Cette mère de famille en région liégeoise vit dans l'inquiétude. La possibilité de reporter momentanément le remboursement du crédit hypothécaire lui avait permis de tenir le coup financièrement lors du premier confinement, mais cette mesure n'a pas été reconduite à ce jour par les autorités. Des discussions sont actuellement en cours.
"J'ai peur de perdre ma maison." C'est avec "le plus grand désarroi" que Sabine, une habitante de la région liégeoise nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Cette mère de famille de 41 ans ne comprend pas que les autorités du pays n'aient pas (encore) décider de remettre en place l'une des mesures phares du premier confinement: le report du remboursement du crédit hypothécaire.
Souvenez-vous, au tout début de la crise, un accord avait été conclu entre le secteur financier et le gouvernement fédéral pour aider certains ménages à faire face à cette crise. Le système prévoyait un report de 6 mois maximum, sans frais administratifs ou de dossier, du remboursement des crédits hypothécaires.
Moins de 200 euros pour vivre
Ces dernières semaines, le gouvernement a été forcé de fermer de nombreux secteurs d'activités au vu de la hausse des contaminations au coronavirus dans notre pays. Employée d'un établissement "casino-salle de jeu automatique", Sabine en fais les frais. Jugé secteur "non-essentiel", l'établissement qui l'emploie a fermé ses portes comme tous les autres casinos du pays. Ce qui inquiète la mère de deux enfants aujourd'hui, c'est son crédit hypothécaire. Elle ignore comment l'honorer dans les conditions actuelles. Désormais au chômage, ses indemnités devraient s'élever à 650 euros. Mais à lui seul, son crédit hypothécaire est de 461,48 euros.
J'ai des factures qui sont monstrueuses: internet, gaz, électricité, abonnement GSM pour me ados, etc.
Triste compte à rebours
Lors du premier confinement, Sabine remplissait toutes les conditions pour bénéficier du report du crédit. Une aide qui s'était avérée salutaire pour elle: "Ça m'avait permis de compenser ma perte en termes de salaire. J'ai pu vivre normalement", se souvient-elle. Mais aujourd'hui sans cette aide, c'est mission impossible: "J'en ai pleuré toute la journée. J'ai des factures qui sont monstrueuses. Internet, gaz, électricité, abonnement GSM pour me ados, etc. Je me suis donnée à fond pour avoir tout ce que j'ai. Je ne vis pas comme une reine mais je ne vis pas non plus dans la précarité totale. Ma situation-là fait que je vais tomber dans la précarité. Si ça continue plus de deux mois, c'est sûr je ne sais plus rien payer."
Deux confinements, deux situations
Nous vous en parlions cette semaine, des discussions sont en cours entre le Fédéral et le secteur bancaire. Des discussions qui portent sur l'éventualité de remettre en place un nouveau mécanisme de report de crédit. (Lire l'article)
Mais pour l'instant rien n'a été décidé. Sabine s'interroge: "Nous n'avons pas demandé d'être à l'arrêt. Je ne comprends pas comment la Région wallonne n'octroie pas elle le gel des prêts hypothécaires."
De son côté, la Région wallonne explique que pour le moment le dossier n'est pas sur la table des discussions. Elle justifie: "A ce stade, il n'est pas question de reporter certains crédits comme il avait été question lors du premier confinement parce que l'activité économique n'est pas autant à l'arrêt", explique-t-on du coté du cabinet du ministre en charge des pouvoirs locaux et du Logement, Christophe Collignon: "Mais rien ne dit 'que' (sic). Avec la situation sanitaire, tout peut basculer", laissant la porte ouverte à de futures discussions au niveau régional si la situation l'obligeait.
J'espère vraiment de tout cœur que les choses vont bouger
En attendant, Sabine a contacté l'organsine auprès duquel elle a contracté son crédit, TCL. ("Travailleur Chez Lui", un guichet social liée à la Société Wallonne du crédit social). Un arrangement a été trouvé pour le mois à venir en payant une indemnité de crédit de 180 euros au lieu des 461,48 euros. Mais pour les mois à venir, rien n'est assuré et Sabine craint de tout perdre. "J'espère vraiment de tout cœur que les choses vont bouger au niveau gouvernemental et qu'ils accepteront de geler les prêts."
Il est toujours possible de demander des aménagements qui ne doivent pas nécessairement être un report
D'autres alternatives
Rodolphe de Pierpont est le porte-parole de Febelfin (fédération des banques). Il recommandait cette semaine aux personnes qui rencontrent des difficultés de contacter leurs banques: "Il est toujours possible de demander des aménagements qui ne doivent pas nécessairement être un report. Ça peut être une diminution de mensualités par exemple". Ce que nous a confirmé la directrice de TCL où Sabine a contracté son crédit: " En dehors des reports de paiements, il existe d'autres arrangements. On ne laisse pas les gens dans l'embarras. On peut accorder des plans d'apurement et sans frais", explique TCL qui doit remplir une mission sociale à l'inverse des banques.
Si Sabine nous a contactés, c'est parce qu'elle est sure de ne pas être un cas isolé. "Aidez-nous s'il vous plaît, je ne suis pas la seule dans ce cas."
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