Brune, blonde, rousse, à 15 ans, quelle adolescente n’a jamais rêvé de se teindre les cheveux? Malheureusement, le résultat est souvent moins spectaculaire que celui proposé et vendu avec la coloration, que ce soit chez le coiffeur ou en grande surface. Et pour les moins chanceuses, ce relooking capillaire peut se transformer en véritable désastre. Comme pour Alicia (faux prénom afin de préserver l'anonymat).
Alicia (prénom d'emprunt afin de préserver l'anonymat) a 15 ans, elle vient de la région de Charleroi et comme beaucoup de jeunes filles de son âge, elle se colore les cheveux. "C’est par période et souvent en noir", nous explique Claudine, sa grand-mère. Fin novembre dernier, Alicia, achète donc une coloration en grande surface. La pose, le rinçage, tout se déroule normalement mais le lendemain, c’est la panique. L’adolescente se réveille le visage boursouflé, elle est irritée, a des démangeaisons et la situation empire d’heure en heure. "Son visage était de plus en plus déformé. Elle était gonflée, on ne voyait presque plus ses yeux, ce n’était pas beau à voir", poursuit Claudine.
Paniquée, Alicia s’empresse de se rendre aux urgences de l’hôpital André Vésale, à Montigny-le-Tilleul. "Elle est restée hospitalisée durant 4 jours. Les médecins lui ont diagnostiqué une allergie à l’un des composants de la coloration et les infirmières n’avaient jamais vu ça! Alicia a été traumatisée, elle ne voulait plus se montrer, pleurait,... C’est un crime de laisser ce genre de produit en vente libre", s’énerve Claudine, qui nous a contacté via notre bouton orange Alertez-nous pour mettre en garde un maximum de monde.
De nombreux cas épouvantables
Nous nous sommes tournés vers Dominique Tennstedt, dermatologue aux cliniques universitaires Saint-Luc, à Bruxelles, et cette histoire ne l'a pas surpris. "Ce type d’allergie est très courant mais l’intensité de la réaction est différente d’une personne à l’autre. Il n’est pas rare qu’à Saint-Luc, on soit amené à hospitaliser des personnes totalement défigurée", nous explique-t-il.
Au Royaume-Uni, suite à de nombreuses hospitalisations et au décès d'une jeune Écossaise, ce genre d'allergie a fait coulé beaucoup d'encre.
Le produit responsable est, dans la majorité des cas, la "PPD" (paraphénylènediamine), aussi appelée "diamino azobenzene". C’est un colorant noir courant, présent dans presque toutes les teintures et dans les tatouages au henné. C’est cette molécule qui rend le tatouage bien noir.
Personne n’est à l’abri d’une réaction
En fait, à chaque contact avec la PPD, votre corps devient de plus en plus sensible et au fur et à mesure, vous supportez moins la molécule… Jusqu’au point de non-retour, la réaction allergique.
D’une personne à l’autre, ça peut prendre du temps et les plus chanceuses ne réagiront jamais. "L’allergie, c’est comme en amour. Vous pouvez très bien devenir allergique à votre partenaire, commencer à ne plus le supporter, après 1 semaine, 1 an, 10 ans, ou jamais. La différence entre la PPD et l’amour, c’est qu’avec la PPD, c’est irréversible. Une fois que vous avez développé une réaction allergique, vous en développerez lors de chaque contact", explique le docteur Tennstedt.
"Et ça peut être très grave, certaines réactions sont épouvantables, des gonflements, suintements, … On est insortable, un vrai Elephant Man! Et dans le pire des cas, vous pouvez même faire un choc anaphylactique et mourir", poursuit-il.
La PPD toujours en vente libre
Plusieurs initiatives et campagnes ont vu le jour pour interdire les tatouages au henné ou la PPD dans les colorations. Mais il n’existe encore aucun substitut et comme dans beaucoup de domaine, le commerce et l’argent l’emportent sur la santé.
Quelques conseils
Si vous avez fait la moindre réaction à un tatouage au henné, avant de faire une coloration, faites une touche d’essai. Étalez quelques gouttes du produit sur votre peau, derrière votre oreille. Laissez poser 24h et vérifiez ensuite si vous n’avez pas développé d’eczéma ou autre réaction autour. C’est la meilleure des préventions, si ce n’est celle de ne pas se teindre les cheveux. Aujourd’hui Alicia est guérie mais la PPD, c’est fini pour elle. A bon entendeur.
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