Une jeune femme nous confie son expérience d’apprentie stagiaire au grand hôpital de Charleroi qui a reçu des grands brûlés, victimes des attentats de Bruxelles.
Après la transformation des hôpitaux parisiens en hôpitaux de guerre au mois de novembre dernier, les centres hospitaliers bruxellois doivent faire face à la même calamité causée par les derniers terroristes de la bande à Abaaoud. Le plan MASH (Mise en Alerte des Services Hospitaliers) a été mis en place dans les hôpitaux du pays depuis 72 heures. De la blessure légère au pronostic vital engagé, médecins et infirmiers sont sur le pied de guerre pour apporter un soutien médical et psychologique aux centaines de blessés, victimes des explosions à l'aéroport de Bruxelles et dans la station de métro Maelbeek, mardi 22 mars au matin.
Au sein d'une de ces équipes médicales, il y a Laura. Cette étudiante n'oubliera jamais son stage d'infirmière à l'IMTR de Loverval, un site du Grand Hôpital de Charleroi où l'on soigne notamment les grands brûlés. Elle raconte.
"Nous avons entendu qu'un hélicoptère allait amener des blessés de Bruxelles. Une certaine excitation était palpable au sein du service autant pour le personnel que pour les patients. Ce n'est pas tous les jours que nous avons la "chance" d'assister à un atterrissage d'un très gros hélicoptère de l'armée à quelques pas de nous", commence-t-elle.
L'appareil arrive. "Tout le monde s'est pressé aux fenêtres. Ils ont sorti deux blessés, il y a eu une tension dans le service", décrit-elle. Des brancardiers courent au devant de l'hélicoptère et emmènent les patients. "Finie l'excitation. La vérité et l'importance des dégâts causées ce 22 mars nous ont sauté en plein visage. J’ai aperçu les deux victimes sur des brancards (une troisième devait encore être sortie). Elles étaient bandées de la tête aux pieds, il était donc impossible de savoir si c’était une femme, un homme, ou un enfant", se souvient-elle. "Je travaille dans un hôpital spécialisé pour traiter les grands brûlés. Les chefs de service ont réorganisé les locaux pour laisser le plus de place aux victimes et placer les patients dans d’autres services par ordre de priorité", dit-elle encore.
"Voilà ce que j'ai vécu aujourd'hui en stage. J'ai été marquée par les infos mais là je suis marquée par la vérité... Alors du plus profond de mon cœur, je souhaite à tous ceux et celles qui sont blessés un prompt rétablissement, battez-vous pour ne pas les laisser gagner, pour ne pas laisser gagner l'inhumanité! Et à toutes les familles qui ont perdu un de leur membre, un ami, je vous présente mes sincères condoléances.
Une simple stagiaire dans un service traditionnel qui n'oubliera jamais.", signe-t-elle.
Les victimes des attentats sont soignées sur 50 sites hospitaliers
La cellule stratégique de la ministre de la Santé publique, Maggie De Block a publié un communiqué sur la prise en charge actuelle des victimes des attentats du 22 mars à Bruxelles.
Sur les 121 victimes qui sont encore hospitalisées, 119 personnes reçoivent des soins dans des hôpitaux en Belgique et deux personnes sont soignées en France. Les 63 victimes qui se trouvent aux soins intensifs ont souvent de graves brûlures et ont été blessées par la pénétration de fragments métalliques.
Le 22 mars, 316 victimes au total ont été admises dans 25 hôpitaux universitaires et régionaux belges et dans des centres pour brûlés.
Après l’administration des premiers soins, les victimes ont été réparties dans des hôpitaux régionaux et centres de brûlés supplémentaires. Presqu’un site hospitalier belge sur cinq (48 sur 217) a accueilli des victimes des attentats.
Deux patients brûlés français ont été transportés dans un centre de brûlés français.
Parmi les quatre patients qui se trouvaient encore dans le coma et dont l’identité n’était pas connue, deux d’entre eux ont été identifiés dans l'intervalle. L'identification est entre les mains de la « Disaster Victim Identificationteam » de la police fédérale.
Les services de secours ont enregistré mardi 2.449 personnes, dont 316 blessés, qui ont été impliqués dans les attaques. Il s’agit de personnes qui ont séjourné ou qui se trouvent toujours dans un hôpital ou un centre d’accueil. Les centres d’accueil pour les passagers étrangers qui attendaient une possibilité pour rentrer chez eux, sont maintenant presque tous vides, grâce aux efforts déployés par les différentes compagnies aériennes.
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