Dario est à la tête d'une start-up qui rencontre un franc succès. Face au développement de son entreprise, il cherche un nouveau collaborateur, mais éprouve les pires difficultés à trouver le profil adéquat. Selon lui, notre société ne produit pas des travailleurs "ambitieux et motivés", mais plutôt des employés "qui privilégient leur sécurité" d'emploi, au détriment de l'épanouissement professionnel.
Avec un ami d'enfance, Dario a mis une start-up sur pied: Belgibeer. L'objectif ? Faire connaître les bières belges peu connues au grand public. Il faut dire qu'avant de faire le tour du marché, il y a de la marge. "Il existe plus de mille bière belges, la plupart venant de brasseries peu connues", nous a-t-il fait remarquer fièrement. Et fier, il l'est aussi de son projet. Avec son équipe, il propose des formules d'abonnements. Chaque mois, on vous livre une box comprenant 8 bières artisanales belges. Avec un tel concept, le succès est au rendez-vous et les abonnés se multiplient. Belgibeer compte des clients dans 6 zones européennes: l'Angleterre, la France, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et le Benelux.
La PME tourne donc à plein régime. A tel point que l'équipe actuelle, composée de 6 personnes, cherche à s'agrandir. Et bizarrement, c'est là que Dario et ses collaborateurs se retrouvent confrontés à une sérieuse difficulté. "Nous avons beaucoup de mal à trouver des jeunes qui aimeraient nous aider à développer notre concept ultérieurement. Personne ne s’engage. Nous proposons pourtant un CDI comme premier emploi mais malgré cela, les jeunes préfèrent aller travailler avec des grandes entreprises plutôt qu'avec des start-ups", nous a confié Dario via notre page Alertez-nous.
"On est loin du rêve américain"
Un constat étonnant, à plusieurs égards. Le taux de chômage reste très important dans le pays, surtout chez les jeunes de moins de 25 ans. Or, les 6 membres actuels de Belgibeer ont entre 20 et 35 ans. Braquée sur l'avenir, cette start-up cherche donc des personnes de 20 à 25 ans qui n'attendent qu'une proposition sérieuse pour se lancer dans le monde du travail. Qu'est-ce qui peut bien les en empêcher ? "En Belgique, et même dans toute l'Europe, on est loin du rêve américain. Les gens cherchent la sécurité, avec une mentalité d'employé qui a pour objectif principal de prester ses heures plutôt que d'être motivé ou d'aimer son travail. Et beaucoup de grandes boîtes leur offrent cette sécurité. En plus, ces grandes boîtes sont souvent privilégiées au niveau des impôts, alors que nous payons de grosses sommes. Cela joue aussi en notre défaveur, car les travailleurs imaginent sans doute, peut-être même inconsciemment, que nous sommes fragilisés. Or, moi j'ai les moyens pour garantir ce poste à plein temps", a précisé Dario.
"Les bonnes personnes restent indépendantes"
Bien entendu, Dario a aussi été confronté à d'autres profils. "On a sorti un jeune homme du chômage. Puis, une fois qu'il avait suffisamment travaillé pour récupérer ses allocations, il est parti. On a aussi des gens qui postulent uniquement pour ne pas être sanctionnés par l'ONEM. Mais honnêtement, ce n'est pas cela qui domine. Ce qui nous marque, c'est le manque de motivation, le manque d'audace. Dans notre équipe, on apprécie faire des restos entre nous, des sorties, des team buildings. Le tout avec l'objectif de faire avancer la PME, de nous motiver, de nous trouver des défis tout en prenant du plaisir à le faire. Mais les candidats au poste n'ont pas cette vision, avec cette motivation. La plupart du temps, ils viennent plus pour recevoir des ordres que pour proposer des projets", a encore regretté Dario.
Sa conclusion par rapport à ce constat est limpide. "Les bonnes personnes, et qui se savent douées, sont indépendantes. Elles ne veulent pas s'engager avec une boîte, avec un contrat, car elles sont sûres d'elles, sûres de ce qu'elles valent".
Admiratif du modèle américain, Dario a d'ailleurs souhaité nous faire partager une anecdote, révélatrice selon lui de la différence de mentalité entre notre société et celle de l'autre côté de l'Atlantique. "Ma copine est américaine. Son père a 80 ans et est en pleine santé, et jeune dans sa tête. Et vous savez quoi ? Il travaille encore. Et heureusement pour lui d'ailleurs, parce qu'il a des objectifs, des rêves. Chez nous, je pense qu'on ne retrouve pas ça. D'ailleurs les gens disent souvent attendre la pension, mais quand ils y sont, d'après les infos que j'ai, il y en a beaucoup qui dépriment ou dont l'état de santé se dégrade. Comment pourrait-il en être autement quand on n'a plus rien qui nous tire vers l'avant ?"
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