Le porte-à-porte est toujours utilisé par des entreprises de marketing ayant comme client des fournisseurs (énergie, télécoms) à la recherche d'abonnés. Une méthode qui a pour défaut principal un paiement à la commission des vendeurs, qui pousse certains d'entre eux à user d'arguments ridicules pour convaincre des clients potentiels.
On le sait: certains vendeurs sont prêts à tout pour vous faire signer un contrat. Certains sont très forts et avec de bons arguments, parviennent à vous convaincre.
Mais le métier n'est pas toujours très valorisé, ni valorisant. Un tas de profils différents (souvent des jeunes) défilent dans ce domaine d'activité, et souvent pour quelques semaines/mois seulement: les offres d'emploi ne manquent donc jamais.
Essentiellement payés à la commission pour s'assurer de leur implication, certains 'commerciaux' trop pressés par l'appât du gain oublient parfois les règles éthiques élémentaires.
C'est sans doute ce genre de vendeur qui a rendu visite à Annie au début du mois de février. "Le quatrième délégué Lampiris m'a inventé une histoire pour que je signe", nous a-t-elle expliqué via le bouton orange Alertez-nous.
"Si je suis contente de ma coiffeuse, je ne vais pas changer"
C'est au début du mois de février qu'Annie, habitante d'un logement social à Marcinelle, a reçu la visite des premiers vendeurs Lampiris. "Trois personnes se sont présentées la même semaine. Ils sonnent à la porte, ils me demandent à qui je paie mon électricité, et si je voulais aller chez Lampiris. Ils m'ont dit que j'allais recevoir un chèque de 150 euros".
Ces trois personnes "ont été correctes: elles sont reparties", dès qu'Annie leur a signalé leur refus. "Je ne voulais pas changer de fournisseur d'électricité. Je suis très bien chez Eneco. Si vous êtes contente de votre coiffeuse, vous n'allez pas changer", argumente-t-elle.
Il m'explique qu'Electrabel, Eneco, Luminus ont tous été rachetés par Lampiris
Le 4e vendeur lui raconte une drôle d'histoire
La semaine suivante, une 4e personne se présente, toujours en tant que vendeur Lampiris. Avait-il reçu des consignes des trois précédents collègues pour tenter une approche différente avec Annie ? Peut-être.
"Il me parle d'abord du chèque de 150€, auquel tout le monde aurait droit. Tous les clients! Il m'explique qu'Electrabel, Eneco, Luminus, Ores (qui est pourtant gestionnaire de réseau et non fournisseur d'électricité, ndlr) ont tous été rachetés par Lampiris. Qu'il y a eu une fusion et que c'est maintenant une grande entreprise qui s'appelle Lampiris avec un nom collé, mais j'ai oublié lequel", poursuit Annie. Et à ce titre, "tout le monde pourrait recevoir un chèque de 150 euros, il suffit de signer".
Notre témoin, dans un premier temps, croit à cette drôle d'histoire. "J'ai entré mon nom sur une tablette, et j'ai signé. Il n'était rien indiqué, il y avait juste un grand rectangle blanc sur la tablette".
Le soir même, son franc tombe et elle change d'avis
Assez rapidement, "le soir-même" en réalité, Annie se met à réfléchir. "Je me suis dit qu'il y avait quelque chose de pas normal. Comment vont-ils me verser les 150€, je n'ai même pas donné mon numéro de compte ? Ils n'ont que mon adresse et mon nom…"
Elle décide alors de contacter Eneco, son fournisseur d'électricité depuis des années, dès le lendemain matin. "Ils m'ont dit qu'effectivement, j'étais partie".
Ni une, ni deux, Annie appelle alors la société Lampiris. "J'ai été délégué commercial, je sais que j'ai un droit de rétractation. J'ai téléphoné à Lampiris, et ils ont annulé directement mon contrat, et je suis finalement restée chez Eneco. Mais combien de personnes le feront ?"
Il y a parfois des dérapages (...) c'est le risque du modèle
Lampiris: "On suit tout ça de très près"
Comme de nombreuses sociétés commerciales et concurrentielles fonctionnant sur base d'abonnement (télécoms, énergie, etc), Lampiris sous-traite une partie de son activité de prospection de nouveaux clients à des sociétés tierces.
Des petites entreprises qui, on l'imagine, recrutent sans cesse de nouveaux profils, des jeunes, pour faire un métier parfois ingrat: du bon vieux porte-à-porte.
Mais Lampiris "suit de très près" les entreprises "qui démarchent pour nous", avec "un cahier des charges très pointu" par rapport "à l'honnêteté et l'éthique" des vendeurs.
Olivier Lechien, responsable de la communication de Lampiris, reconnait cependant qu'il y a "parfois des dérapages" et que "c'est le risque du modèle", à savoir des vendeurs payés essentiellement à la commission suite à la signature d'un contrat.
Lampiris tient à l'œil "tous les signalements" et ouvre "un dossier, une enquête" quand un abus est rapporté. "Il y a des sanctions, qui peuvent aller jusqu'à la demande de mise à pied d'un vendeur auprès de notre partenaire".
L'entreprise rappelle également que "tous les nouveaux clients démarchés sont appelés avant l'activation du contrat, pour vérifier que tout est bien clair… il y a toujours un contact".
Annie, rappelons-le, avait annulé elle-même son changement de fournisseur.
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