C'est un couple dans l'impasse. Laurence et Benoit, deux habitants de Chaumont-Gistoux, ont fait appel à un entrepreneur pour la construction de leur future maison. Après des mois d'approximations et d'absences sur chantier, le couple parvient à mettre fin au contrat. Reste une partie de l'acompte qui n'a pas été remboursée.
"Nous avons fait le deuil de nos pertes mais nous sommes révoltés." Laurence et son conjoint sont résignés. Ces habitants de Chaumont-Gistoux dans le Brabant wallon nous ont contactés via le bouton orange Alertez-nous. Ils s'estiment victimes d'une arnaque: un acompte versé à un entrepreneur dont ils ne verront probablement plus la couleur, en partie.
La famille loue une maison
En 2017, Laurence, aujourd'hui 33 ans, et son compagnon Benoit acquièrent un terrain sur la commune de Chaumont-Gistoux. L'enseignante pour infirmières et le pompier souhaitent quitter Bruxelles. Leur intention: bâtir une maison pour accueillir la famille de deux enfants. Pour être au plus près du terrain et de l'avancée future de travaux, ils louent une maison à quelque 500 mètres du terrain.
Après le permis de l'urbanisme, la création des plans par l'architecte, il est temps de se tourner vers un entrepreneur. "Le projet de la maison est construit sur le fait de préserver un chêne centenaire", rapporte Laurence, photo à l'appui.
Projection 3D du projet final
C'est par le "bouche à oreille" qu'ils entendent parler d'un entrepreneur de Wavre, VA CONSTRUCTIME. "On a pris contact et on a demandé un devis". Un accord est trouvé. Le contrat est signé entre les deux parties dans les locaux de l'entrepreneur situé à Wavre avec un certain Pascal. Il sera la personne de référence pour le chantier. Un acompte de 62.000 euros est versé par la famille dans la foulée. Il correspond à la réalisation de plusieurs phases du chantier qui doit s'achever en février 2021.
Les premiers pépins
Les travaux débutent fin 2019. Régulièrement, pour ne pas dire tous les jours, Benoit jette un œil sur l'avancée des travaux, étant donné qu'ils habitent à quelques encablures. Initialement, la fin des gros œuvres est prévue pour juillet 2020. Mais plusieurs évènements durant l'année 2020 vont venir entacher l'avancée du projet: des absences répétées d'ouvriers sur le chantier selon Laurence, mais aussi une équipe d'ouvrier modifiée subitement ou encore des malfaçons. "Ils ont fait des coffrages qui ont lâché et le béton est tombé", se remémore-t-elle. Résultat, le retard s'accumule.
L'état actuel du chantier
Fin de partie
Il y a quelques mois, en novembre dernier, les absences sur chantier sont de plus en plus récurrentes. Les échéances fixées ne sont pas respectées. La date prévue pour l'installation de la petite famille dans la maison, février 2021, ne sera jamais tenue. Face à ce constat d'échec, le couple de Chaumont-Gistoux décide de trouver une solution avec Pascal l'entrepreneur et de se faire rembourser le montant de l'acompte qui n'a pas encore été déboursé dans les travaux, soit environ 30.000 euros sur les 62.000 euros d'acompte versés.
Changement de locataires
Les réactions de l'entrepreneur sont timides, pour ne pas dire inexistantes. Du coup, Laurence se rend dans les locaux de VA CONSTRUCTIME à Wavre. Et là, surprise. Le local qui accueille le bureau de l'entrepreneur est devenu un magasin de sport. On ignore ce que sont devenus les anciens locataires. Toujours impossible de joindre VA CONSTRUCTIME par téléphone. Après quelques recherches, le couple entre en contact avec le propriétaire du désormais ancien local-bureau de l'entrepreneur: peut-être en sera-t-il davantage sur le sort des anciens locataires ? "Le propriétaire des lieux nous a dit que si on le retrouvait, il était intéressé car il leur doit des loyers."
Hors de questions, que vous arnaquiez d'autres personnes
Une des rares fois où l'entrepreneur est joignable, il va tenter de contenir Laurence et Benoit en leur proposant un arrangement. Laurence raconte: "Ils nous ont dit qu’ils allaient signer d’autres acomptes pour des nouveaux chantiers et qu'avec l’argent des autres ils continueraient notre maison." Le couple refuse catégoriquement. "Hors de questions, que vous arnaquiez d'autres personnes", lui aurait répondu Laurence.
