Se garer dans certains quartiers n'est pas aisé en Belgique. De nombreux automobilistes se permettent du coup de stationner devant des garages, au risque de bloquer ceux qui les utilisent. Marcel (prénom d'emprunt) en fait les frais quasiment quotidiennement. Il se retrouve complètement impuissant face à cette situation, car la police n'intervient que dans certains cas. Témoignage.
Marcel nous a contacté via notre page Alertez-nous. Cet habitant de la périphérie bruxelloise vit un véritable cauchemar au quotidien. Il loue un garage, cela lui coûte 75 euros par mois, mais pourtant, il ne peut pas en disposer comme il le souhaite, car presque chaque jour, il trouve une voiture garée devant.
"J’ai presque peur de rentrer de mon travail"
Il a pourtant apposé un autocollant avec son numéro de plaque, ainsi que celui de sa fille pour qu’elle puisse se garer là quand elle lui rend visite. Mais Marcel vit dans un quartier où il y a beaucoup de va-et-vient : il habite notamment près d’un magasin d’alimentation. "J’ai presque peur de rentrer de mon travail en me demandant si je saurai rentrer ma voiture dans le garage. Je ne trouve pas logique de devoir faire tout le tour de la commune pour espérer trouver une place pour me garer alors que je loue un garage", nous confie-t-il. Lorsqu’il est chez lui par contre, il a peur de se retrouver coincé par un automobiliste peu scrupuleux: "J’ai une épouse qui a des problèmes de santé, et ce n’est pas la première fois que je dois l’emmener en urgence à l’hôpital".
Que fait la police ?
"Je n'ai pas le droit de klaxonner d'après la police et je ne peux bloquer la circulation. Alors que puis-je faire, face à des gens sans gêne qui n'hésitent pas à se garer où le stationnement est interdit ?", explique-t-il, estimant que la police se désintéresse de ce genre de cas. "D’après la police, c’est uniquement si je ne sais pas sortir du garage, que je peux les appeler", dit-il. Car le problème est très fréquent dans de nombreuses villes du pays, où certains quartiers manquent cruellement d’emplacements de parking. Et les forces de l’ordre ne peuvent pas se déplacer à chaque fois qu’une voiture est mal garée.
Une question de priorités
A Marcel, qui a l’impression que la police ne s’intéresse pas à son cas, Olivier Quisquater, porte-parole de la Police fédérale de la route, répond: "Il n’y a pas un problème de désintérêt de la police par rapport à ce genre de situation. Simplement, surtout dans les grandes villes, la police est souvent sollicitée pour des missions de toutes natures, et évidemment le degré d’urgence de ces situations fait que souvent, on va privilégier d’autres interventions par rapport à un problème privé d’entrée ou de sortie d’un garage. Quand il s’agit de sortir d’un garage, généralement, la police y accordera un peu plus d’attention. Bien souvent, les parquets autorisent dans ce cadre-là qu’on évacue le véhicule qui gênait. Mais quand il s’agit de rentrer dans un garage privé, la police met ça malheureusement dans les priorités les plus basses parce qu’on ira plus facilement sur un accident de roulage ou sur une agression que sur un simple problème de stationnement".
Certains s’énervent et klaxonnent: "Cela crée beaucoup de tension"
Avant, Marcel tentait d’avertir la personne qui avait laissé sa voiture devant son garage: "Je klaxonnais, jusqu’à ce que quelqu’un vienne pour pouvoir rentrer ma voiture". Mais il est interdit de klaxonner pour cette raison. John, de Saint-Gilles, connaît bien cette situation. En bas de chez lui, il y a un garage souterrain, avec une porte automatique. Juste en face, il y a une banque. De nombreux clients, qui ne trouvent pas de place dans le quartier, stationnent devant la porte de garage le temps du passage au guichet. Mais comme il y a souvent du monde, le temps d’arrêt peut durer plus longtemps que prévu… Les personnes qui veulent sortir du garage se trouvent alors coincées, se mettent à klaxonner, longuement, jusqu’à ce que le propriétaire de la voiture se manifeste. "Cela crée beaucoup de tension dans la rue. Il y a des coups de klaxon intempestifs, des gens qui râlent parce qu’ils sont coincés, d’autres qui râlent parce qu’ils disent qu’ils en ont juste pour quelques minutes…", nous explique-t-il.
"Qu’ils mettent leur numéro sur le pare-brise"
Aujourd’hui, Marcel essaye de rester zen face à cette situation. Il sait que ça ne sert à rien de s’énerver et de monter dans les tours. Plusieurs fois, Marcel s’est retrouvé nez-à-nez avec le propriétaire d’une voiture qui bloquait son garage. "Je les interpelle, mais c’est toujours une excuse, avec un grand sourire, on me dit "J’avais quelques courses à faire". J'essaye d’être patient, c’est pas ça. A la limite, qu’ils mettent leur numéro de téléphone sur le pare-brise, qu’on puisse les appeler. Quand je parviens à contacter la personne, je le fais, et à ce moment-là ça se passe dans la paix", raconte-t-il.
Du côté de la Police fédérale de la route, on a bien conscience de l’aspect pénible de cette situation. "C’est difficile de donner des conseils en dehors de ce qui est prévu par la réglementation, à savoir que la personne peut faire appel à des services de police pour signaler le problème et espérer que ceux-ci auront le temps de s’y intéresser".
Marcel envisage de se séparer de ce garage, pour peut-être un jour trouver un box dans un lotissement.
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