Des pavés installés pour le piétonnier au niveau de la célèbre place De Brouckère doivent déjà être remplacés... Un Bruxellois accuse la Ville d'avoir choisi des pierres de mauvaise qualité, qui plus est venant de l'étranger alors que des pavés belges sont réputés pour leur solidité. La ville de Bruxelles et le maître d'ouvrage s'expliquent.
"On enlève déjà les pavés irlandais de la place De Brouckère! Pourquoi n'a-t-on pas mis des pavés en porphyre belge, l'une des pierres les plus solides au monde ?", s’interroge Etienne qui a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous. "Je trouve ça sidérant. Ces pavés étaient là depuis quelques mois à peine et on les retire déjà. Cela donne une image négative de la Ville. On se moque du citoyen. J'ai toujours été pour le piétonnier, j'habite depuis 40 ans à Bruxelles, et je suis très déçu par cette gestion."
Voilà cinq ans que la piétonisation du centre de Bruxelles a débuté. Un projet qui se poursuit avec quelques ajustements.
Le piétonnier de Bruxelles a effet déjà souffert ces derniers mois. Des pavés cassés et qui s’affaissent ont inquiété certains riverains et passants. Après une analyse de la situation, la Ville a lancé une nouvelle étape de ce dossier.
Depuis le lundi 25 mai dernier, des travaux de réadaptation de la voirie ont en effet été entamés. Ce chantier, qui devrait durer au total sept semaines, permettra de réparer des dégradations constatées à certains endroits.
La qualité des pavés "pas remise en question"
Pourquoi les pavés sont-ils déjà abîmés ? Leur qualité doit-elle être remise en question ? Le passage de véhicules comme les bus de la STIB peut-il expliquer cette rapide dégradation ?
Wafaa Hammich, la porte-parole de Philippe Close, le bourgmestre de Bruxelles répond que la qualité des pavés, "n’est pas remise en question. C’est plutôt la fondation, qui se trouve en dessous des pavés. Pour l’instant, on ne peut pas encore clarifier qui est responsable. C’est clairement la fondation qui a posé problème. Le bureau d’étude et l’entrepreneur sont en train de s’accorder pour trouver qui est responsable. Dans ce cas de figure, personne ne veut l’être, donc nous n’aurons peut-être pas le fin mot de l’histoire. Ce qui est important pour nous, c’est de les réparer et de pouvoir donner un aménagement de qualité", explique-t-elle. Même son de cloche du côté du maître d'ouvrage Beliris, qui indique qu’il n’y a pas de litige actuellement et que des avis d’experts sont attendus. L’affaire ira jusqu’au bout pour déterminer les responsabilités. "Un problème qui va se résoudre avec un dialogue constructif", nous indique-t-on. "Nous devions déjà remplacer les pavés pour la sécurité des citoyens."
Si la Ville de Bruxelles indique que le passage des bus n’aurait pas abîmé les pavés, une décision importante a été prise. "Ce qui va aider à empêcher les dégradations, c’est que le charroi ne passera plus à ces endroits. Il ne sera plus possible que les pavés soient autant dégradés car il n’y aura plus de passage de véhicules dessus. On a étendu la place pour les piétons, les cyclistes et les terrasses", précise-t-elle. "Il n’y aura donc plus d’endommagements à l’avenir sur le tronçon De Brouckère, devant l’UGC. A ce stade-ci, c’est la seule zone concernée par les pavés abîmés. La fondation a été refaite. Les pavés cassés ont été démontés et ils ont repavé." La zone restera uniquement accessible pour les services de secours.
La qualité des pavés ne poserait donc pas de problème pour les différents acteurs du chantier. Comment ont-ils été choisis ? Pourquoi n'a-t-on pas mis des pavés en porphyre belge, comme le suggère Etienne ?
Marianne Hiernaux, la porte-parole de Beliris, le maître d'ouvrage, indique que le choix de la pierre bleue est "un choix architectural de la Ville de Bruxelles". "Le pavé en porphyre belge n’est-il pas plus résistant que la pierre bleue ? Pas spécialement, c’est une fausse idée. Ce qui va changer la résistance d’un matériau comme celui-là, c’est surtout sa pose et la dimension. Une pose qui offre le plus de résistance, c’est par exemple la pose en étoile comme à la Place Royale. C’est du 8 ou du 12 centimètre d’épaisseur. Au plus petit est le pavé au plus ça aide pour la résistance. Cela dépend aussi de ce qu’on met en-dessous."
Pourquoi de la pierre bleue irlandaise et non de la pierre bleue belge?
"Cela peut s’expliquer assez simplement. Nous sommes soumis en effet, en tant qu’administration publique, à la loi des marchés publics, qui s’intègre dans le marché commun européen. On ne peut dans nos cahiers des charges mettre de prescriptions contraires à la libre concurrence. Dans la mission qu’on demande à un entrepreneur, on ne peut pas dire qu’on veut un matériau qui vienne d’un tel endroit. C’est contraire à la libre concurrence. Ce qu’on peut noter, ce sont les caractéristiques esthétiques, techniques et de résistance", détaille Marianne Hiernaux.
Après cette procédure, le choix s’est porté pour la pierre bleue. "C’est un matériau très résistant, notamment au gel. L’entrepreneur a fait une proposition de pierre bleue irlandaise. Le choix a été économique car cela coûtait un peu moins cher. L’entrepreneur doit évidemment prendre en compte un ensemble de frais et de coûts pour ce chantier."
Concernant la qualité du matériau choisi par l’entrepreneur, Beliris a demandé des tests complémentaires avant la mise en œuvre du chantier actuellement visible au niveau du piétonnier à Bruxelles.
"La pierre bleue irlandaise provient d’une carrière issue de la même couche géologique que la pierre bleue belge (reconnaissable aux petits fossiles de crinoïdes, petits crustacés). Celle-ci a une certification équivalente à la pierre bleue belge, en tenant compte des nouvelles normes européennes", précise Marianne Hiernaux. "Ceci étant, Beliris a voulu aller un peu plus loin en s’assurant que la pierre commandée réponde à nos exigences. Nous avons donc pris le parti, en plus de la certification, de faire des essais complémentaires avec nos contrôleurs de chantier et un expert indépendant, tout au long du projet pour confirmer l’origine et la qualité du matériau commandé."
Le programme des travaux de réaménagement de la place De Brouckère
Les travaux de réadaptation de la voirie (en savoir plus sur les différentes phases) concernaient en premier lieu la voie devant le cinéma UGC. Cette voie ouverte aux voitures nécessite donc diverses réparations au niveau du sol. Sa fermeture à la circulation automobile a été annoncé fin mai, pendant la période du chantier. Une zone de livraison a été prévue pour les commerçants.
À l'occasion de ces travaux, des aménagements vont aussi être réalisées dans l'espace public. Des arbres seront notamment plantés le long de la voie devant l'UGC. Au total, ce seront 19 arbres qui seront plantés en novembre, à savoir 17 multi-troncs (dont trois érables du Japon et cinq Tupelo au feuillage rouge) et deux arbres à hautes tiges (un noisetier de Byzance et un Sophora du Japon).
Ces travaux permettront aussi de corriger les problèmes constatés lors des Plaisirs d'hiver à hauteur du passage des voitures qui traverse le piétonnier en sa largeur, et ce afin que la place De Brouckère soit mieux sécurisée pour le public quand elle sera utilisée pour des événements. Il sera aussi question d'améliorer le cheminement des piétons, cyclistes et autres usagers faibles pour augmenter le sentiment de convivialité.
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