Le principal centre scientifique de la justice à Bruxelles a été volontairement incendié dans la nuit de dimanche à lundi par des inconnus qui auraient pu essayer de "faire disparaître" des preuves, ont annoncé les autorités judiciaires.
L'incendie n'a pas fait de blessés, mais a provoqué des dégâts importants, a précisé le parquet. "L'hypothèse d'un acte terroriste n'est pas confirmée", a-t-il ajouté, sans exclure totalement cette piste.
Situé dans le nord de la ville, l'Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC), visé par l'incendie, est une institution scientifique qui réalise des expertises judiciaires, notamment l'identification et l'analyse des traces de suspects.
"Il va de soi que plusieurs individus auraient intérêt à faire disparaître des éléments à charge de leurs dossiers judiciaires", a souligné une porte-parole du parquet.
"Cet endroit n'a donc pas été choisi au hasard", a-t-elle remarqué lors d'une conférence de presse. "Il s'agit d'un auxiliaire privilégié de la justice, qui dispose d'informations sensibles en lien avec plusieurs enquêtes en cours et dossiers judiciaires."
Cinq suspects, qui avaient été interpellés "dans les environs immédiats" de l'INCC, "juste après les faits", ont été remis en liberté après avoir été entendus, a annoncé dans l'après-midi le parquet de la capitale belge.
"A ce stade, il n'a été procédé à aucune inculpation", ont expliqué les services du procureur de Bruxelles, se refusant à se prononcer sur "la cause du sinistre".
Survenu en pleine nuit dans un bâtiment inoccupé, l'incendie n'a pas fait de blessés, mais a engendré des dégâts importants.
Il s'est déclaré vers 02H00 du matin et a provoqué "des explosions", ont raconté plusieurs témoins. "L'origine de celles-ci n'a pas encore pu être déterminée", note le parquet, qui a ouvert une enquête pour "incendie volontaire et dégradations par explosion".
- Explosion "fort violente" -
"Les dégâts sont importants", a confirmé à l'AFP le porte-parole des pompiers, Pierre Meys, qui évoque une explosion "fort violente". "Des fenêtres du labo ont été éjectées à plusieurs dizaines de mètres", a-t-il dit.
Une trentaine de pompiers ont été mobilisés vers 3H00 du matin pour maîtriser les flammes, a-t-il ajouté.
L'explosion "a fait trembler la maison", a témoigné auprès de l'AFP une jeune femme, qui n'a pas voulu donner son nom. "On a pensé à plusieurs choses parce qu'on est dans une zone industrielle."
Selon le parquet, "plusieurs auteurs (de l'incendie) ont forcé l'entrée du terrain de l'INCC au moyen de leur véhicule" et ont atteint "l'aile abritant les laboratoires".
"Seules les clôtures ont été forcées", précise-t-il, infirmant l'hypothèse d'une voiture-bélier évoquée par la presse belge.
Un juge d'instruction et des experts se sont rendus sur les lieux à la mi-journée.
L'institut national de criminalistique et de criminologie n'était pas surveillé par un garde de nuit ou par un concierge et n'était pas non plus gardé par la police ou l'armée, a souligné le directeur général de l'institution, Jan De Kinder, cité par l'agence de presse Belga. Selon lui, le bâtiment est cependant équipé de caméras de surveillance.
La Belgique est en état d'alerte depuis qu'elle a été la cible d'attentats sanglants le 22 mars à l'aéroport international de Bruxelles et dans la station de métro Maelbeek, qui ont fait 32 morts.
Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué ces attentats, ainsi qu'une attaque à la machette, le 6 août, contre deux policières.
Chaque alerte ou menace dans ce pays est prise très au sérieux par les autorités, qui ont procédé à de nombreuses arrestations ces derniers mois.
En août, deux avions assurant des liaisons internationales ont atterri à l'aéroport de Bruxelles après avoir fait l'objet d'alertes à la bombe.
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