Le coronavirus en Belgique a contraint de nombreux citoyens à abandonner ou à reporter certains projets professionnels. A Anderlecht, Maria, 26 ans, a vu son rêve d’ouvrir un restaurant être remis à une date indéterminée. Mais depuis plus d’un mois, c’est dans une autre activité qu’elle s’épanouit.
Le mois de mars 2020 devait permettre à Maria et à son compagnon de réaliser un de leurs rêves : ouvrir leur restaurant. Le coronavirus est passé par là, et ce projet est reporté à plus tard. L’habitante d’Anderlecht revient sur cet épisode marquant pour son couple.
"Mon compagnon, qui était cuisinier depuis près de 10 ans, a été licencié à cause du coronavirus. Avant cela, nous avions un projet d’ouvrir un restaurant. Nous avions tout trouvé : l’accord pour la banque, le plan financier, l’emplacement pour lequel il a fallu plus d’un an de recherches… Et normalement, on devait signer le bail au mois de mars 2020", raconte-t-elle. "Finalement, en voyant ce qu’il se passait avec le coronavirus on s’est dit ‘ouille ouille ouile’, on va attendre un peu avant d’ouvrir le restaurant. Le faire dans ces conditions n’était pas une bonne idée et ça s’est confirmé. Je me suis donc demandé ce que j’allais bien pouvoir faire."
Comment cuisinier des légumes et fruits frais, sans devoir faire la file chaque semaine dans les magasins ?
Une fois que le confinement en Belgique a été annoncé par le conseil national de sécurité, Maria explique avoir voulu éviter de faire ses courses alimentaires trop souvent.
"Mi-mars comme tout le monde, j'ai été dans un magasin faire mes provisions pour un peu plus longtemps que d'habitude. On ne sortait pratiquement pas de chez nous pour respecter le confinement. Mais voilà, une semaine plus tard, je n'avais plus de produits frais. Comment cuisinier des légumes et fruits frais, sans devoir faire la file chaque semaine dans les magasins ? On a cherché quelqu’un qui pouvait nous les livrer et on s’est rendu compte que les grandes surfaces ne le faisaient plus. J’ai alors eu l’idée d’ouvrir ma propre entreprise", explique-t-elle. "On s’est dit que manger des conserves pendant un mois, ça n’allait pas être super appétissant, surtout pour des épicuriens comme nous."
Après trois semaines de réflexion, Maria a eu l’idée de créer un service de livraison de légumes, fruits et épicerie bio à domicile. Via les réseaux sociaux, elle a voulu savoir si d’autres personnes étaient intéressées par ce concept. Elle s’est vite rendue compte que la réponse était positive.
"J’ai commencé avec une simple publication sur Facebook que j’ai partagée avec mes amis. J’ai dit que j’ouvrais une entreprise, j’ai présenté les prix des livraisons. C’est comme ça que tout a commencé. Ça n’a a été ensuite que du bouche-à-oreille."
Mon but est de pouvoir travailler ensuite qu'avec les petits producteurs
Son groupe Facebook qui porte le nom de sa petite entreprise, "Mon Panier Frais" (en savoir plus) a rassemblé plus de 800 personnes en l’espace de 5 semaines. Où ont lieu ces livraisons ? A Bruxelles et toutes les communes limitrophes de la capitale ainsi qu’à Waterloo, Braine-L'Alleud, Rhode-Saint-Genèse et à La Hulpe.
Pour se fournir, Maria fait appel ou se rend directement chez des petits producteurs ou chez des grossistes (de Bruxelles, Machelen, Soignies…). "Mon but est de pouvoir travailler par la suite directement avec les petits producteurs, mais ça demande beaucoup de travail et de recherche. J’essaie de trouver petit à petit des partenariats pour pouvoir rémunérer de manière équitable les petits producteurs et ne pas passer par x grossistes. Ce serait mon plus grand rêve. Cela voudrait dire aussi que tout ce qui est produit exotique, je ne pourrais plus en vendre. Mais c’est vraiment pour plus tard", annonce-t-elle.
Ses produits sont stockés chez elle, ce qui lui permet de livrer des produits frais. "J’ai un espace de stockage chez moi, qui respecte les règles de l’AFSCA bien évidemment. Les produits sont frais car je vais me faire livrer après que mes clients ont fait leur commande. Par exemple, si vous la passez le mercredi pour être livrer le vendredi, je vais chercher tous les aliments le jeudi. Du coup, quand je vais vous livrer, vous aurez que des produits super frais, car ils datent de la veille. C’est cette fraîcheur qui est mise en avant par mes clients sur les réseaux sociaux. C’est grâce à la qualité des produits que mes clients en parlent autour d’eux."
Des clients qui ont depuis le 5 mai, l’occasion de composer à la carte leur panier sur un nouveau site internet. (tout savoir sur les horaires, les jours, les prix, les produits disponibles)
Maria estime-t-elle bénéficier des effets du confinement ?
"Oui, étant que donné que les gens sont confinés, et ça a été prouvé, ils sont plus sur internet. Mais je crois que ce qui a surtout compté, c’est la qualité des produits. C’est ce qui ressort des commentaires sur Facebook. Tout le monde parle de ça", ajoute-t-elle. "Ma clientèle, ce sont des parents, qui ont des enfants jeunes et avec qui c’est compliqué d’aller au supermarché, surtout à l’heure actuelle. Il y a du personnel soignant qui éprouve des difficultés pour aller s’approvisionner et aller faire leurs courses. Il y a aussi des personnes âgées qui commandent par téléphone. J’adore quand les enfants commandent pour eux et leurs grands-parents. Ce qui est gai, c’est qu’une communauté s’est constituée grâce à Mon Panier Frais. C’est quelque chose de fou. Les clients partagent leurs recettes tous les jours avec une photo de leurs produits."
Malgré le succès grandissant, l’Anderlechtoise préfère ne pas se projeter trop loin. Elle dit vouloir à présent observer les effets… du déconfinement.
"Je ne peux pas encore vivre de cette activité. Il est certain que si je peux en faire une marque, je n’hésiterai pas. Je pense que tout entrepreneur a ce but-là dans la vie. Ce que je me suis dit dès le départ, c’est qu’il est probable qu’après le déconfinement, Mon Panier Frais ne fonctionne plus. Ici, il y a beaucoup de clients qui me demandant si je vais poursuivre mes activités après le déconfinement. Ça prouve que des gens vont rester. Je mets un grand point d’interrogation sur l’avenir car j’attends de voir comment se passera le déconfinement. Pour les clients, c’est un confort de pouvoir se faire livrer des produits frais toutes les semaines. C’est quelque chose de bénéfique. Il est certain que si ça peut prospérer, ça serait fantastique."
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