle conviction, conscient sans doute de la difficulté de leur mise en oeuvre, certains aménagements comme mettre des panneaux de plexiglas autour du banc de sa fille (on a vu ce genre d'isolement dans des classes de Taïwan) ou peut-être des cours à domicile, mais cette option ne sera pas possible car la présence physique à l'école sera impérative, les enseignants ne pouvant pas à la fois donner cours en classe et donner en plus à certains moments des cours à distance. Par ailleurs, Patrick ne disconvient pas que le retour à l'école et l'aspect social qu'il revêt est important pour un enfant.
Au cas par cas
La circulaire qui fixe les conditions pratiques de la rentrée ne prévoit pas de mesures spécifiques pour les enfants de parents à risque. Toutefois, cela n'empêche aucunement chaque école de prévoir certains aménagements pour rassurer les parents à risque d'un enfant, en particulier si un certificat médical est présenté, nous ont déclaré le cabinet de la ministre de l'Éducation de même que le directeur du réseau d'enseignement libre. Mais il reste toutefois évident qu'il ne sera pas possible d'organiser une école en fonction de tous les cas particuliers.
LE DIABÈTE
Cette maladie est liée à un taux de glucose inadapté dans le sang. Le contrôle du glucose dans le sang est assuré par l'insuline. Cette hormone est produite par le pancréas.
Avec le temps, cette maladie peut provoquer de nombreuses complications.
Il existe deux types de diabète:
Diabète de type 1 (10% des cas)
Cause: le système immunitaire produit des anticorps qui détruisent les cellules du pancréas qui produisent de l'insuline. Ce type de diabète apparaît le plus souvent dans l'enfance ou au début de l'âge adulte.
Les personnes diabétiques de type 1 ont besoin d'injections quotidiennes d'insuline ou d'une pompe à insuline.
Diabète de type 2 (90% des cas)
Il apparaît en général après la quarantaine et s’installe de façon progressive.
Cause: une diminution de la sensibilité des cellules à l'action de l'insuline ou une quantité insuffisante d'insuline fabriquée par le pancréas.
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