C’est une situation décrite comme "surréaliste" que plusieurs navetteurs de la SNCB ont vécue ce samedi et ont décidé de nous partager via le bouton orange Alertez-nous.
Ils devaient emprunter 10 avril le train assurant la liaison entre Charleroi-Sud et Erquelinnes à 16h17. Infrabel (le gestionnaire de l’infrastructure du réseau ferroviaire) effectuant des travaux sur les lignes ce week-end-là, des navettes de substitution ont été mises en place, assurées par des cars. Ces dispositions sont courantes en cas de réfection des voies. Sur les 3 premiers mois de l’année 2021, la SNCB a effectué près de 17.000 parcours au travers des bus de substitution, nous informe Vincent Bayer, porte-parole de la SNCB.
"La sous-traitance des navettes de bus de remplacement est la résultante d’une procédure conforme à la loi sur les marchés publics. La SNCB avait publié un appel d’offre en 2019, permettant aux candidats retenus d’accéder à un contrat-cadre courant depuis le 1er janvier 2020, sur une durée de 4 ans. Concrètement, lorsque des travaux sont annoncés et que la SNCB constate qu’il faudra assurer un ou plusieurs parcours en bus de substitution, la compagnie détermine ses besoins (nombre de places, horaires, etc.) et transmet une commande aux entreprises. Elle attribue ensuite le marché à l’entreprise répondant à l’ensemble des critères, et lui fait part de ses instructions quant aux horaires à suivre et aux arrêts à desservir", nous précise le porte-parole de la SNCB.
Ce samedi, l'information a bien été communiquée aux voyageurs.
Et c'est bien un panneau avec ces perturbations ferroviaires qui a amené Alexis, 20 ans, à emprunter le car mis à la disposition de la SNCB sur le coup de 16h.
Embarquement et faux départ
Ce jeune homme de 20 ans voulait se rendre chez sa petite-amie. Il témoigne: "On est donc monté à bord de ce car qui a quitté trop tôt les lieux, à 16h12 au lieu de 16h17, le chauffeur a ensuite reçu un appel téléphonique et a dû rebrousser chemin pour repartir à 16h17 du point de départ. Finalement avec 17 minutes de retard, nous quittons Charleroi-Sud, le car emprunte un sens interdit, emboutit une voiture, demande à un passager de vérifier s’il y a des dégâts sur le véhicule touché, et poursuit son itinéraire… Et je ne sais par quel moyen, se retrouve sur le tracé du Ravel et parcourt 1,5 kilomètre à une roue de tomber dans la Sambre mettant en jeu la vie d’une dizaine de personnes."
"A bord du car se trouvait une jeune fille de 14 ans en pleurs", nous précise Alexis, qui a tenté de la rassurer.
La mère de l’adolescente témoigne également via le bouton orange Alertez-nous.
"Ma fille se sentait en danger"
"Ma fille nous a téléphoné, paniquée car elle sentait sa vie en danger. Si le chauffeur faisait une fausse manipulation de volant, ils se retrouvaient tous dans la Sambre. En panique, elle a demandé au chauffeur pour qu'il la laisse descendre, ce que ce dernier a refusé, leur expliquant qu’ils allaient bientôt arriver à Thuin (à 500 mètres comme il leur a dit…)", raconte la maman ébranlée par cette mésaventure.
Et c’est finalement devant un obstacle de taille que le chauffeur a dû arrêter sa course folle.
Selon les témoins, le car s’est retrouvé coincé à Hourpes au milieu de la campagne, face à un pont qui était trop bas pour que celui-ci puisse poursuivre son chemin.
Les passagers sont alors descendus du bus. L’adolescente a appelé ses parents et Alexis a quitté les lieux à pieds: "On a marché sous la pluie et on a rejoint le village le plus proche à environ 1km à pieds", nous explique le jeune homme. "D’autres passagers nous ont dit qu'ils préféraient rejoindre la ville de Thuin qui était à environ 2 kilomètres", nous raconte-t-il.
Alexis a interpellé la SNCB sur Twitter et a formellement introduit une plainte. Quant à la fille de Céline, elle en a perdu le sommeil la nuit suivante, ayant craint pour sa vie, nous confie sa mère.
Du côté de la SNCB, on reconnait qu'un appel téléphonique a été fait au chauffeur pressé pour qu'il rebrousse chemin: "Nous avons effectivement constaté, lors du départ de Charleroi, que le bus de remplacement était parti avant l’heure. Nos services ont donc contacté le chauffeur pour qu’il revienne à Charleroi-Sud afin de chercher les voyageurs qui étaient arrivés pour l’heure prévue. Le bus a ensuite repris son parcours", détaille le porte-parole Vincent Bayer.
Mea culpa de la SNCB
"Un peu plus tard, un client à bord du bus a fait part de sa mésaventure sur Twitter, et c’est par ce biais que nous en avons été avertis. Nous avons pris contact avec lui pour récolter son témoignage et lui avons présenté toutes nos excuses pour les incidents auxquels les voyageurs de ce bus ont été confrontés", reconnaît la SNCB.
Et de poursuivre: "Nous avons également pris contact avec la Direction de l’entreprise de bus concernée et plusieurs mesures ont été prises. Elles seront accompagnées d’engagements structurels pour que ce type d’incident ne se reproduise plus", promet la SNCB.
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