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Confinée dans son home à Courcelles, Émilienne a fêté ses 100 ans: bouleversée, elle voit apparaître sa famille par surprise (vidéo)

 
CORONAVIRUS
 

Le coronavirus en Belgique chamboule totalement notre quotidien mais malgré tout, la vie suit son cours. Confinés, plusieurs citoyens sont contraints de fêter leur anniversaire d’une manière peu ordinaire cette année. C’est le cas d’Émilienne, qui a célébré ses 100 ans il y a quelques jours, sans pouvoir être enlacée et embrassée par sa grande famille pour l’occasion. Mais contre toute attente, une surprise l’attendait!

Au sein de la maison de repos Le Bien-Être à Courcelles, 32 résidents ne mettent plus un pied dehors et sont coupés de tout contact physique avec leur famille depuis le 18 mars.

Jean, 71 ans, est l’un d’entre eux. Souffrant d’un cancer à un stade avancé et actuellement en chimiothérapie, il a été admis dans ce home avec son épouse, elle-même atteinte de la maladie d'Alzheimer, et dont il n'était plus en mesure de s’occuper seul.

Positif, bienveillant et bourré d’énergie malgré son cancer, cet ancien travailleur dans le domaine de la communication tente aujourd’hui de s’occuper comme il peut au sein de ce petit monde confiné. Via le bouton orange Alertez-nous, il nous a partagé une vidéo émouvante tournée et montée par ses soins, relatant un anniversaire pas comme les autres au sein de la résidence.

"Tout a été mis en place pour qu'Émilienne vive un beau moment"

"Émilienne a eu 100 ans ce 30 mars 2020! Normal, en soi. Mais il fallait la fêter, et ce n’est pas évident en cette période de confinement", nous écrit-il. "Malgré tout, la direction, le personnel et la famille d’Émilienne ont tout fait pour qu’elle vive un beau moment".

"Habituellement, pour ces occasions, on fait une grande fête", nous explique Janique Dupont, directrice de l’établissement. "Il y a de l’animation musicale, on fait venir un accordéoniste, la famille et les résidents sont là pour entourer la personne fêtée."

Si Émilienne a quelques pertes de mémoire, elle semble parfaitement comprendre les raisons du confinement. "Elle en parle tous les jours car elle est impatiente que ça se termine", nous confie Jean, qui la côtoie quotidiennement. "Lorsqu’on lui dit qu’il reste encore au moins un mois, elle s’exclame "Olalala, ça va être si long!"".

"Je vais avoir 100 ans et je ne vais pas voir mes enfants"

Née le 30 mars 1920, Émilienne a eu 6 enfants, 4 filles et 2 garçons: Vivianne, Monique, Jacqueline, Maggie, Freddy et René. Ils ont pu de nombreuses fois compter sur l’aide de leur maman, mais ils le lui rendent bien. "Ils sont si gentils avec moi!", se réjouit-elle sur la vidéo tournée par Jean.

Tous les jours en temps normal, Émilienne reçoit de la visite. Mais, consciente de la situation, elle s’était résolue avec tristesse à fêter seule sa 100e année de vie sur Terre. "Je vais avoir 100 ans et je ne vais pas voir mes enfants", disait-elle à la directrice de son home. Peinée, Janique Dupont se hâtait de pouvoir redonner le sourire à Émilienne grâce à l’énorme surprise qui se préparait en secret pour elle.

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"Sans la famille, le début de la fête s’est finalement déroulé presque comme à l’accoutumée", nous raconte la directrice. "On a fait les gâteaux nous-même, on a mis de la musique et on a bien espacé les résidents".

Des ballons accrochés à sa chaise roulante, un chapeau scintillant sur la tête, Émilienne profite de la fête organisée en son honneur.

Une surprise de taille

Mais alors que les résidents et le personnel chantent "joyeux anniversaire" en cœur, Émilienne voit apparaître de nombreux membres de sa famille derrière la vitre. Bouteilles de vin et victuailles en main, ce petit monde a tout prévu pour faire la fête avec elle, depuis le gazon qui entoure la cantine transformée en salle des fêtes.

Viviane, la fille cadette d'Émilienne, nous précise tout de même qu’elle et sa famille avaient demandé au personnel de sous-entendre que - peut-être - certains de ses enfants pourraient être présents. "Si on avait été catégorique en disant que personne ne viendrait, le choc aurait été trop grand, elle aurait été dans un état!"

"Ça fait mal de ne pas pouvoir la prendre dans ses bras"

Malgré tout, la surprise était entière. "Finalement, elle ne s’y attendait pas! Ça m’a fait tellement chaud au cœur de la voir", se remémore Viviane. "Ça fait mal de ne pas pouvoir la prendre dans ses bras, ce n’est pas évident à vivre. Surtout qu’elle attendait cet événement avec impatience, elle en parlait souvent. On lui avait dit qu’on allait lui organiser une grande fête! Mais je sais que tout ça, c'est pour son bien." Les images tournées par Jean en disent long sur l’émotion de la centenaire et de sa famille au moment des retrouvailles.

"J’avais un petit balcon pour moi!"

"C’était un moment d’émotion qui nous a fait du bien à tous", raconte la directrice. "On dansait à l’intérieur et eux à l’extérieur! Émilienne était heureuse et fort émue".

"C’était formidable, je n’aurais jamais pensé à ça, j’avais un petit balcon pour moi!", nous a glissé Émilienne par téléphone.

