Un certificat d'une semaine tous les lundi après avoir donné un seul cours, voilà qui court-circuite la procédure de remplacement prévue en Communauté française. L'école a bien une solution: faire intervenir la médecine du travail, au risque de voir l'enseignant y perdre une partie de son salaire. En attendant, un papa en colère nous a confié ses craintes et celles des autres parents des élèves concernés: "Nos enfants ont accumulé un retard important, il faut trouver une solution".
"RENTRÉE RATÉE", c'est l'appellation, volontairement excessive dans sa formulation, que RTL info a décidé d'attribuer à ces élèves dont les deux premiers mois de l'année scolaire ont été caractérisés par de nombreuses heures de cours annulées faute d'enseignant. Ce sont leurs parents qui nous ont signalé cette anormalité via le bouton orange Alertez-nous. Nous n'avions pas reçu ce genre de témoignages au cours des rentrées précédentes. Même si la fameuse réforme des titres et fonctions ne peut expliquer tous les cas que nous vous relayons ce mardi (notamment celui de Tubize), elle n'a certes pas aidé les directions d'école à trouver rapidement des personnes pour les postes vacants. Sollicitée par notre rédaction, la ministre nous a détaillé plusieurs mesures d'assouplissement de la réforme par la voix de son porte-parole.
Notre série RENTRÉE RATÉE
1. Florine, 2e secondaire à Chapelle-lez-Herlaimont (Hainaut): pas de prof de néerlandais, 6h à l'étude par semaine
2. Cet article - Un garçon anonyme, 1e secondaire à Tubize: 5h de math en 6 semaines
3. Le fils de Marie-France, 3e secondaire à Schaerbeek: plusieurs profs manquants, 65 heures d'étude
4. Sophie, 35 ans, prof de religion et de puériculture: diplôme insuffisant selon la Réforme, ne peut plus enseigner
2. RENTRÉE RATÉE à Tubize: son fils a eu 5 heures de math en... 6 semaines
"Mon fils est en 1ère année à l’IPES (Institut Provincial d'Enseignement Secondaire) de Tubize. Il est censé avoir 5 heures de mathématiques par semaine, mais il n’a eu jusqu’à présent que 5 heures depuis... le début de l’année", nous a dénoncé un père inquiet pour la scolarité de son enfant, le 12 octobre dernier.
"Nous sommes plusieurs parents à avoir contacté la direction de l’école pour qu’une solution soit trouvée, mais apparemment, ils ne peuvent pas trouver de remplaçant car le professeur de mathématique remet un nouveau certificat médical d’une semaine tous les lundis", nous a-t-il expliqué via notre bouton orange Alertez-nous.
"Nos enfants ont accumulé un retard important depuis plus d’un mois et demi. Il faut trouver une solution", déplore-t-il.
Contactée, la direction de l’IPES de Tubize ne pouvait pas rentrer dans les détails, mais a confirmé le problème. La raison? "Il y a des règles pour le remplacement de professeurs absents", explique la directrice de l’établissement. Il s’agit d’une règle stipulant qu’ils ne peuvent rechercher un remplaçant qu’à partir d’une absence de 10 jours consécutifs. L’école est donc pieds et poings liés dans ce dossier.
L'école doit faire appel à la médecine du travail qui tranchera
Une autre solution que le remplacement du professeur malade est-elle envisageable ?
C’est la question que nous avons posée au cabinet de la ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns. Pour le porte-parole de la ministre Eric Etienne, il y a deux cas de figure possibles.
Premièrement, si le professeur en maladie remet plusieurs certificats de moins de 10 jours, mais ne revient pas travailler entre. "On ne remet pas le compteur à zéro à chaque certificat. C’est cumulatif. Donc dès que les 10 jours d’absence consécutifs étaient actés, peu importe les certificats, l’école pouvait lancer la procédure pour trouver un remplaçant", explique-t-il.
Le deuxième cas de figure, qui semble être celui de l’école de Tubize, c’est si le professeur absent est venu de temps à autre prester une heure de cours puis est retombé en maladie, sans jamais atteindre les 10 jours d’absence consécutifs. "Dans ce cas-là, l’école doit faire appel à la médecine du travail qui va vérifier si la personne est bien malade et évaluer son indisponibilité. Ça peut aller jusqu’à la mise en disponibilité d’office (quand tous les jours de maladie sont épuisés, l'enseignant a alors droit à un traitement d’attente mensuel égal à 60% de son dernier salaire, ndlr) ou, dans des cas extrêmes, la mise à la pension d’office."
Trouver un professeur remplaçant s'annonce compliqué
La prolongation du certificat médical au-delà des 2 semaines d'absence était la solution envisagée par les parents des élèves concernés: "Que l’école demande au professeur de voir avec son médecin s’il n’y a pas lieu de rendre un certificat plus long, le temps de se remettre totalement sur pied, ce qui permettrait de lancer la procédure de remplacement", s’impatiente le papa. Mais même si cette solution à l'amiable devait être trouvée, rien ne dit que l’école dénicherait un remplaçant rapidement. En effet, "les mathématiques sont un des secteurs en pénurie", explique la directrice.
Cela fait en effet plusieurs dizaines d'années que la Communauté française connait une pénurie de professeurs d’enseignement secondaire inférieur, particulièrement pour les mathématiques, les sciences, le français et les langues germaniques comme le néerlandais. A cette pénurie structurelle vient s’ajouter cette année la fameuse réforme des titres et fonctions, qui retarde le recours à des professeurs n’ayant pas les diplômes requis.
C’est par exemple le cas à l’Athénée provincial Warocqué de Morlanwelz, où ce sont les professeurs de néerlandais qui font défaut. Il aura fallu un mois et demi à son implantation de Chapelle-lez-Herlaimont pour trouver un professeur, tandis que celle de Morlanwelz ne parvient pas à trouver de remplaçant pour un professeur de néerlandais malade pendant 3 semaines.
Qu’envisage la ministre de l’Enseignement Marie-Martine Schyns pour résoudre ces problèmes? Réponse dans cet article.
Vos commentaires