L'impasse
C'en est trop. Le couple contacte une avocate pour mettre fin au contrat et récupérer le reste de l'acompte. Un huissier et l'architecte sont invités sur le chantier pour faire constater l'état de celui-ci. Le but, estimer le coût des malfaçons. Résultat de l'expertise, en plus des 30.000 euros d'acompte inutilisés, il faut y ajouter 18.000 euros de coûts liés aux malfaçons du chantier, soit un montant total d'environ 50.00 euros. "On va devoir dégager des terres, refaire des murs, etc.", explique la maman de deux enfants en évoquant l'incompétence des ouvriers.
Après l'envoi d'une mise en demeure, "VA Constructime" accepte de rompre le contrat sans toutefois rembourser la somme sollicitée. Une deuxième mise en demeure est envoyée, rien n'y fait. Aujourd'hui, le couple est dans l'impasse. Entamer une procédure judiciaire est couteux et peut s'étirer sur le temps. La famille préfère garder ses ressources financières amputées dans les travaux restants.
Seules les montagnes ne se rencontrent pas
Depuis la rupture du contrat, Benoît essaie tant bien que mal de continuer seul les travaux, dans la mesure de ses moyens. Alors qu'un jour il se rend dans un magasin de bricolage, il tombe nez à nez avec l'un des employés de VA CONSTRUCTIME! Il l'interpelle et lui demande son argent. L'employé lui répond qu'il ne travaille plus pour l'entreprise de construction et qu'il n'était qu'un simple employé. "J'ai démissionné" lui aurait répondu l'intéressé. Une fois de plus la famille se retrouve démunie. Après vérification auprès de la Banque-Carrefour des entreprises, soit un fichier public accessible de tous, l'employé n'est effectivement pas le gérant de l'entreprise, c'est un certain Stefan. Laurence et Benoit avaient toujours cru avoir affaire au patron de l'entreprise.
Récemment, les échafaudages sur le chantier de la maison ont été récupérés par les ouvriers d'une entreprise. L'entrepreneur introuvable sous-traitait avec cette entreprise pour le placement des échafaudages. Les ouvriers de cette entreprise ont informé le couple que leur entrepreneur n'avait pas payé pour le placement de ces échafaudages. Résultat, ils les récupèrent. "L'entreprise d'échafaudage avait déjà mis en place un plan d'étalement pour que l'entrepreneur paie ce qu'il devait. Mais comme il n'honorait pas ce plan, ils sont venus retirer tous les échafaudages." Une nouvelle tuile.
Avec l'aide de 10 personnes, nous avons pu économiser le prix de la grue. C'est gai, ça fait du bien
Élan de bienveillance à Chaumont-Gistoux
Dans leur malheur, Laurence et Benoît peuvent compter sur la solidarité des habitants de Chaumont-Gistoux. C'est via le groupe Facebook "Solidarité 1325" que l'aide des habitants de la commune est parvenue. "J'avais lancé un appel sur le groupe. Beaucoup de gens qui connaissent le chantier au niveau du quartier. Le chantier est à la vue de tous et il traîne. Ca fait poser des questions", reconnait Laurence. Ces dernières semaines, grâce à la solidarité de ce groupe Facebook, le couple a pu tantôt stocker du matériel livré sur le chantier chez des riverains ou se voir proposer de l'aide du club de judo des enfants. Certains sont même venu donner un coup de main pour le déplacement d'une poutre métallique. "Avec l'aide de 10 personnes, nous avons pu économiser le prix de la grue. C'est gai, ça fait du bien", souffle l'enseignante.
Suite à un appel sur Facebook, des riverains sont venu prêter main forte
Notre rédaction a tenté à plusieurs reprises de joindre l'entreprise incriminée, "VA CONSTRUCTIME", pour obtenir sa version des faits. En vain. Nous nous sommes même fait passer par mail pour de futurs clients intéressés par leur service, là aussi aucune réponse. Malgré notre insistance, le cabinet d'avocat qui s'occupe de l'entreprise n'a pas souhaité également répondre à nos demandes. Nous avons pu tout de même récolter le témoignage d'une ancienne gérante de la société qui dit avoir quitté l'entreprise en novembre 2019. "Vous n'êtes pas le premier qui m'appelle. Récemment, j'ai eu plusieurs coup de fil disant qu'il est difficile de les joindre." Elle dit ne pas être étonnée de la tournure qu'a pris l'entreprise depuis la nouvelle gérance sans pour autant s'étaler.
Si Laurence nous a contactés, c'est dit-elle, pour éviter que d'autres vivent la même situation qu'elle et son conjoint. "Financièrement on ne pourra rien faire. On a déjà du mal à finir le mois. Mais se battre pour que ça n'arrive pas à d'autres personnes, ça oui. Avertir les gens, les informer."
> Pourtant, il reste quelques alternatives au couple. Alors, que faire dans une telle situation? Voici quelques conseils (Lire la suite)
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