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Malgré son âge avancé, Émilienne ne vit que depuis 3 ans en maison de repos. "Maman a vécu seule jusqu'à ses 95 ans", nous explique sa fille Viviane. "On l’a gardée pendant 2 ans à la maison, mais à un moment donné, il a fallu que quelqu'un puisse être avec elle 24 heures sur 24, cela devenait trop dangereux."

Le secret de longévité d'Émilienne

Il y a seulement un an que la centenaire a cessé de pouvoir marcher et aujourd'hui, assise confortablement dans son fauteuil, elle semble prête à fêter encore bien des anniversaires!

Son secret de longévité selon sa fille? "Maman n'a jamais touché à l'alcool, encore moins aux cigarettes. Elle a toujours mangé sainement et n'a jamais appliqué aucun maquillage sur son visage!" 

Dans la résidence de Courcelles, Émilienne n'est pas une exception. La fin du confinement n’est pas à l’ordre du jour, et d’autres anniversaires devront se préparer dans les mêmes conditions. 100 ans pour l’un, 105 ans pour l’autre, la fête n’est pas terminée!

Pour certains, fêter leur anniversaire n'est pas concevable sans leur famille

Mais pour certains, l’idée d'un anniversaire sans serrer ses proches est trop difficile à imaginer. "Un couple devait célébrer ses 65 ans de mariage, mais ils ne veulent pas de fête, ça va leur faire trop mal au cœur", dit la directrice.

Au-delà des contacts familiaux distanciés, la vie ne semble pas si différente au sein du home. C'est ce qu'observent la directrice et notre alerteur Jean. "Beaucoup sont grabataires, ne savent plus qui ils sont... C’est comme s’ils étaient confinés toute l’année", nous dit Jean le résident, sans méchanceté aucune. "De mon côté, mon épouse ne me reconnait plus. Après avoir fait trois cancers en même temps, je continue de m’occuper d’elle comme je peux ici. Pour moi, le plus dur, c’est de ne pas sortir du tout."

"S'ils ont des microbes, qu'ils restent bien dehors!"

Malgré tout, les résidents ont la chance d'être confinés dans des espaces largement vitrés à Courcelles. Un avantage utile pour recevoir des visiteurs en étant protégés de l’extérieur. 

La majorité des résidents s’habituent donc aux mesures. Et beaucoup relativisent. "Lorsqu’on a expliqué pour la première fois à une dame que sa famille ne pouvait pas entrer car elle risquait d’amener un "microbe" de l’extérieur, elle a répondu du tac au tac "Oh et ben alors, qu’ils restent bien dehors!"", nous raconte la directrice avec le sourire.

"La guerre, c'était pire, et plus long!"

Jean nous rappelle également que beaucoup ont vécu la guerre, ce qui était une autre affaire. "Ils se disent "On a connu pire, et c’était beaucoup plus long! Aujourd’hui, on est en sécurité, on a un toit et à manger."

La situation est calme à la résidence Le Bien-Être, à tel point que la directrice elle-même a la sensation de ne pas ressentir les effets négatifs de la crise comme d’autres à l’extérieur. "J’entends beaucoup parler du coronarivus, j’écoute la radio, je regarde le journal télévisé, mais ici, tout est paisible et nous travaillons dans un environnement serein". Par chance, son établissement n’est pas touché par le coronavirus. Ni au niveau des résidents, ni au niveau du personnel, qui répond tous les jours présent à l’appel. 

Désormais, la directrice touche du bois et reste sur ses gardes. "On se réjouit, mais on sait bien que même la situation d'aujourd'hui peut changer demain".

Une équipe solidaire

Pour l'instant, la directrice est enchantée de voir grandir une belle solidarité au sein de son équipe. "Lorsqu’on s’est demandé si la seule solution était de tous rester ici sans ressortir, certains se sont proposés spontanément. J’ai une équipe formidable". 

Janique Dupont remarque que du côté des familles des résidents aussi, la solidarité se renforce. "Désormais, certaines familles viennent tous les jours, alors qu’avant, ce n’était pas le cas!"

Des communications via smartphone pas toujours évidentes 

Pour les autres, le contact avec la famille se maintient via Messenger ou WhatsApp. "Mais il faut bien reconnaître que pour beaucoup, ce n’est pas évident", remarque Jean, qui est l’un des résidents les plus familiers des nouvelles technologies. Il rêve qu’une salle avec un écran géant soit installée. "Ça serait utile pour voir nos familles sans smartphone, que beaucoup ne savent pas tenir en main".

Il n'y a pas encore de salle de vidéo-conférence à la résidence Le Bien-Être de Courcelles, mais chaque établissement tente de s’adapter doucement et fait évidemment son possible pour gérer au mieux la situation. 

Défi 110 ans sans confinement

Émilienne, elle, savoure encore le doux souvenir de ses 100 ans, tout comme sa famille. "Je suis très heureuse, le personnel est vraiment, mais alors là, vraiment chouette", nous confie aussi Viviane, sa fille. "Elles prennent le temps, elles agissent avec douceur et gentillesse".

Bien entourée, Émilienne se prépare à vivre bien d'autres événements. "Maintenant, que tu as 100 ans, on va se fixer un nouvel objectif", lance notre alerteur à Émilienne. "Tu vas aller jusque 110 ans!". Avec le sourire, Émilienne relève le défi: "J'espère que j'y arriverai!"

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