Dans sa chronique Bel RTL Eco de ce vendredi, Bruno Wattenbergh a abordé la question des "groupements d'employeurs". Un système peu utilisé en Belgique alors qu'il pourrait créer de l'emploi.
Un avant-projet est passé au gouvernement fédéral pour faciliter le développement des groupements d’employeurs. Il s'agit d'un mécanisme légal créé en 2000 et qui permet à plusieurs entreprises, le plus souvent des PME, de se partager les services d’un ou plusieurs travailleurs. Ceux-ci étant employés par le groupement d’employeurs.
Un exemple: imaginez plusieurs entreprises du secteur alimentaire, les unes travaillent dans la viande et ont une croissance de leurs ventes l’été à cause des nombreux barbecues, les autres travaillent dans le chocolat, les pralines par exemple, et ont des pics de vente l’hiver. Ils peuvent créer un groupement d’employeurs et se partager les ouvriers.
Qui gagne quoi dans ce mécanisme de partage de travailleurs?
A priori les deux parties. Les entreprises qui ont formé le groupement vont d’abord pouvoir mutualiser les coûts du ou des travailleurs concernés ; ensuite, elles vont pouvoir proposer à leurs meilleurs travailleurs des activités pour toute l’année, elles vont pouvoir investir davantage dans la formation de ces travailleurs. Quant à ces derniers, ils ont un seul contrat, et pas une succession de contrats d’intérims. Bref, c’est théoriquement un jeu à somme positive. Et en tous cas un bel exemple de "flexi-sécurité" chère au monde politique actuel.
Pourquoi un bénéfice "théorique"?
Si on parle de bénéfice "théorique", c'est parce qu’en pratique, cela ne marche pas. Ou très peu. Il n’y aurait dans notre pays que neuf groupements d’employeurs contre plus de 5.000 en France par exemple, ce qui représente chez nos voisins français 40.000 emplois. Les modifications légales en 2010 et 2014 n’y ont pas changé grand-chose.
Pourquoi cela ne fonctionne pas chez nous?
Parce que nous sommes les champions de la schizophrénie et du compromis. On veut bien de l’innovation, même sociale, mais on la cadenasse, on l’a restreint, on l’a rend difficile d’accès, de peur que cela marche trop bien et bouscule les subtils équilibres sociaux. Le système a ainsi été qualifié par nos confrères de l’Echo de "repoussant de lourdeur".
Cela va changer bientôt?
Oui, Willy Borsus le ministre fédéral des PME (MR) a bataillé avec le ministre de l’emploi Kris Peeters (CD&V) pour simplifier le système. Pas radicalement, nous sommes en Belgique, mais en tous cas pour lui donner des chances d’enfin se développer et sortir ses effets. En gros, le mécanisme est étendu à toutes les catégories de travailleurs, il permet dans certaines conditions le temps partiel, il autorise les contrats à durée déterminée, etc. Avec un double objectif : aider les PME à se développer et créer de l’emploi de qualité.
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