Une habitante de Merbes-le-Château a communiqué ses coordonnées bancaires par téléphone. Après coup, elle ne comprend pas comment elle s'est fait avoir si facilement. Preuve que l'arnaque dite "au Digipass", bien que dénoncée à plusieurs reprises sur RTL info et ailleurs, est bien rodée...
Ne baissez pas votre garde: les arnaques sur internet, par téléphone ou via le porte-à-porte ne sont pas près de disparaître.
Sur RTL info, nous relayons régulièrement des témoignages de victimes, ou de personnes signalant simplement la recrudescence d'un type d'escroquerie. Cette semaine, Farida a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous pour rappeler que l'arnaque dite "au Digipass" ou "à la commission européenne" était de retour (pour autant qu'elle ait un jour disparue…). Danielle, souvenez-vous, a été l'une des premières victimes à nous contacter, il y a plusieurs mois.
Pour les victimes d'appels intempestifs…
Farida est une femme prévoyante. Cette habitante de Merbes-le-Château (Hainaut), "après avoir vu l'information à la télé", s'est inscrite sur "la liste ne m'appelez-plus" il y a "environ deux ans". Il s'agit d'un site web créé par le Service Public Fédéral (SPF) Economies et sur lequel on peut indiquer son numéro de téléphone, afin qu'il soit inscrit sur une liste noire. Les entreprises de marketing direct ont accès à cette liste et ont l'interdiction de vous appeler, sous peine d'amende.
Toujours à l'affût, les escrocs profitent de l'existence de cette liste (peut-être même sont-ils parvenus à se la procurer, cela ne semble pas bien compliqué...) pour mettre en confiance leur victime.
"Une dame au téléphone me dit qu'elle travaille à la Commission européenne, et qu'elle m'appelle pour me donner de l'argent car j'ai été embêté pendant les week-ends et les jours fériés. Elle dit que je vais être remboursée de 470€. Je lui dis 'ah bon, tout ça?'. J'y croyais, à ce moment-là, car bon, la Commission européenne, on ne pense pas à une arnaque", nous explique Farida.
Tout en me questionnant, et ça je n'ai pas compris pour le coup, elle me disait de mettre ma carte dans le petit appareil bancaire
L'escroc lui parle pendant une heure
Mais petit à petit, l'arnaqueuse commence à parler du numéro de carte bancaire de Farida, qui commence à se poser des questions. "J'ai dit plusieurs fois: 'C'est une arnaque, je vais raccrocher'. Mais elle me dit alors: 'Quand vous perdez votre carte de banque et que quelqu'un la trouve par terre, il ne peut pas vous voler de l'argent sans votre code PIN'. Je me suis dit que oui, dans un sens c'était vrai".
Moins méfiante et ayant finalement envie de croire au miracle, Farida suit les instructions de son interlocutrice. "Tout en me questionnant, et ça je n'ai pas compris pour le coup, elle me disait de mettre ma carte dans le petit appareil bancaire". Le mal est fait: notre témoin lui a communiqué une série de codes, permettant à l'escroc, en direct sur son ordinateur, de se servir de la carte de Farida pour, par exemple, effectuer un paiement en ligne. Ou pire: avoir accès à son compte en banque en ligne.
Peu après, son franc est tombé. "Tout de suite, quand elle a raccroché, je me suis dit 'Que je suis bête', et que c'était une arnaque".
Pas d'argent sur son compte
Immédiatement, Farida appelle sa banque. "Ils m'ont dit de téléphoner à Card Stop, et qu'ils allaient voir s'ils m'avaient déjà retiré de l'argent".
A ce moment-là, notre témoin se rend compte de la bonne nouvelle et en fait part à sa banquière. "Je lui ai dit: 'Mais madame, ils ne sauraient pas retirer de l'argent, j'ai exactement 19€ sur mon compte'. Heureusement... En fait, les 470€, ce n'est pas la somme que j'allais recevoir, mais celle qu'ils voulaient me retirer".
Le lendemain, suivant les conseils de sa banque, Farida se rend à la police pour déposer plainte. "Evidemment, je me suis fait tirer les oreilles. Le policier m'a dit: 'Mais madame, il ne faut jamais donner ses données bancaires, ne serait-ce que votre numéro de client'. Mais je ne pouvais pas porter plainte car il n'y avait pas de retrait sur mon compte en banque, étant donné que je n'avais pas d'argent".
Pas trop de dommages pour Farida, donc. "J'ai reçu mes nouvelles cartes, ça m'a quand même coûté 20 euros car elles sont payantes. Mais je préfère perdre 20 que 470…"
Mais notre habitante de Merbes-le-Château s'en veut tout de même. "Je me suis fait avoir comme une bleue, car je savais qu'il y avait des arnaques par téléphone".
Nos conseils
Comme l'a dit le policier à Farida, il ne faut jamais, sous aucun prétexte, communiquer de données personnelles par téléphone à des inconnus. Même s'ils prétendent être de la Commission européenne, du Ministère de l'économie, etc.
La règle est encore plus stricte pour vos données bancaires. Elles sont strictement privées et ne doivent être utilisées que par vous, sur des sites de confiance. Le plus prudent est de ne pas laisser traîner les données d'une carte de banque sur un site, mais de passer par des intermédiaires de confiance: l'application Bancontact, Paypal, Payconiq, etc… Mais ça n'est pas disponible sur tous les sites (même Amazon veut conserver les données de votre carte de crédit).
Si vous êtes victime d'une arnaque, vous devez vous rendre dans le commissariat de police local afin de déposer plainte et qu'une trace écrite vous permette d'entamer d'éventuelles démarches. Il est également utile de signaler les délits sur ce site 'Point de contact' mis en place par les différentes autorités compétentes. Si l'arnaqueur n'est pas situé sur le territoire belge mais dans un autre pays européen, adressez-vous au Centre européen des consommateurs.
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