A Basècles dans le Hainaut, Sébastien vit un cauchemar. Un chantier d'Infrabel perturbe ses nuits et celles de sa famille. Camions de chantiers et ouvriers se déploient devant chez lui et entament des travaux bruyants toutes les nuits. Infrabel dit travailler de nuit pour éviter de perturber le trafic ferroviaire de jour mais aussi pour la sécurité de ses ouvriers.
"Infrabel travaille toutes les nuits depuis 2 semaines sur les rails du train qui se situent à 20 mètres de mon habitation", explique, dépité, Sébastien. Cet habitant de Basècles dans la province du Hainaut nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous car il dit vivre un cauchemar… un cauchemar éveillé. Depuis plusieurs semaines, un manège nocturne se déploie toutes les nuits devant chez lui. Un manège qui prend le visage d'un chantier d'envergure d'Infrabel, gestionnaire du réseau ferroviaire. Problème, Sébastien, sa compagne et leur fils habitent à quelques mètres de la voie ferrée.
Images du chantier de jour © Alertez-Nous
Le riverain dénonce un véritable vacarme. "J’aimerai savoir s'ils ont tous les droits ? Cela empêche toute ma famille de dormir la nuit, ils travaillent de 23h30 à 5h30. Je travaille la journée, la nuit j'ai envie de dormir. Mon gamin va à l'école, c'est un peu compliqué", raconte-t-il, vidéos à l'appui. Déploiement de camions de chantier, bruits de moteur ou de disqueuse, gyrophares allumés, spots aux lumières vives… un ballet dont se passerait volontiers Sébastien (voir en haut de l'article).
Limiter l’impact sur le trafic ferroviaire
La maison de notre alerteur se situe le long de la ligne de train '78' entre Saint-Ghislain et Maubray. La ligne subit en ce moment un vaste chantier de modernisation qui a débuté le 16 août 2021 et devrait se terminer le 31 mars 2023 (en savoir plus). Infrabel fait savoir: "Nous posons des caniveaux, des éléments de voie (balises...), de nouveaux signaux, des armoires techniques. Ces travaux sont nécessaires pour garantir la sécurité du trafic ferroviaire. Notre chantier se déplace au fur et à mesure de l'avancée des travaux sur la ligne." Et à en croire le témoignage de Sébastien - confirmé par le gestionnaire du réseau - les travaux ont posé leurs valises à Basècles.
Pour ce qui est du travail nocturne, Jessica Nibelle, porte-parole d'Infrabel détaille: "La plupart du temps nous travaillons de nuit. Notre objectif n'est pas de déranger, mais nous devons éviter de perturber le trafic ferroviaire pendant la journée. C'est aussi une sécurité pour les ouvriers. Ils ne risquent pas de se faire percuter par un train en service. (...) On fait le plus rapidement possible. Il y a forcément des gens incommodés et on en est les premiers désolés."
Infrabel reconnait par ailleurs que les travaux sur le chantier ont été particulièrement intenses il y a quelques jours, fin janvier. "En effet, nos sous-traitants ont travaillé durant 50h car ils ont dû décaisser un talus dans la roche. Ils ont dû employer des marteaux piqueurs pour travailler."
Une question de rendement
Si notre alerteur ne remet en cause ni la nécessité ni l'utilité de travaux sur le rail belge, il émet en revanche de sérieux doutes sur le déroulement de ceux-ci. "Les ouvriers disquent pendant la nuit, travaillent avec des grues, etc. Certains travaux pourraient se faire en journée vu qu’ils sont hors voie", observe-t-il. Impossible selon le gestionnaire du réseau. "Quand ça se fait en dehors des voies, c'est qu'il y a souvent des bases de chantier et des travaux préparatoires qui doivent être effectués. Ils sont inhérents aux travaux", précise la porte-parole qui ajoute : "On doit concentrer les chantiers pour faire un maximum de choses dans un minimum de temps et avoir le moins d'impact possible. On essaie d'agir en bon père de famille (…) On ne va pas payer des prestataires pour qu'ils travaillent des heures en journée pour effectuer certains travaux et ensuite des heures la nuit. Ça doit être concentré un maximum. Pour que ce soit le moins cher possible et le plus efficace possible", explique-t-elle.
Soyons honnêtes, dans certains cas, c'est difficile
Sébastien regrette autre chose: l'absence totale de communication sur la tenue et l'avancée de travaux. A aucun moment, selon lui, on l'a informé que des chantiers de cette ampleur allaient se tenir au pas de sa porte. "Si au moins j'avais été prévenu…", souffle-t-il.
"On communique toujours en amont les travaux qui sont prévus à travers des 'toutes-boîtes' ou des séances d'informations à la maison communale. Il y a vraiment un travail de communication et de transparence qui se fait. Des efforts vont être faits d'ici la fin du chantier pour communiquer le plus en amont possible sur la nature des travaux", informe Infrabel qui ajoute dans une vidéo sur son site: "Soyons honnêtes, dans certains cas, c'est difficile. Par exemple pour les chantiers mobiles. Leur évolution dépend de l'état d'avancement des travaux. Difficile dans ce cas de prévoir qui subira les nuisances et quand."
Renseignement pris, des travaux sont encore prévus dans la zone où habitent Sébastien et sa famille durant les trois prochaines semaines, "mais ils seront davantage concentrés en direction de Blaton où se trouvent moins d’habitations", conclut Infrabel.
Le gestionnaire du réseau a mis à disposition des riverains importunés par leurs travaux ou qui souhaitent introduire une plainte un formulaire à compléter en ligne, un numéro de téléphone (02/525.22.11) mais aussi une adresse mail: contact@infrabel.be.
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