"Ce projet va mettre en péril la demande de classement à l’UNESCO de ce cimetière de la première guerre mondiale", estime Albert qui met en avant la pollution visuelles et sonore des éoliennes.
En région montoise, entre Spiennes et Saint-Symphorien, se situe le cimetière militaire de Saint-Symphorien qui rassemble des stèles de la première guerre mondiale, à la fois britanniques et allemandes. Albert (prénom d'emprunt) vit non loin de là. Il a choisi ce coin de verdure pour construire une maison. Mais un projet de 4 éoliennes devrait voir le jour à deux pas du cimetière. "Luminus veut installer une éolienne au pied de la zone de protection du cimetière à 180 mètres de haut et ça va venir gâcher le site, déplore Albert. En plus de la nuisance visuelle, il y a une nuisance auditive. Les études d’incidence reconnaissent toutes un bruit permanent de pale entendu dans le cimetière, je trouve ça aberrant." Le document public de l’étude d’incidence montre effectivement un désagrément auditif entre 35 et 40 décibels dans le cimetière et aux alentours. Ce risque de bruit inquiète des habitants des environs qui ont partagé une pétition.
©Luminus
D’autres éoliennes sont déjà construites quelques kilomètres au sud. Un riverain s’est rendu sur ce terrain pour évaluer l’intensité des nuisances sonores. "C’est le bruit d’un avion qui n’atterrit jamais", affirme-t-il. Ce projet devrait passer prochainement devant le collège communal de la Ville de Mons. "L’étude d’incidence étudie les effets cumulatifs avec toutes les autres éoliennes existant déjà dans le périmètre, qu’elles soient déjà installées, ou simplement au stade de l’éventuel projet sans qu’il soit encore accepté par le Collège," explique Maxime Pourtois, échevin du Patrimoine. Si la Ville donne son accord, il appartiendra ensuite à la Région Wallonne d'approuver ou non ce projet.
Pour Albert et d'autres riverains, l'érection d'éoliennes va entacher la demande de titre UNESCO du cimetière. "Ce cimetière est important historiquement et symboliquement, explique Albert. Saint-Symphorien a tout de même une particularité: c’est là que sont enterrés les premier et dernier militaires anglais. Le prince William était même venu lors des célébrations du centenaire de la Première Guerre Mondiale. Le site a beaucoup de chance d’obtenir l’appellation de site Unesco. Mais si vous mettez une éolienne au-dessus du site au pied de la zone de protection, ça ne va pas le faire."
©Belga
Pierre Monin, chargé de mission auprès de la cellule démocratie ou barbarie de la région wallonne, détaille: "Il s’agit d’un cimetière binational datant de 1914 où sont regroupées les tombes des victimes allemandes, 284, et britanniques, 229, de la bataille de Mons d’août 1914. On y retrouve donc les caractéristiques des cimetières militaires des deux pays: la croix du sacrifice et les stèles en pierre calcaire blanche britanniques, mais aussi la pierre bleue des stèles allemandes. Il y a la pelouse typique chez les Britanniques et les arbres plus fréquents chez les Allemands."
Comme le dit Albert, le cimetière contient la présence des stèles de la première victime britannique: "John Parr mort le 21/08/1914, et de la dernière victime du Commonwealth, le canadien George Price, mort le 11/11/1918," ajoute Pierre Monin. "Un cimetière doit dégager une atmosphère de paix et de recueillement par respect pour les visiteurs et surtout pour ceux qui y reposent. Ils ont donné leur vie, des gens comme vous et moi pas nécessairement des militaires, pour une chose en laquelle ils croyaient ou simplement parce que leur gouvernement, leur empereur, leur roi avait décidé d’entrer en guerre. Je crois qu’on leur doit ça," conclut l’expert.
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