Les gens ont beau être de plus en plus prudents, les arnaqueurs réussiront toujours à accomplir certains de leurs méfaits. Véronique et sa maman de 72 ans, qui habitent toutes les deux Bruxelles, en ont récemment fait les frais. La première citée a voulu nous faire part de cette amère expérience en appuyant sur le bouton orange Alertez-nous.
"Vendredi passé, ma maman a été victime d’un shoulder surfing à la réception d’un colis. Le livreur a simulé une transaction refusée sur le terminal de paiement mobile et lui a demandé de payer en cash. Le temps qu’elle aille chercher les billets dans son portefeuille, il a réussi, on ne sait comment, à débiter 3.600 euros de son compte. Trois paiements Maestro ont été exécutés : 2.100, 900 puis 600 euros. Il lui reste à ce jour 215 euros sur son compte Belfius !", explique-t-elle dans son message, désemparée.
Le "shoulder surfing", un système d’arnaque basique… mais efficace
Avant de rentrer plus dans le détail, il est nécessaire d’expliquer ce que l’anglicisme "shoulder surfing" signifie. Le "shoulder surfing", qu’on pourrait traduire par "regarder au-dessus de l’épaule" est une technique utilisée pour dérober de l'information à une personne en particulier. Cela consiste à regarder par-dessus l'épaule de la personne espionnée en tentant d'observer les données qu'elle introduit dans des champs. Si l’on en croit Wikipédia, ce système a vu le jour dans les années 1980, et était utilisé à proximité des cabines téléphoniques dans le but d’obtenir des infos sur la carte d’appel de la victime et d’ensuite pouvoir effectuer des appels à longue distance gratuitement. RTL Info s’était déjà penché sur le sujet il y a quelques années.
Le livreur a regardé le code qu’entrait ma mère et l’a utilisé pour se faire des versements
Et en effet, la maman de Véronique en a été la victime. Après plusieurs coups de téléphone d’une société qui vend des bouteilles de vin basée à Créteil et qui souhaitait proposer ses biens à la dame, elle finit par accepter d’en acheter.
"Les 3 premières livraisons se sont passées normalement", explique Véronique. "Mais cette fois-ci, déjà, il n’y avait que trois bouteilles dans la livraison alors qu’il était censé y en avoir douze. Mais ensuite, le prétendu livreur a profité de l’âge de ma maman pour la voler. Il lui a fait croire plusieurs fois que le paiement sur le terminal ne marchait pas, il en a profité pour regarder le code de la carte bancaire et une fois qu’elle s’est déplacée pour aller chercher du liquide, il a fait les virements et il est parti directement !"
Une société déjà visée pour plusieurs arnaques
Bien décidée à ne pas en rester là, Véronique prend ses renseignements sur cette société française nommée OVA. En cherchant sur Google, il s’est avéré que plusieurs autres personnes ont été victimes de cette boîte. Et toujours avec le mode opératoire : "Ils harcèlent des personnes âgées par téléphone en prétextant que la boîte va bientôt fermer et qu’ils souhaitent liquider le stock pour de bons prix. Les autres témoignages que j’ai lus rapportent le même procédé".
En effet, en faisant une rapide recherche sur Google, on peut s’apercevoir que d’autres clients sont de l’avis de Véronique : "Escroquerie ! C'est une VRAIE arnaque de longue date. Ils profitent des personnes âgées, avec le même argument : vous êtes un bon client, je prends la succession de mon père décédé et nous souhaitons vider la cave en vous faisant un bon prix pour votre fidélité", peut-on notamment lire dans un commentaire. Il est important de préciser que, le 25 janvier, la société OVA a finalement été radiée.
Des bouteilles à cinq fois le prix en magasin
"Et le pire c’est qu’ils vendent ces bouteilles à des prix exorbitants !" s’exclame Véronique. Non contente de voler des personnes âgées, cette entreprise propose ses bouteilles de vin à des prix très onéreux. "Ma mère avait commandé, par exemple, une bouteille de Bordeaux Supérieur de 2016 qui coutait 20 euros. En regardant sur des sites de supermarché, ces bouteilles ne coûtent normalement pas plus de 4 euros ! Le pire, c’est que la société OVA a rappelé ma maman pour voir ce qui s’était passé lors de la livraison. Ma maman leur a raconté les faits et ils ont répondu qu’ils allaient faire les recherches nécessaires, et la rembourser rapidement".
Après cette mésaventure, les fraudeurs ont continué d’harceler la dame sur son téléphone fixe. "Ils disaient qu’ils allaient s’arranger, qu’ils allaient trouver un arrangement. Ma mère a dû changer de numéro pour qu’ils la laissent tranquille !"
La police impuissante, la banque en attente
Alertée par Véronique, la police bruxelloise a pris au sérieux la plainte, mais il est toujours très compliqué de retrouver ce genre de fraudeurs, surtout s’ils viennent de France. La banque Belfius, elle aussi, a été alertée mais elle tarde à donner suite à l’enquête.
"Après plusieurs appels et plusieurs procédures vers ma banque, j’ai eu une gentille dame au téléphone qui m’informe que mes démarches sont correctes et que nous aurons des nouvelles dans les 40 jours. Mais quand je demande comment c’est possible que 3.600 euros aient été subtilisés du compte alors que la limite hebdomadaire est de 2.500 euros, on me répond que je dois attendre la fin de l’étude de mon dossier…"
Contacté par la rédaction, le service presse de la banque Belfius n’a pas répondu à nos questions, malgré plusieurs relances.
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