Fares habite la région montoise. Depuis plusieurs mois, il se dit inquiet des émanations de la cimenterie d'Obourg. Le panache de fumée qui se dégage ne lui inspire guère confiance. Pourtant, les autorités locales et la police des usines se montrent rassurantes.
"Ça fait un certain temps que j'ai remarqué qu'au niveau de la cheminée, le panache ne se diffuse pas." Fares nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour faire part de son inquiétude. Cet habitant de la région montoise se dit préoccupé par des dégagements de fumées visibles à des kilomètres dans les alentours. Ils émanent de la cimenterie d'Obourg à Mons (province du Hainaut). "J'ai travaillé dans le traitement de fumées", explique Fares, ingénieur chimiste, "je sais d'expérience que quand on voit quelque chose qui est résiduel et ne se dissipe pas, ce sont des poussières qui sont surtout au-dessus des normes autorisées", estime-t-il.
Même les retombées sont contrôlées
Les autorités locales se montrent d'emblée rassurantes. Pas question de s'inquiéter, selon elles. Catherine Marneffe est l'échevine de la Transition écologique et de l’Énergie-climat à Mons: "Les fumées sont contrôlées en continu. Des filtres sont également présents", rappelle-t-elle. "Les contrôles sont réalisés à la sortie des filtres et de la cheminée. Même les retombées sont contrôlées pour le respect des normes prévues dans le permis."
Des autocontrôles sont également réalisés par l'usine elle-même. C'est le groupe Holcim qui exploite la cimenterie. Séverine Baudoin est la porte-parole de l'usine d'Obourg. Elle explique: "Nous avons mis en place tout un système de contrôles internes mais nous sommes aussi contrôlés en externe. Des laboratoires extérieurs, accrédités par la Région wallonne, viennent vérifier également les émissions au niveau de la cheminée."
Des normes "respectées"
La Région Wallonne par le biais du Département de la Police et des Contrôles (DPC) et en charge de veiller sur le respect des normes inscrites dans le permis. Christian Niyongabo est inspecteur-environnement au DPC. "Les normes émises dans leur permis sont respectées. Si ce n'était pas le cas et que l'exploitant ne nous avait pas avertis, à ce moment-là on se retourne contre eux. On dresse un procès-verbal ou un avertissement", explique-t-il.
La cimenterie a déjà fait l'objet de dépassement par le passé. "Ils ne font pas plus de dépassements que d'autres", tempère Christian Niyongabo. Le groupe Holcim précise encore "que les normes appliquées au niveau de notre cimenterie sont de plus en plus importantes. La Région wallonne nous contraint de plus en plus au niveau des normes."
Un panache, plusieurs couleurs
Autre point soulevé par Fares, les couleurs changeantes que peuvent prendre ces fumées. "Ce panache de fumée n'est plus de la vapeur d'eau mais quelque chose qui reste et traverse le paysage sur des kilomètres et des kilomètres. Ce n'est pas anodin. Il reste quelque chose de visible, gris, jaunâtre. Ça dépend de la lumière. Elle peut être marron aussi."
Catherine Marneffe explique les différences de couleurs du panache de fumée par un phénomène qui est plus de l'ordre physique. "C'est plutôt dû à une différence d'éclairement. Le soleil étant plus rasant, ça donne des différences de couleur comme il peut y en avoir dans les nuages. Par contre, il n'y a pas de changement dans les compositions de la fumée."
L'usine Holcim détaille le phénomène qu'elle juge "tout à fait normal. La fumée qui sort de la cheminée est principalement composée de vapeur d'eau et celle-ci va sortir de la cheminée et créer ce panache qui va plus ou moins être dispersé en fonction de la teneur du vent. La lumière va jouer sur la couleur puisque vous allez avoir un effet de réverbération ou de diffusion de la lumière à travers les gouttelettes d'eau." Le SPW Environnement ajoute: "Ce n'est pas la couleur de la fumée qui va dire s'il y a une pollution ou pas." Et de rappeler que "les normes de pollution fixées dans le permis sont surveillées très attentivement."
Les riverains peuvent eux-mêmes contacter le DPC
Fares n'est visiblement pas le seul à s'inquiéter dans la région, puisque des voix se sont déjà élevées dans le passé. "On a régulièrement des inquiétudes de la part de riverains, c'est normal", relativise l'échevine, Catherine Marneffe. "Les différences de couleurs saisonnières font qu'il y a des inquiétudes supplémentaires. Nous répondons de manière détaillée pour expliquer la composition de ce panache. Il ne faut pas s'inquiéter qu'il y ait des différences de couleurs. Les fumées sont les mêmes toute l'année. Elles respectent les émissions qui ont été définies par les experts de l'Agence wallonne de l'air et du Climat lors de l'obtention du permis."
Rappelons enfin qu'il existe à disposition un numéro de téléphone, le 1718, qui permet de joindre les autorités compétentes si vous constatez une activité qui porte atteinte à l'environnement ou à la nature en Wallonie. "Un agent de garde peut intervenir de jour comme de nuit pour vérifier si l'établissement est en ordre", conclut Christian Niyongabo.
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