Le prix de l’essence et du diesel ne cesse d’augmenter ces derniers mois. Le bon marché LPG n'y échappe pas non plus. Man a opté pour ce carburant il y a quelques années, mais les hausses de prix actuelles lui laissent un goût amer. Ce type de carburant est en perte de vitesse selon les acteurs du secteur automobile.
Cela fait maintenant quatre ans que Man a acheté un véhicule qui roule au LPG. Comme beaucoup de personnes, cet habitant de La Louvière ne connaissait pas vraiment ce type de carburant auparavant. "C’est un véhicule que j’ai acheté en occasion au garage. Et c’est mon garagiste qui m’en a parlé, parce que c’est beaucoup plus propre".
Le LPG ne vient pas du gaz naturel mais du pétrole
Appelé en français GPL, il s’agit de Gaz de Pétrole Liquéfié. "Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, le LPG ne vient pas du gaz naturel. C’est bien un sous-dérivé du pétrole", explique la fédération pétrolière belge (FPB), que nous avons contactée. "Il est composé de butane et de propane. Lors du raffinage du pétrole brut, ces gaz représentent environ 2 à 3% des produits obtenus via la distillation. Ce sont les produits les plus légers issus du pétrole brut".
A ne pas confondre avec le GNL, du gaz naturel liquéfié, directement issu du gaz naturel, comme son nom l’indique. "Ce type de carburant est surtout utilisé dans le transport professionnel, pour les camions ou le transport fluvial et maritime, car ce n'est pas encore possible de les électrifier aujourd'hui", détaille la FPB.
"Je suis autorisé à circuler même lors des pics de pollution"
C’est donc bien vers le LPG que Man s’est tourné, et ce pour des raisons économiques et écologiques. "C’est beaucoup moins cher à la pompe, et c’est moins polluant que le diesel ou l’essence. Et j’en suis certain, car je suis autorisé à circuler même lors des pics de pollution quand je vais à Paris".
Moins de substances polluantes mais une plus grande quantité de CO2
Et il a raison. Un véhicule LPG est moins polluant. "Un des avantages du LPG tient dans la faible pollution engendrée", confirme Nadine Atanassoff, conseillère en études économiques à la Febiac, la Fédération belge et luxembourgeoise de l’automobile et du cycle. "Il produit globalement moins d’oxydes d'azote, de monoxyde de carbone et d’hydrocarbures imbrûlés que l'essence ou le diesel". Et ce n’est pas tout, puisque le LPG ne contient ni plomb, ni benzène et pratiquement pas de soufre, détaille-t-elle. "Quant aux particules, le LPG n'en produit pas. Par contre, il y a des émissions de CO2 plus élevées car les dispositifs consomment plus. L’écart peut aller jusqu'à 30%".
Le plein: 30 euros au lieu de 20 auparavant
Mais rouler au LPG n’a pas que des avantages.
"C’est un moteur entièrement différent, et surtout, il faut un très grand réservoir", explique-t-on auprès de la FPB. "C’est encombrant et ça prend de la place sur le volume du coffre". Vous ne pourrez pas non plus vous garer dans des parkings souterrains. "En cas de fuite, le gaz va s’accumuler et on risque l’explosion".
Mais ce n’est pas ça qui arrête notre alerteur. "Il y a bien d’autres endroits où se garer. Et pour le coffre, il suffit de prendre une voiture qui n’est pas trop petite. C’est ce que j’ai fait, car j’ai tout de même un réservoir de 80 litres".
Le Louviérois est content de son investissement. "C’est très stable et ça roule bien", affirme-t-il. Mais à présent, il y a un problème: "Maintenant, le prix flambe, et ça devient compliqué", se plaint-il. "Un plein complet me coûte presque 30 euros. Avant, c’était à peine 20 euros. Ça me coûte 10 euros en plus. Ça a énormément augmenté, et ça n’arrête pas de grimper. On nous prend pour des moutons, il y a beaucoup de choses qui ne tournent pas rond", s’énerve-t-il.
Le prix du LPG suit celui du pétrole
Le prix du LPG a quasiment doublé sur quelques années. Il a chuté en février 2016, où un litre de carburant ne coûtait que 0,364 euros. Mais ensuite, il n’a pas cessé d’augmenter, avec quelques pics, pour grimper à 0,658/L au début du mois d'octobre. Pour la fédération pétrolière belge, de telles fluctuations s’expliquent assez facilement. "Comme c’est un produit dérivé du pétrole, son prix varie lui aussi en fonction des marchés internationaux". Les prix du LPG, du diesel ou encore de l’essence varient donc environ de la même manière.
Une taxe de circulation complémentaire LPG
Le prix reste encore raisonnable, quand on le compare à celui des autres carburants, car le LPG n’est pas taxé par diverses accises, comme c’est le cas pour le diesel ou l’essence. Mais ce n’est pas suffisant pour Man. "On a une taxe supplémentaire à payer. Je débourse 140 ou 150 euros en plus chaque année". Si la taxe de mise en circulation (taxe qu'on paie une seule fois lors l'immatriculation de son véhicule) est réduite pour les véhicules au LPG, à l'inverse la taxe de circulation, qu'on paie annuellement, coûte plus cher.
Ce sont les régions qui fixent à présent le montant de cette taxe complémentaire, la compétence ayant été régionalisée. Mais le montant est identique pour le moment. Vous devez débourser entre 89,16 et 208,20 euros. "Le montant est calculé en fonction de la puissance du moteur", explique-t-on du côté de la fédération pétrolière belge. "Ces taxes se justifient parce qu’il n’y a à la base pas d’accises sur le LPG", détaille Nadine Atanassoff de la Febiac.
Notre alerteur explique également qu’il doit ajouter une somme supplémentaire lors des contrôles techniques. "Tout simplement parce que c’est du gaz. Il faut vérifier chaque année qu’il n’y a pas de fuite au réservoir, c’est normal", précise-t-il. Tout le dispositif doit en effet être revu lors du contrôle: le réservoir, l’étanchéité, les vannes, l’alimentation, les canalisations, etc. Pour un contrôle complet, il faudra débourser 17,30 euros, selon le barème des redevances du contrôle technique.
Chute des immatriculations
Malgré certains avantages, le LPG ne décolle pas en Belgique. "Ça a très peu de succès en Belgique", indique la FPB. "C’est un carburant en perte de vitesse actuellement. Ça reste intéressant du point de vue fiscal, mais il y a très peu de véhicules équipés", confirme Nadine Atanassoff.
Les véhicules LPG représentent aujourd’hui seulement 0,3% du parc de voitures total en Belgique selon les chiffres de la Febiac. En 2012, on comptait encore 26.346 véhicules LPG. Ils n’étaient plus que 14.640 l’année dernière. Les chiffres les plus récents pour l'année 2018 datent de juin. Ils font état de 14.495 véhicules de ce type pour plus de 5.700.000 véhicules au total sur notre territoire.
Le constat est évidemment similaire si on considère le nombre de véhicules neufs immatriculés chaque année chez nous. On comptait encore 192 nouveaux LPG en 2012. En juin 2018, il n’y en avait que 153 depuis le début de l'année. Cette baisse se remarque également dans le marché des véhicules d’occasion (4.283 en 2012, contre seulement 1.440 en juin dernier).
L’augmentation des prix du LPG et les différentes taxes découragent petit à petit notre alerteur: "Si ça continue à augmenter, ça ne va plus être intéressant de rouler au LPG. On parle d’écologie mais on pousse les gens à faire le contraire", déplore-t-il.
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