En juin dernier, quatre Belges se sont distingués aux Championnats de France de dégustation. Pour la deuxième année consécutive, ils se sont hissés à la tête de la compétition, devant 29 autres équipes.
Ils sont incollables. Ou presque. À l'issue d'une grande finale, Jean-François, Dominick, Laurent et Olivier sont devenus Champions de France de dégustation. Ces quatre Belges se sont imposés face à 25 équipes françaises, 4 autres équipes belges et une luxembourgeoise. Pour la deuxième fois consécutive, ils sont ainsi désignés comme des champions de dégustation de vin à l'aveugle lors d'une compétition organisée dans l'Hexagone par la Revue du vin de France. "C'est une belle aventure humaine. On créé des liens d'amitié et ça nous permet de faire des week-ends entre copains", résume Jean-François, qui nous a contactés via le bouton orange. Ce passionné d'œnologie nous partage le récit d'une épopée belge, fruit d'une belle cohésion d'équipe.
Ce n'est pas un concours de beuverie !
Le 25 juin dernier, après avoir passé avec brio plusieurs épreuves qualificatives, Jean-François, Dominick, Laurent et Olivier se rendent à Verzé, dans le Mâconnais. Le but: conserver leur titre obtenu "un peu par surprise" un an plus tôt. Le principe est simple. Lors de la première épreuve qui rassemble les 30 équipes, 8 vins sont proposés. Lors d'une dégustation à l'aveugle, il faut ensuite trouver le cépage dominant, l'appellation, le millésime, le domaine et la cuvée. L'équipe de Jean-François se hisse parmi les 6 premières équipes et se qualifie ainsi pour la finale. "Ensuite, on nous sert encore 4 autres vins et le score évolue en temps réel", se souvient Jean-François.
Pour donner les réponses, l'équipe se concerte et tente de mettre ses connaissances au profit du collectif. "Si on loupe un classique, on perd beaucoup de points", nous explique le passionné. Chacun a ses petites spécialités. Jean-François, lui, avoue être plus spécialisé dans les vins liquoreux. "Mais il m'arrive de me tromper", sourit-il. Pour parvenir à identifier un vin, le développement de sens est primordial. D'abord la vue avec la découverte de la robe du vin. "On examine ensuite le bouquet et les arômes qui peuvent se développer. Ça donne déjà de premières indications", éclaire Jean-François. Vient ensuite la mise en bouche. "Puis on recrache. Ce n'est pas un concours de beuverie !", plaisante Jean-François. Avant de justifier: "On doit rester concentrer pendant au moins 3 heures".
Il faut beaucoup déguster pour se souvenir
Entre les dégustations, un verre d'eau est servi. Quelques règles sont importantes afin de ne pas "saturer le palais". "On ne met pas de vins liquoreux, qui sont plus sucrés, au début par exemple", précise l'habitant d'Andenne. Avec un total de 115 points, l'équipe de Jean-François a donc réitéré l'exploit. "On était très contents. D'autant plus que l'an passé, la victoire était plutôt une surprise. Cette année, on s'est beaucoup préparés", assure Jean-François. Une coupe, des médailles et des bouteilles de vin ont été offertes aux vainqueurs. "Pas de gain matériel, c'est plus pour la gloire", sourit l'habitant d'Andenne.
C'est en 2013 que Jean-François découvre l'œnologie. Cet employé de l'enseignement supérieur est un amateur de vin. Mais à cette époque, ses connaissances sont restreintes. "Un ami m'a proposé de faire un concours de dégustation à l'aveugle à Chimay. Je trouvais l'exercice ludique", se rappelle-t-il. Quatre ans plus tard, il décide de se perfectionner. "On se pique un peu au jeu. On aime l'ambiance, on rencontre toujours les mêmes personnes", indique-t-il. C'est ainsi qu'il rencontre ses trois compères, avec qui il formera une équipe compétitive. L'un est professeur en œnologie et sommellerie, un autre est fonctionnaire tandis que le troisième est chef d'entreprise. Issus d'univers variés, ils se familiarisent alors à ce "microcosme du vin".
Afin de se préparer au mieux aux compétitions, tels que les Championnats de France, ces Namurois s'entraînent. "Chacun emmène deux, trois bouteilles et invite les autres à deviner", explique Jean-François. Avant d'ajouter: "Il faut beaucoup déguster pour se souvenir. La mémoire travaille beaucoup".
Direction les championnats du monde
Peu à peu, le palais s'affine. "Boire un mauvais vin est devenu impossible", sourit Jean-François, 41 ans, qui concède avoir une cave "un peu trop conséquente". Selon lui, le prix n'est cependant pas forcément signe de qualité. "On peut avoir de très belles surprises avec des beaux rapports qualité-prix (...) S'il est bien fait, un vin simple peut être très agréable", souligne-t-il.
Pour l'heure, Jean-François prévoit quelques vacances. Les entraînements reprendront cependant bientôt avec en ligne de mire: les championnats du monde organisés en octobre prochain. En 2021, l'équipe de Hongrie avait remporté pour la première fois le titre de championne du monde de dégustation de vin à l'aveugle, devant la Belgique et l'Espagne. Les 27 équipes sélectionnées dans de 27 pays différents, avaient presque toutes calé sur un vin espagnol, un grenache d'Aragon.
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