Ce couple retraité de Gilly n'en revient pas. Il veut faire don de plusieurs meubles en parfait état mais le CPAS et les associations qu'il a contactés refusent l'offre. C'est qu'il faut payer un élévateur pour sortir ce mobilier de l'appartement.
Il y a quelques années, Jean et Martine, 60 et 63 ans, tous les deux enseignants, vivaient dans une maison spacieuse bordée d’un grand jardin dans la région de Charleroi. Mais le couple, aujourd'hui pensionné, a dû déménager pour un appartement, plus adapté à leur réalité, notamment celle de Martine affaiblie par la maladie de Parkinson. "Mon épouse est malade et il était impossible pour moi d’entretenir seul notre maison et notre grand jardin", argumente Jean. Lui et sa femme habitent donc désormais au premier étage d’un immeuble situé à Gilly.
"Couper le bas du mobilier pour l’évacuer par l’escalier"
Les meubles de salon qu’ils ont emportés avec eux sont trop grands pour leur nouveau living. Ils en ont donc acheté d'autres, plus en harmonie avec les nouvelles dimensions. Quant à l'ancien salon, ils ont décidé de le donner, d'en faire profiter une personne dans le besoin. Celui qui le récupèrera fera une bonne affaire, assure Jean. Ce salon n'a en effet pas cinq ans. "Un de nos ex-voisins venait d’acheter ces meubles modernes en chêne. Il est décédé peu après et sa fille nous les a revendus", nous explique le prof à la retraite. Mais voilà, après avoir enchaîné les appels à des associations pour démunis puis finalement au CPAS, Jean était enragé. À tel point que, dit-il, il était prêt à "scier le salon en deux". C'est que toutes les associations, "Emmaüs, Terre, je ne me rappelle plus les autres" dit Jean, et le CPAS ont refoulé sa générosité. C'est que les meubles nécessitent un élévateur pour être évacué par la fenêtre. Et la location d'un élévateur coûte de l'argent, 50 euros au minimum, une somme que personne ne veut payer.
"C’est aberrant, je dois payer pour donner", conclut Jean. Mais "payer pour donner" est une option inenvisageable pour lui et son épouse qui préfèrent encore la solution extrême: "Nous n’avons plus qu’une solution: couper le bas du mobilier pour pouvoir l’évacuer par l’escalier", dit le mari.
"Un service de collecte, pas de déménagement"
Contactés par notre rédaction, le CPAS de Charleroi et Emmaüs confirment que l’emploi d’un élévateur sera à la charge de la personne qui souhaite se débarrasser de ses meubles. "Nous sommes un service de collecte, pas de déménagement", nous explique le CPAS.
Malgré tout, de nombreux services sont offerts gratuitement afin de libérer les habitants de leurs anciens meubles encombrants.
La communauté Emmaüs de Marchienne-au-pont précise que dans le cas d’une collecte, "on vient gratuitement avec un camion et nos hommes." La communauté souligne aussi qu’il vaut mieux la contacter avant de réserver un élévateur et de peut-être dépenser de l’argent inutilement. En effet, si vous souhaitez faire appel à Emmaüs pour vous débarrasser d’un meuble, des membres de la communauté passeront d'abord chez vous afin de déterminer si les objets les intéressent. "Si les meubles qui nous intéressent se situent à l’étage, on ne passe pas par l’escalier", précise la communauté.
Faire un don pour une noble cause
Le CPAS de Charleroi propose lui un service de collecte des encombrants à domicile pour les habitants de l’entité. La Ressourcerie du Val de Sambre est un service gratuit au triple objectif: participer au développement durable en accentuant le réemploi et le recyclage, favoriser l’insertion professionnelle de personnes fragilisées sur le marché de l’emploi et développer une activité économique pérenne.
Pour faciliter le travail de leurs équipes, les objets et meubles doivent être rassemblés, disposés dans des caisses et descendus au rez-de-chaussée. "Quand la personne ne peut pas descendre ses meubles, elle a deux alternatives: faire appel à un élévateur ou faire appel au service de descente de meuble, une entité du CPAS de Charleroi." Ce service permettra donc de fournir des hommes afin d'évacuer les meubles à moindre frais. "Le coût du service est évalué en fonction du revenu de la personne. Il varie de 8 à 12 euros par heure et par ouvrier présent."
60 euros pour dix minutes de service
Pour les services d’un élévateur pendant une heure, les prix tournent autour de 50 euros. "Ca nous a coûté 60 euros pour faire rentrer les meubles du salon lors de notre emménagement", se souvient Jean. "Il n’y avait rien d'autre à faire passer par là, cela a pris 10 minutes !"
Malheureusement pour lui, Jean ne pourra sans doute pas conjuguer "bonne action" et "évacuation des meubles" comme il le souhaitait, sans mettre la main au portefeuille. Pour des raisons financières et logistiques, les associations sans but lucratif n’accepteront pas d’organiser la venue d’un élévateur à son domicile pour récupérer son salon, même si celui-ci est en très bon état.
Il devra donc choisir: payer pour faire un don à une association, découper son mobilier et le mettre au parc à containeurs, ou enfin opter pour une alternative plus rentable mais moins noble qui est celle vendre ses meubles via un site de seconde main. Car pour une cinquantaine d’euros, les potentiels acheteurs vont probablement se bousculer au portillon pour acquérir les meubles de Jean.
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